Petits jeux amoureux [Pv Jared Diskant]

La nuit est douce en ce milieu de printemps. Les chaleurs estivales arrivent bien tôt pour une fois, et l’air n’est rafraichi que par une petite brise odorante bien sympathique et qui soulage. Je resserre les pans de ma veste sur ma poitrine, tout en me frayant un chemin à travers la foule dense des lieux. Soirée de charité au Jardin Botanique, dans le Bronx. Ici doit se trouver des nantis et moins nantis, le tout étant de passer au milieu des plantes une soirée agréable et de dépenser pour je ne sais plus quelle œuvre de bienfaisance. Si j’aime m’amuser, ce n’est pas ici que je serais spontanément venue pour le faire, entre nous. Néanmoins, j’ai en quelque sorte un rendez-vous « romantique » et je ne compte pas le manquer, il serait trop déçu le pauvre… Aussi, sachant qu’il viendrait et jugeant que ma présence était nécessaire, je me suis débrouillée tant bien que mal pour avoir une invitation… Ou plutôt j’ai très vite su à qui demander et comment faire pour l’obtenir, ce n’est pas vraiment comme si on pouvait me refuser quelque chose non plus. La foule est dense et je peine à trouver celui que je cherche avec tant de passion… histoire de par ma présence faire échouer ses plans de cette nuit. Je continue ma progression sans trop de mal, les gens s’écartant facilement quand je m’approche, mon don aidant à détendre l’atmosphère rapidement, et les frôlements me permettent d’imposer une serviabilité et politesse immense à ces hommes et femmes habitués à ne pas bouger et à tout avoir sans rien faire. Cela doit être étrange de remarquer qu’ils deviennent très sociables et non hautain en ce moment.

Je tangue un peu sur mes talons aiguilles et avec ma jupe trop serrée. Je reconnais que je n’ai pas la tenue adéquate pour aller taquiner et taper sur les nerfs de Shadow en ce soir. Mais je ne pouvais décemment pas venir habillée comme habituellement quand je ne suis plus que Serenity d’un jeans et d’un top sous une veste en jeans. Il me fallait la tenue qui s’accordait à merveilles avec mon rang de petite fille riche et journaliste à la page. Aussi, ai-je tapé dans le classique des galas : robe en soie noire, moulante avec un décolleté mis en valeur par un joli pendentif en or, cadeau de mes parents pour mes 15 ans, et jupe courte. J’ai ajouté à cela une paire de chaussure ouverte à talons aiguilles me rehaussant de quelques centimètres seulement, et j’ai savamment attaché mes cheveux en chignon ordonné. J’ai pour l’occasion bien sur mis des boucles d’oreilles et maquillé légèrement mes lèvres et yeux. J’affiche mon sourire le plus commerciale et séducteur possible. Puisque mon don n’a aucun effet sur lui et va disparaitre une fois qu’il sera là j’espère au moins le déstabiliser un peu avec ma tenue avantageuse… Encore que je doute d’arriver à lui faire perdre ses moyens. Aussi je me contenterais de savourer le fait qu’il ne pourra pas mettre son plan à exécution et donc ne pas provoquer un accident ici qui serait dommageable à l’ensemble de la communauté mutante et humaine, comme il aime tant à le faire. Finalement, je commence à le connaitre ce bougre associable et violent.

Je remarque rapidement que les gens semblent moins s’écarter face à moi ou du moins avec moins de spontanéité. Mes frôlements semblent plus les indisposer et me valent quelques regards noirs. Je me rends compte que le climat serein qui m’entoure habituellement n’a plus lieu d’être tout à coup… Mon don et mon influence viennent d’atteindre le zéro absolu. Un simple coup d‘œil aux gens m’entourant me permet de le constater, mais je le ressens aussi en moi. C’est comme un vide, un trou béant en mon sein, comme si on m’avait arraché une part de moi et que je fonctionnais moins bien. Je suis purement et simplement une humaine comme les autres en cet instant. Et cela ne peut signifier qu’une seule et unique chose : il est ici, et il est proche de moi, très proche. Je m’arrête et relève la tête, mes yeux scannant rapidement la foule pour le repérer. Je n’avais pas l’illusion de pouvoir le tromper et le prendre par surprise. Il doit lui aussi ressentir en ce moment les effets néfaste de notre proximité. C’est étrange comme nous annulons tout don chez l’autre rien qu’en étant au même endroit. Bien sur c’est surement là mon seul atout pour limiter les dégâts qu’il peut faire et le contrer. Mais ça fait aussi de lui le seul à réellement ressentir un sentiment vrai à mon égard : la haine. Pour ma part je le hais bien sur, il est violent, destructeur, mon parfait opposé et annule tous les dons que la nature m’a fait. Impolie et arrogant, il ne se montre guère courtois ni correcte en parole face à moi… Oh pour le haïr je le hais. Pourtant je sais aussi que je le désire et l’aime… Étrange cohabitation de sentiments opposés qui ne me font jamais réagir deux fois de la même manière en sa présence. Pour sa part, je sais combien il me déteste, c’est visible dans chacun de ses regards. Je pense parfois avoir en moi l’illusion de l’amoureuse innocente et candide qui imagine pouvoir le ramener dans le droit chemin… Je secoue la tête pour revenir sur terre, je rêvasserais à mes relations impossibles et inconcevables plus tard. Pour le moment, il faut que je le trouve avant que lui ne me repère si je veux garder un minimum de contrôle.

Après quelques minutes, je repère sa stature qui m’est si familière. Il a lui même fait l’effort d’être présentable et correctement vêtu. Je ne peux m’empêcher de le dévorer un peu du regard. C’est plus fort que moi et c’est mon petit secret, quelque chose d’instinctif que je fais avant de l’affronter, et seulement si j’ai la certitude que personne ne remarquera la lueur d’intérêt dans mon regard. Il faut lui laisser il est sexy comme mec, et sait très bien jouer de son physique. J’ai un faible particulier pour ses yeux bleutés si expressifs et brillants et son sourire ravageur. Il me perturbe et je dois vraiment prendre sur moi pour l’affronter parfois. Lentement, je me dirige vers lui qui ne m’a pas encore remarquée. Reprenant le contrôle de moi-même, en bonne séductrice manipulatrice et femme de tête, j’approche pour m’arrêter à environ 5 pas de lui. Assez loin pour garder une distance de sécurité et assez près pour être entendue sans devoir hausser la voix. Je plaque un sourire aguicheur sur mes lèvres, jouant pour une fois de mes charmes physiques sur lui. C’est bien la première fois que j’utilise cette méthode, j’espère le déstabilisé suffisamment pour avoir le dessus dans l’affrontement verbal qui va suivre… ça me changerait tiens !

« Shadow ?!? » Je l’interpelle d’une voix suave inhabituelle en sa présence et pas tant que cela sur jouée. Mais je sais que je dois faire attention à ne pas vraiment me prendre au jeu avec lui.

Il avait eu vent, comme bon nombre de personnes à New York surement, de la soirée de bienfaisance qui se déroulait au jardin botanique à partir de 20h. Ô bien sur, il n'y avait pas été convié, mais c'était tout comme. Il ne s'embarrassait plus de ce genre de détails désormais. C'était un peu comme on applique le « Je veux, je peux » mais à excès dans son cas. Rien ne lui était impossible, rien ne plus était inaccessible, rien ne lui était refusé. Il jouissait d'une supériorité sans égal dont il usait bien trop, marginal et asocial. Il ne s'en tenait pas aux lois et normes que l'on imposait à la communauté humaine … Il n'agissait que tel qu'il le désirait. Bien sûr, quand il souhaitait passer inaperçu, il s'y prenait à l'identique de leur mode de fonctionnement. Il ne voulait nullement attirer les soupçons à son égard. Être un caméléon n'est pas toujours de tout repos. Il s'agit généralement d'agir dans la plus grande discrétion et détenir un sens de la finesse hors du commun. Mais il avait tout ça. Il pratiquait ces méthodes depuis tant d'années qu'à présent tout lui venait naturellement. Ô bien sur, il lui arrivait de désirer s'imposer fermement et durablement, mais agir aussi inconsciemment serait comme signer son arrêt de mort et il n'était pas pressé d'en finir.

Toutes ses personnes pour qui il n'était qu'un homme charmant et complaisant. Celui sur qui on peut miser sans craindre le retour. Qui répond à bien des critères sans jamais décevoir. Non, il ne critiquait nullement un tel aspect bien au contraire. Cette facette ne lui pesait pas le moins du monde et il raffolait de voir tant d'insouciance dans le regard de ces autres. On ne lui décelait qu'une facette sombre et obscure pour jeu, pour contraster à la perfection dont il faisait preuve, pour parvenir à lui trouver des défauts sans cependant s'en convaincre durablement. Parce qu'il ne commettait jamais le moindre faux pas qui puisse l'entrainer à être incriminé. Des écarts de conduite, bien trop souvent, certes, mais jamais de ceux qui pourraient venir griller sa couverture. Et pourtant, des crimes il ne s'arrêtait pas d'en perpétrer. Et en cette soirée, il avait follement envie de s'amuser un peu. Prêcher la folie humaine était une valeur qui lui plaisait bien. Après tout qui irait soupçonner un tout autre dessein que celui qui se faisait clairement visible ? Le fait d'avoir échapper au recensement lui donnait un avantage de taille. Il se faisait invisible au yeux du monde et c'était un aspect qui lui plaisait bien trop. Parce qu'avec les capacités dont il était doté, il savait bien qu'en ayant ouïe de telles capacités, ce ne serait pas la liberté sous contrôle qu'on lui offrirait, mais la mort si ce n'est l'enfermement à perpétuité.

Vêtu d'un costard noir aux fins traits verticaux gris, sa veste ouverte pour laisser apparaitre sa chemise de soi noire et des chaussures tout aussi en accord, il pouvait se fondre de la sorte dans la masse sans le moindre soucis. Tout le monde serait sur leur 31, usant de leur air supérieur pour prétendre avoir le cœur sur la main. L'hypocrisie humaine … Sans limites … Dans la file d'attente, tout le monde présentent leur coupon d'invitation avant de pénétrer dans le grand hall. Il fut freiner par le maitre d'hôte, lui signifiant qu'il n'est pas sur la liste. Un demi-sourire sur les lèvres, il vint amicalement poser sa main sur son bras, lu indiquant qu'il y est bien sur cette liste mais qu'il n'a pas assez bien regardé et qu'il vient de le lui donner son coupon. L'homme se ravise soudainement, s'excusant milles fois de son erreur avec gêne et malaise. Jared ne lui en tint pas rigueur, et pénétra dans le jardin. Tout portait à croire que cette soirée se ferait mémorable. Il fit rapidement le tour, saluant quelques connaissances, se fit flatter à plusieurs reprises par la gente féminine s'usant en sourires et bons sentiments. Les pensées de certaines personnes qui lui sont dirigées ne sont que plus agréables, d'autres plus dérangeantes néanmoins rien qui pourrait venir éveiller ses inquiétudes. Il vint s'éloigner de la foule, se plaçant en retrait pour en avoir une vue d'ensemble. Admirant ce petit peuple si ignorant de la tempête qui se prépare, il sonde chaque esprit les uns après les autres. L'ambiance est calme, l'atmosphère détendue. Rien de plus exquis que de ne sentir aucune perturbation dans son contrôle prégnant et total. Parce que la seule dont il est en mesure de redouter l'action néfaste n'est autre que Serenity. Cette femme contre qui il ne peut strictement rien, qui n'a qu'à lui faire don de sa présence pour le rendre impuissant et inefficace. Lui, si dominant mutant qu'il est ! C'est intolérable. Alors oui, il ne peut ressentir que de la haine face à elle, et la moindre pensée à son égard l'assène d'un nouveau coup de poignard de se savoir si vulnérable quand elle se trouve près de lui. Néanmoins, c'est une étroite relation qui les lie. Ce fait d'être à la fois le poison et l'antidote de l'autre … Il ne sait comment elle voit la chose, et bien qu'un tel fait détienne le summum de ses frustrations, il n'est que plus fier d'avoir une ennemie de son envergure. Et puis il mentirait s'il disait que Serenity est le genre de femmes que l'on oublie vite. Elle a pour elle cette beauté hors du commun et ce naturel franchement affirmé séducteur et sensuel qui pourrait faire flancher n'importe quel homme. Et de cela, il sait qu'elle en a bien trop conscience. Alors non, il se refuse à être comme tous ces autres avec elle. Il n'a pas trouvé mieux que l'opposition qu'il peut néanmoins justifier de multiples façons toutes aussi rationnelles les unes que les autres pour éviter de mettre le doigt là où il ne faut pas.

Soudainement, cette perturbation … L'air se fait électrique, il perd en emprise sur son monde … Il retient un juron sachant pertinemment ce qui est en train de se produire. Elle est ici … Comment as t-elle su ? Se passionne t-elle pour la conservation de la nature et ses bienfaits ? Avec elle, il n'en serait pas franchement étonné. Il a beau tenter de la localiser dans toute cette populace, il ne parvient à cibler l'origine de sa perturbation et donc à la découvrir. Ses dons s'inhibent, l'abandonnant à mesure qu'il la sait se rapprocher de lui. Elle le cherche c'est évident. Elle a forcément ressenti cela elle aussi … Quelques secondes supplémentaires et le voilà réduit à l'état primitif d'humanité qui l'élance de relents. Pourquoi une telle anormalité entre eux ? Pourquoi ne peut-il rien contre elle ? La fuir ? Il sait qu'il est déjà trop tard pour cela … Elle l'a déjà atteint. Il surprend son nom prononcé avec tant d'agréabilité. Il retint un demi-sourire. Il connait bien trop cette voix … Orientant le regard vers elle, il hausse un sourcil la détaillant lentement, très lentement du regard et il doit dire que la vue n'a rien de décevante. Elle est forte, très forte … Cette toute petite robe qu'elle porte si joliment qui la met irrémédiablement en valeur, laissant se dessiner ses formes sans le moindre mal, épousant sa silhouette avec charme … Ses jambes fines et fermes qu'elle a découvertes pour l'occasion affolent ses sens mais il tente de faire preuve de contenance. Cette coiffure sobre et stricte qu'elle a imposé à ses cheveux, ce maquillage léger mais ravissant et ce décolleté … Terrible. Il masque son trouble saisissant enfin son regard :

– Toi … Pourquoi ne suis-je qu'à demi surpris … Lui dit-il sans sympathie. Il vint croiser ses bras sur son torse, son regard se durcit irrémédiablement. Tu t'ennuyais à ce point-là pour venir m'emmerder ce soir, ou c'est de moi dont tu ne te passes plus ?! Lui signifie t-il avec arrogance. Le ton était donné, inévitablement, ils ne savaient faire que la guerre, du moins, au premier abord…

L’air embaume délicieusement des plantes sous serre du lieu. La senteur est agréable et titille mon odorat avec délicatesse. Je ne regrette pas d’être venue, même si mon but premier n’est nullement de participer à cette œuvre de charité. C’est certes mon monde, mais cela ne veut pas dire que je cautionne le côté tape à l’œil et le « m’as-tu vu » des riches. Néanmoins, eu égard à mon nom de famille et au joli carton d’invitation qu’on m’a offert, j’ai pu entrer. L’homme politique qui me l’a donnée n’a même pas eu conscience de ne pas avoir envie de me faire un cadeau. Comment l’aurait-il pu alors qu’il n’était habité que par l’envie de me plaire et de se montrer sympathique ? Je me demande comment mon alter égo masculin a pu lui se faire inviter, je devine que seule l’utilisation de son don peut le lui permettre. Ce que je en comprends pas c’est ce qu’il vient chercher ici. Pourquoi s’en prendre à des Humains qui se réunissent juste pour la bonne cause ? Trouve-t-il si amusant le chaos qu’il le sème avec délice partout ? Finalement peu importe ses motivations personnelles, tout ce qui compte est que j’ai eu vent relativement vite de son plan et que ma simple présence va l’empêcher de réaliser son méfait. Oh, il ne va pas apprécier, mais je compte bien le coller toute la soirée, quitte à passer pour l’amoureuse éconduite et vexée. Je parcoure donc la salle à sa recherche, utilisant mon don pour me frayer facilement un passage entre les gens qui discutent par-ci par-là. De temps à autre j’offre un sourire à une connaissance professionnelle ou à des amis de ma famille. Mais je ne m’attarde pas, peu désireuse de lui laisser une trop grande marge de manœuvre.

Je continue d’avancer dans la vaste salle où s’entasse les invités et où le bruit se fait de plus en plus important. Mes yeux scannent les lieux à la recherche de l’autre mutant. Dire que c’est moi qui a été à la base vers lui, curieuse de découvrir ce mutant qui avait un don similaire au mien. Il ne me fallu guère longtemps pour constater qu’on avait des vues et buts différents, et un passé qui nous avait marqués au fer rouge mais pas de la même manière. Peut-être qu’il a plus souffert de sa mutation et payé plus cher que moi… Et voilà, à nouveau je lui cherche des excuses ! C’est plus fort que moi, j’excuse toujours les manquements des autres et particulièrement de mon opposé. Parce que la première chose qui m’a frappée, enfin la seconde après le fait qu’il pourrait se faire damnée une sainte, c’est qu’il annule par sa simple présence mes dons et me rends humaine. Désagréable sensation de base mais qui m’apporte un bien être temporaire. Je suis alors normal. Les gens ne me voient plus par le prisme involontaire de mon don qui leur impose involontairement de m’aimer ou au moins de m’apprécier. J’aime l’idée qu’il existe un être capable d’avoir de vrais sentiments pour moi, et non pas influencé par ma simple présence dans la pièce. J’apprécie aussi le fait qu’il ne me voit pas systématiquement comme une femme belle à mettre dans son lit. Bien sur, je joue de mon côté séducteur, j’ai des amants pas toujours manipulé, mais cela ne veut pas dire qu’être reléguer à juste sexy et belle me plait. Parfois j’aimerais être vue comme une être totale, comme la femme que je suis avec mon physique, mes qualités et défauts… Et pas pour mon physique ou à cause de mon don. Et tout ça, involontairement, Shadows me l’offre. C’est ce qui pour moi rend complexe et indéterminé ce que je ressens pour lui. La rage et la colère qu’il provoque en moi par son comportement, il est mon ennemi. Mais aussi le désir et l’amour, parce qu’il me voit telle que je suis. Il me hait, je le sais, je le comprends, mais je ne peux m’empêcher d’avoir des sentiments trop tendres pour lui. Bien sur je ne montre rien, inutile de me briser définitivement le cœur avec des espoirs infondés. Néanmoins je peux le désirer et le mater discrètement, tout en me bataillant avec lui verbalement. De plus je suis presque certaine qu’il n’est pas totalement indifférent à mes atouts physiques. Enfin pour cela je serais très vite fixée ce soir je crois

Finalement je ressens ce vide et cette perte de force typique de la présence de mon opposé. Il n’est pas loin, et doit déjà savoir que je suis près de lui. Je me demande d’où vint cette capacité à inhiber les dons de l’autre. Je repère du coin de l’œil le mutant et je profite du fait qu’il ignore encore où je suis, bien qu’il cherche l’endroit d’où vient la perturbation. Il doit déjà enrager intérieurement de savoir sa soirée gâchée, et cela fait naitre un sourire amusé. En le détaillant je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est classe ce soir, et qu’il se fond à merveille dans le décor qui nous entoure. Au bout de quelques minutes je le rejoins et emploie un ton suave et séducteur pour l’aborder. Finalement, il se décide à m’accorder un regard mais pas un mot. Je le laisse m’examiner du haut de la tête au bas des pieds. Il prend son temps, ne s’inquiétant guère que cela pourrait me mettre mal à l’aise par son regard trop envieux… Il semblerait que mon physique ne laisse pas si indifférent que cela Shadows. Ce qui me fait sourire, bien que j’essaye de le masquer. Puisqu’il se permet de me déshabiller du regard, je lui rends la pareil, le dévorant du regard sans gêne et sans le masquer pour une fois. Juste retour des choses, pourquoi seuls les hommes pourraient avoir ce genre de comportement ? Nos regards se croisent, intéressant échange muet. Finalement il m’adresse la parole sans politesse ni neutralité, prouvant à quel point ma présence l’exaspère. Cela tranche avec le regard brulant qu’il a posé sur mon corps quelques instants avant. Mais c’est tellement plus habituel entre nous sue je trouve ça rassurant. Je souris un peu plus et fais vaguement mine de réfléchir à la réponse à donner à sa question. Ramenant mes yeux clairs sur lui, je comble la distance nous séparant, tout en gardant un certain espace de sécurité. Néanmoins je suis assez proche de lui, pour pouvoir susurrer plutôt que parler. En contre partie, malgré les talons hauts, je dois relever un peu la tête pour garder l’échange visuel.

«Hum, non, mais tu me manques Chéri…. C’est dur de faire une soirée sans toi. »Je réponds toujours sur mon ton aguicheur. « Dis-moi, que leur veux-tu ? Ils ne t’apporteront rien d’intéressant dans tes plans foireux… Et je te le dis, je ne te lâcherais point de la soirée. »

J’essaye de garder un rapport de conflit entre nous, me sachant trop attirée par lui pour risquer une conversation normale. De toute manière, la haine et l’opposition sont ce qui nous caractérise le mieux. De toute manière, c’est toujours comme cela. Et je ne pense pas que changer le cadre influencera les choses… Quoique avec lui, je peux m’attendre à tout …

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