Come Back To Me ... Again |Lesly D. Anderson|

Tel était écrit mot pour mot sur le message texte qu'il lui avait envoyé : « Si tu veux être à l'origine du chaos, aussi infime soit-il , rdv à 11h tapante à la public Library. Avec mes affections, J ». Oui, de la provocation, une part d'arrogance dans ses mots, mais avec elle, il savait qu'un tel comportement ne serait pas interprété autrement que comme un appel au défi mais aussi un moyen d'affirmer ce qu'ils étaient mais désormais plus l'un contre l'autre, tel leur premier affront, mémorable, mais plutôt l'un avec l'autre aux dépends des autres. Une part de mystère se dissimulait dans ce message. Il n'avait signé qu'avec la première lettre de son prénom. Parce qu'il savait que elle seule comprendrait ce message et elle seule saurait qui en était l'expéditeur. À présent, il s'agissait plus d'un jeu d'opposition, un besoin de rivalité avec un autre mais pas n'importe quel autre. Jared n'avait que faire de la concurrence, de prouver qu'il était plus fort qu'un autre. Il savait parfaitement bien ce qu'il valait, il n'avait nullement besoin qu'on l'estime. Néanmoins avec elle, il avait trouvé un attrait certain à se prendre au jeu. Il avait besoin de preuves, besoin de son regard, mais aussi besoin de l'alliance qu'ils formaient à présent tous les deux. Une opposition qu'ils disposait à bon escient dans un but très particulier, mais au grand dam de certains. Ils prenaient un plaisir immense à jouer avec les êtres humains tel des pions dans un immense labyrinthe. De par l'union de leur force était né une attraction sans égal à étendre leur supériorité de mutants sur ses autres, insignifiants sans qualités ou dons extraordinaires.

Pourtant, rien n'était prédestiné à ce qu'ils s'allient de la sorte. Tous deux appartenaient à des camps bien opposés. Lui n'agissait que pour des fins purement personnels ordonnés par des intentions catégoriquement mauvaises. Mais elle ? Elle faisait partie des mutants considérés comme foncièrement bons, utilisant leurs dons pour une cause juste et noble. Mais l'optique qu'il l'aide à étendre ses capacités en sa présence était loin de déplaire à Jared. Il avait le sentiment de la sortir de cet engluement, pour quelle pense par elle-même. C'était aussi s'exposer à plus de risques, mais Jared avait toujours eu un penchant naturel pour le danger. Il n'allait pas là où il ne le trouvait pas. La facilité, ça allait bien un moment, à la longue, elle devenait rasoir. Alors que la difficulté, la complexité étaient beaucoup moins aisées d'accès et quand alors on s'en trouvait être maitre, la dominance était de taille. On sait soudainement pourquoi on se trouve au sommet et ce que l'on a fait pour y parvenir. L'égal d'aucun autre. Une bien enviable position qui ferait partir n'importe quel ambitieux à sa conquête.

Se rendant dans la 5ème, il pénétra dans la librairie, accueillit chaleureusement par la secrétaire au comptoir qu'il gratifia d'un sourire séducteur avant de prendre l'escalier principal et de monter au dernier étage. De cet endroit, la librairie connait une vue d'ensemble sur ses occupants mais aussi un point stratégique dans le plan qu'il avait mis au point. D'ici, il pourrait voir Leslie entrer et elle n'aurait qu'à lever les yeux pour le remarquer. Parce qu'il n'était pas du genre à perdre son temps à lire des bouquins. La connaissance il l'avait déjà. Il n'avait qu'à tendre la main pour entre en son contact, loin d'être au sens figuré du terme. Acquise par vol, par effraction, oui peut être bien entrait-il dans l'esprit des gens par effraction pour semer le chaos, ou le désordre, pour lui faire perdre en rationalité, renouer avec ses penchants premiers, aliénés à la pulsion primitive. Toutes ses choses refoulées qu'il pouvait ressentir auxquelles il n'avait qu'à ouvrir la porte pour les voir s'accomplir. Oui, un bien joli tableau qu'en il en était le peintre, un bien bel ouvrage quand il en était l'auteur, une bien belle scène quand il en était l'acteur. Il savait qu'il ne faisait pas parti de l'élite des mutants dit de catégorie 4, ceux dont aucun don aussi habile soit-il ne pouvait les atteindre. Peut être ne cherchait-il pas à l'être en fin de compte. L'interaction étant ce pour quoi il avait été crée. C'était pour le contact, ce partage de vécu et de ressenti, cet échange de sentiments l'espace d'un instant, qu'il vivait. D'une satisfaction telle, qu'il ne pouvait s'en lasser, constamment à sa recherche.
Et il avait hâte que s'accomplisse ce dessein. Leslie & Jared à nouveau réunis, bien loin d'être pour le meilleur. Enfin, tout dépendait de la façon dont on voit les choses. Il allait sans dire que de son point de vue, ils touchaient à son accession. Les victimes quant à elles prendraient leur petit jeu pour la pire des expériences à vivre, bien que ce n'était pas la première fois qu'on venait le supplier de recommencer. Mais lui seul était maitre de ce qu'il crée. Bien qu'une partie de subjectivité et d'individualité subsistait, il était en grande partie le commanditaire des impositions et des néo-réalités qu'ils fabriquaient.

S'accoudant à la rambarde, il guetta patiemment le rez de chaussée espérant la voir apparaître d'une minute à l'autre. Et c'est qu'il avait hâte …

Je relisais le message pour la énième fois. La Library de la 5ème Avenue. Il faut croire que ce cher J. n’a pas choisit d’opérer n’importe où cette fois-ci. Un point commun avec tous les autres lieux; c’était un espace public. Mais sans ce détails important, c’était une évidence à la fois pure et simple; le jeu ne prendrait pas l’ampleur suffisante pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Et quant au choix du New York Public Library précisément, j’avais bien une idée en tête. Son plan devait être encore plus élaborée et bien plus complexe que la dernière fois. Aujourd’hui, à partir de 11h tapante, le jeu commencerait dans un endroit que je pourrais nommer avec des adjectifs parmi d’autres, Calme et Respect Mutuel.
Hum hum... Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs! Le spectacle que vous allez assister dans quelques instants sera sûrement bien plus dynamique et festif que l’ambiance général de ce lieu, bien entendu choisit avec le plus grand soin de nos spécialistes...
Je souriais, marchant dans la rue pour me diriger là où allait se diriger les opérations. J’étais d’excellente humeur depuis que j’avais reçus le message. Jared et moi formions un très bon duo, gagnant à tous les coups à notre jeu préféré. Les défis, avec le temps, étaient volontairement de plus en plus difficiles, mais au fond réalisables. Et nous n’avions aucunes raisons de ne pas les relever puisqu’on se contentait uniquement de s’amuser un peu avec les humains, ou plutôt des victimes sans aucun pouvoirs spéciaux devrais-je dire.
C’est vrai que je n’avais rien contre eux, mais depuis que j’ai rencontré Jared, je me suis rendue compte que jouer avec, d’une manière peu respectueuse je vous l’accorde, m’amusais étrangement. Quand je pense qu’il y a quelques années de cela, je vivais exactement comme une humaine, une vie simple et sans dangers apparents. Depuis ma mutation, je me sentais bien plus différente d’eux, et je ne voulais pas en aucun cas me cacher à cause de ce que j'étais devenue. Jared a été une solution pour moi, un ami pour m’affirmer en tant que mutante à part entière. Voilà pourquoi j’aimais ce jeu; montrer une certaine domination par rapport aux hommes apportait une agréable sensation de force, d’estime, de fierté, pour ainsi dire, une identité particulière. Et ces qualités, qui n’a jamais rêvé de les avoir, au moins une fois dans sa vie? ...

Me voilà arrivée à la Library. J’étais excitée à l’idée de revoir ce cher Jared. Deux mutants réunis une fois de plus pour s’en prendre à de pauvres victimes, juste histoire de s’amuser un peu. Ça peut paraître un peu égoïste et malsain me direz-vous. Qu’importe! Qui pouvait nous en empêcher de toute manière? Oui, personne, puisque nous pensions être libre d’exercer nos talents comme il se doit. Et je trouvais ma situation plutôt ironique dans un sens, puisque je faisais partie de L’Institut Frost, réputé pour former des mutants qui prônaient le respect des individus, agissant à bon escient, toujours dans l’espoir d’un avenir meilleur avec les non-mutants. Cette époque est encore bien loin pour moi, et j’étais souvent déterminée à utiliser mes pouvoirs quand j'en avais envie. C’est sûr, je ne faisais vraiment pas partie des groupes d’élèves sérieux qui ne mettaient jamais le nez dehors, trop occupés à étudier, ou s’entraîner. On nous disait souvent que c’était avec l’expérience que l'on acquerrait force et maturité. La mienne, je voulais l'obtenir à ma façon, qui n’était pas la plus noble c’est sûr, mais la plus humblement choisit selon moi.
Et pour cela, j’avais aussi besoin de Jared.

Je regardais ma montre. 10h58... J’étais en avance, comme toujours.
Je rentrais alors dans l’édifice, saluant au passage la secrétaire assise à son bureau. Au bout du couloir, une immense salle peuplée d’une importante masse de nouvelles victimes. La balayant du regard, je ne le vis pas, mon partenaire. J’avais le temps de le trouver, mais j'étais impatiente de le chercher. Je gravis les escaliers, pensant que je pourrais observer l’ensemble de ce petit monde depuis le dernier étage, avec une meilleure chance de le retrouver donc.
Et arrivée en haut, accoudé à la rambarde, Jared se tenait là. Tout en m'avançant dans sa direction, je lui gratifiais d’un sourire malicieux.

- « Alors! On a besoin de ma précieuse aide? Je suis décidément une partenaire indispensable... » Lui dis-je dans un murmure ironique.

Il est 11h... Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, attachez votre ceinture, ça va secouer! ...

N'y avait-il rien de plus beau que le dessein auquel ils se préparaient à accomplir. Faire valoir sa supériorité était une valeur chez Jared au même niveau que le respect, la malhonnêteté, l'illusion ou encore le défi. Primordial. Parce qu'on l'avait rendu ainsi, supérieur aux autres, il se devait de s'en servir à bon escient. Où retirer l'intérêt de taire ses dons au détriment d'une vie purement normale quand on peut avoir bien plus ? Il n'avait jamais compris ceux qui agissaient de la sorte. Et il était très étonné par Leslie quand il avait appris qu'elle faisait parti de l'institut Frost mais tout autant ravi de constater qu'il restait dans ce monde des incorruptibles. Parce qu'il était contre l'aliénation de toute sorte bien qu'on en échappe pas toujours. Néanmoins, longtemps on avait cherché à lui faire croire que ce qu'il lui était arrivé n'était autre que l'œuvre d'une malédiction qu'il voulait à présent s'abattre sur les autres, tel un fléau que rien n'arrête.

Enfin dans la situation actuelle, il s'arrêtait avant cette ultime résolution. La solution finale n'était pas ici le but recherché. Mais bien tout ce qu'il y conduit. Ne faisant que s'amuser avec l'espèce humaine, la torturant sans vraiment parler de torture, les humiliant sans se porter en coupable, s'agissant que comme le désinhibiteur de leurs envies profondes, celui qui ouvre la porte interdite, qui favorise l'engagement dans cette voix défendue. Telle une revanche sur l'espèce humaine. Il se vengeait d'avoir été trop longtemps enfermé, prisonnier, résout à n'être qu'un simple humain aux capacités bien plus multipliés pourtant. Il ne voulait plus jamais être considéré de la sorte alors il agissait sur autrui afin que l'on constate ô combien sa haine ne s'atténuait pas au fil des années mais qu'elle ne se faisait que plus forte à chaque seconde. Un tel dégout en cette espèce dont il avait tout autant été conçu. Mais une base qu'il ne voulait plus voir, ne vivant que pour son essence, ses origines mutantes. On lui avait caché cela, maintenant il désirait que tout le monde sache. Il ne voulait plus vivre dans l'ombre de sa condition. Il ne reniait pas ce qu'il était, mais l'affichait fièrement.

Cependant, il se devait d'être prudent, de ne pas perdre en vigilance. Étant un mutant non recensé, il risquait sa vie à chaque instant et bien qu'il avait la capacité d'avoir un contrôle total sur les humains, ils pouvaient le maitriser à leur façon. Sans contact physique, Jared n'avait plus aucune emprise sur le mental si ce n'est une légère prégnance, plus qu'insuffisante. Il ne pouvait pas non plus s'enfermer dans son illusion de façon à ce qu'elle prenne vie dans la réalité. Autant d'extensions dont il n'avait pas la possibilité d'accès de près comme de loin. Il existait à présent tant de moyens de réduire quelqu'un au silence sans avoir à le toucher. Et il savait que si alors il se faisait prendre, on le contraindrait à le marquer telle une bête malade que l'on identifie pour éviter que se répandre son épidémie. La discrimination était monnaie courante avec ce mode de fonctionnement, et il ne voulait absolument pas qu'on le réduise à cela, lui tant habitué à vivre en dominant et non en tant que subordonné. C'était un fait qu'il ne supportait pas mais qui était aussi sa plus grande peur. L'identification, le fichage, la mise en catégorie, rapport psychologique oblige. Non, il ne voulait pas qu'on puisse avoir la mainmise sur lui à chaque instant, dans le moindre de ses mouvements, de ses actions ou même de ses décisions. Il ne voulait qu'agir, penser et réagir selon ses envies et non selon le comment on le lui aura spécifié. Terminé l'esclavage!

Regardant toujours le hall d'entrée avec une concentration certaine, il ne la remarquât pas. C'est quand il surprit sa voix enjôleuse et enjouée qu'il prit conscience de sa présence. Avançant vers lui, elle agrémenta ses propos avec ironie et légèreté. C'est qu'il devenait de plus en plus accro à leurs retrouvailles improvisées.

– Ça m'en a tout l'air ma chère !! Je suis ravi de te voir. Lui dit-il dans un sourire.

Elle le rejoint alors s'accoudant à la rambarde. Reposant le regard sur l'assistance, il fit preuve d'une grande concentration avant de formuler à sa suite, se rapprochant d'elle.

– Alors, restons raisonnables, veux-tu. Commençons par cinq victimes. Je te laisse faire ton choix, tu en a aisément l'embarras, la plupart pensent à des choses loin d'être catholiques. Dit-il un petit rire coulant au fond de sa gorge. Il passa le reste de ses propos sous silence, un ton au dessus de celui qu'il avait employé précédemment. Les premiers mutants ont surement commencé de la sorte, sur le terrain, alors pratique ! Fais moi voir l'étendue de tes talents, jolie poupée. Lui dit-il haussant un sourcil, un demi-sourire sur les lèvres.

J’adressais un sourire à Jared. Oui, moi aussi étais ravie de le revoir. Je ne sais pas pourquoi mais j’allais dire de revoir un ami de longue date. En y réfléchissant bien, je le connaissais depuis peu et je ne sais pas pourquoi ce terme m’était venu à l’esprit. Etait-ce parce que l’on s’appréciait tels deux "amis de longue date" qui s’entendaient toujours aussi bien? Mais surtout, je me rendis compte de quelque chose d’assez intriguant; je ne savais pas non plus énormément sur Jared. Son passé m’étais inconnu, va savoir s’il était recensé aujourd’hui, et j’ignorais complètement ses intentions, ses projets pour son future. Mais il fallait avouer que jusqu’à maintenant, je n’avais pas besoin de ça pour pouvoir le considérer comme un bon acolyte et s’amuser un peu avec lui. En fait, ce qui m’avais le plus attirée chez lui, c’était son penchant pour le danger ou pour une sorte de soif d’expériences à risques. C’était donnait un bonne assurance et estime de soi quand on était avec quelqu’un qui avait sûr de lui et était prêt à se montrer à la hauteur pour n'importe quelles situations. Finalement, nous étions un peu pareils tous les deux... Etant de l’Institut, je prenais moi aussi des risques quand je voyais Luna, et je n’étais pas prête de renoncer à arrêter de le faire. Peu importe ce que pouvait me dire Emma où les autres élèves, dans ces moments là, j’aimais être têtue et ne rien écouter. Elle était de la Confrérie, et alors? A moi, elle ne m’avait rien fait, je n’avais donc aucune raisons de les haïr. La preuve, je fréquentais parfois l’un de ses membres, notamment elle et Ashton qui aimerait beaucoup que je les rejoignes... J’hésite oui, parce que ça ne me déplairais pas du tout au contraire... Un jour peut-être que j’y trouverais une place, va savoir...
Bref, ma vie tourne autour de ça, la prise de risque et je n’étais en aucun cas effrayée. La preuve, j’allais à nouveau jouer et user de mes dons contre des humains inoffensifs, aux détriments des principes de l’Institut. Quand j’y pense, si quelqu’un l'apprenait, je serais sûrement sanctionnée. Mais j’étais là à m'aventurer de la sorte, et j'étais déterminée à ne laisser personne nous en dissuader.

Je regardais la foule d’hommes et de femmes, toujours accoudée à ma rambarde. Ils ne remarquaient rien, ne se doutant pas de ce qui allait leur arrivé. Je ne savais pas bien si j’aurais été capable de le faire quelques années auparavant. Je n’avais pas non plus été élevé de cette manière, bien que je me souviennes de cette phrase que Tressa me disait souvent :

« On se réjouissait à ta naissance et tu pleurais. Ma petit-fille, je n'ai qu'une seule chose à te dire; vis de manière que tu puisses te réjouir au moment de ta mort et voir pleurer les autres. »

J’avais pas mal réfléchis à ce conseil, et c’était aujourd’hui qu’il prenait tout son sens. Voilà pourquoi je ne regrettais pas d’infliger à ces gens ce petit passe-temps. J’aimais m’affirmer, m’opposer aux autres, puisqu'il me semblait que c’était un bon moyen d’être quelqu’un, d’exister. Et depuis que j’étais devenue une mutante, les choses s'étaient corsées et je devais me résigner à me cacher. C’était stupide, et j’en avais assez de me dissimuler derrière un masque d’être humain comme les autres. Je voulais montrer qui j’étais, et l’occasion s’était présentée avec Jared.
Ce dernier me sortis de mes pensées en me donnant quelques consignes. Il me demandait d’abord d’être raisonnable. Haha! Je riais de cette ironie puisque dans un sens, ce que nous faisions n’était pas vraiment raisonnable, si l'on ne voyait que le côté malsain dans ce jeu. Mais encore une fois, je m’en fichais et allais donc naïvement choisir ces cinq personnes. Et effectivement, j’avais l’embarra du choix...
J’étudiais attentivement les individus, essayant justement de trouver ceux qui pensaient des choses pas très catholique. Et tout de suite, deux jeunes gens un peu à l’écart m’ont parut correspondre à ce caractère.

- « Que penses-tu des deux là-bas pour commencer, lui murmurais-je en observant l'espace informatique, ils doivent bien se marrer à regarder des trucs pas net sur les ordis.. J’ai bien envie de jouer une prêtresse et de leur faire subir leur pêchés... »

Je me retournais alors vers lui, souriante. J’attendis qu’il comprenne de qui je voulais parler avant d’ajouter:

- « Ca te va comme entrée, mon cher? Ça me semble assez raisonnable si tu veux mon avis. Pour les trois autres, je verrais par la suite, quand on sera vraiment sur le terrain. »

Même si j’avais repéré une femme, une mère avec ses deux enfants qui mettait la pagaille, je voulais attendre de trouver autre chose de bien mieux. L’inspiration me viendrait sûrement lorsqu’on aura attaqué ce petit échauffement déjà, que j'avais très envie de commencer rapidement.

Jared ne comprenait toujours pas pourquoi il souffrait tant d'insatisfaction. Comme si ses actes n'avaient de but ultime que dans leur réitération. Comme s'il essayait de parer à une condition qu'il ne voudrait admettre et qui le pousserait toujours à en rechercher un peu plus, un peu plus profondément. Parce qu'il lui était à présent impossible de s'imposer des limites. Des meurtres, il en avait commis … beaucoup, mais ça ne l'avait cependant pas arrêté. Il n'avait pas assouvi de vengeance par son exécution, pas de soulagement dans son acte, mais une recherche de plaisir continuelle qu'il trouvait dans cela. Peut être que c'était ça qu'il voulait et qui le poussait à recommencer encore et encore. Mais qui lui affligeait aussi les pires souffrances. Être hanté par tous ses morts, continuellement. Ne pas être en mesure d'oublier leur visage. Ne pas être en mesure de trouver la paix à son âme à l'agonie. Et peut être que ce n'était pas ce qu'il voulait … La paix. Elle n'avait aucune emprise sur lui. Cela voulait-il dire qu'il n'agissait que par culpabilité ? Il ne pouvait le dire … Son comportement l'intéressait autant qu'il le terrifiait. Cette sensation puissante de craindre perdre ce contrôle dont il avait tant besoin. D'être pris à son propre jeu, de finir si bas dans sa grandeur … Autant de positions qu'il lui étaient intolérables. Il ne pouvait croire à une telle réalité. Il ne pouvait penser qu'un jour le jeu prendra fin … Que lui restera t-il ? Surement un peu moins que rien. Il n'avait plus d'attaches, pas encore de raison de vivre si ce n'est cette quête incessante de pouvoir, ne vivant que dans l'incompréhension totale de son existence, niée parce que trop lourde à porter … Non, il n'était en rien enviable. Sa vie ne l'était pas plus, et pourtant, il savait qu'il cultivait chez les autres une certaine fascination qu'il ne comprenait pas toujours de par son regard. Parce que lui connaissait le fin mot de l'histoire. Lui seul et personne d'autre. Et il savait qu'il l'emporterait dans sa tombe. Qui s'en souciera … Il préférait bien mieux demeurer en légende. Elle, jamais, on ne l'oublie. Ce mystère qui pesait sur lui … Son exutoire.

L'arrivée de Leslie avait aussitôt chassé les pensées noires de son esprit pour céder la place à cette constante excitation et ce désir de vengeance, demeurant éternellement en lui. En présence de la jeune femme, il n'était que ce qu'il voulait être et plus ce qu'il était réellement. Il cultivait sa personnalité en fonction des personnes qu'il croisait, et avec elle, il allait s'en dire qu'il se surpassait. Il ne savait si elle cherchait son regard, ou si alors c'était lui qui cherchait le sien, mais cette divine interaction entre eux le rendait totalement accro. Ce petit jeu, cet accomplissement à demi-mot. On évite de poser trop de mots sur leur action, de donner un nom à leur manœuvre qui imposerait l'interdiction et donc par là, la transgression. Oui, déviant de leur condition, et abusif de leur capacités. Loin du genre de comportement privilégié.
Mais ils en avaient que faire. Ils n'agissaient que comme bon leur semblait. Et il aurait pu se demander pourquoi un tel penchant de la part de la demoiselle sur qui il ne connaissait que le groupe d'appartenance. En réalité des inconnus l'un pour l'autre, mais d'un cruel besoin d'échange, ils étaient. Et il allait s'en dire qu'il n'échangeait pas avec tout le monde, mais elle, avait attiré sa curiosité. Elle s'était démarquée. Ce vif intérêt qu'elle avait fait émaner en lui n'était pas resté sourd mais avait cheminé en lui bien plus longuement et profondément qu'il ne s'y attendait. Et voilà maintenant qu'elle se prenait au jeu, examinant leur échantillon parmi la population remarquant deux adolescents dans un coin de la bibliothèque qui surfaient sur le net, loin de faire des recherches pour leur étude. Enfin si, un fait relevant de l'éducation, mais pas celle que l'on apprend à l'école. Jared soutint du regard le groupe agrémenté par les paroles de Leslie avant de le reposer sur elle. Ce sourire qu'elle affichait lui plaisait tout autant.

– Ça me va beauté !! Allons leur faire connaître la pire humiliation de leurs vies ! Mettons nous en jambes ! Lui dit-il dans un clin d'œil. Déclenche le compte à rebours ! Reprit-il dans un sourire malsain.

Ils faisaient un duo de choc, qui pourrait s'avérer destructeur … Mais l'idée qu'il avait de eux deux lui convenait parfaitement. Cette ambiguïté, ces intentions loin d'être claires et franches, c'était tout ce qu'il recherchait. Et par elle, il accédait à des possibilités bien plus grandioses que ce qu'il était capable de faire seul et qui l'obligeait à faire preuve d'énormément de précaution. Dans leur situation, elle le couvrait, c'était elle qui assurait ses arrières. Il n'avait pas à se soucier de cela, il pouvait donc agir à loisir, rendre l'intensité plus forte et plus soutenue encore, imposant un contrôle plus puissant sur sa victime et donc jouir pleinement de cet effet … total.

[Milles excuses ma belle pour ce temps d'attente si long, mais je gère au mieux, encore désolé.]

A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes. Mais c’est bien plus simple pour moi, qui suis tellement impatiente par moment ; je les crée et les traverse aussitôt ...

En observant les deux jeunes devant leur ordinateur, je compris soudainement quelque chose. Dans ce jeu, nous ne visions pas n’importe quel humains, que nous traitions généralement de pions ou de pièces à manipuler. Après tout, quel mal y avait-il dans ce que nous allions leur infliger à ces deux-là, à part les remettre sur le droit chemin ? S’ils ne se comportaient pas de la sorte, peut-être que d’autres victimes auraient été choisit à leur place.
D’une façon ironique, nous étions un peu les flics à la poursuite d’individus aux comportements louches, dépassant la norme ou alors bien loin d’agir d’une manière "catholique". Je devais sûrement justifier notre partie de chasse comme ça, puisque je savais que personnellement, je ne m’en prendrais sûrement pas aux personnes qui ne le méritaient pas. Mais quand était-il de Jared ? Je n’avais aucune idée de ce qu’il pensait à ce propos, ne sachant s’il pratiquait injustement ce jeu sur chaque individu qu’il croisait, ou bien s’il agissait pour des fins bien plus personnelles, et satisfaire un besoin par exemple.
Bref, quelque soit les raisons qui le poussait à opérer, mon don l’aidait grandement. Ensemble, nous effectuons un travail d’équipe formidable, complémentaire. Je le couvrais, il agissait. Et en plus de ça, chacun y trouvait son compte d’une quelconque manière qui soit.

Alors pourquoi tout arrêter maintenant ? Après tout, c’était pour le bien de tout le monde si nous oeuvrions comme ceci. Il n’y avait aucune raisons de se lamenter, sauf peut-être sur la considération à l’égard des hommes sans dons. Mais le monde était fait ainsi ; certain naissait avec un pouvoir, et d’autre non. Et si chaque individu avait un but sur Terre, alors celui de Jared et moi était juste devant nous en ce moment même ...

Mon partenaire de jeu était satisfait de ma proposition. Le jeu allait enfin pouvoir commencer selon nos règles et nos envies.
Toujours avec le sourire aux lèvres, je lui tendis la main :

- « Dans ce cas, si tu ne veux pas très vite finir en statue, tu ferais bien de me donner la main mon ami. »

Le principe était simple. S’il me touchait, il devenait immunisé autant que je l’étais et ne finissait donc pas comme le temps que j’ordonnais d’arrêter, de ralentir ou d'accélérer. À ce moment là, lorsque le monde était prisonnier de mes talents, nous pouvions agir comme bon nous semblait, sans que les personnes aux alentours s’en rendent compte. Parfois les gens ont cette impression que le temps passe très vite, où qu’au contraire il est très lent et difficile à tuer. Cette impression est très souvent liée lorsque j’utilise mes capacités.
Et quand je fige le temps, c’est pour eux comme si une seconde était passée entre le moment où j’arrêtais et l’instant où le temps reprenait son cours. Il m’était souvent arrivée d’utiliser mon don pour pouvoir sortir d’une boutique de vêtement en volant des articles, les jours où je n’avais pas de quoi payer les vendeurs ...

Parfois ... Je me demande vraiment ce que je fais à l’Institut ... Hum ...

- « Prêt ? » Lui demandais-je, avant de commencer le compte à rebours.

Je ferme les yeux, me concentrant uniquement sur l’énergie que je rassemblais pour pouvoir la diffuser tout autour de moi dans l’espace. Je sens que le temps a de moins en moins d’emprise sur nous, ralentissant tous les mouvements qui soient, allant des hommes qui marchaient ou tournaient les pages des livres jusqu’à la moindre petite particule de poussière poussée par les plus fins courants d’air. L’heure ne tourne plus et les bruits s’estompent peu à peu pour laisser place à un silence inhabituel et troublant, du temps qui venait de mourir sous mes ordres et ce jusqu’à ce que lui ordonne de recommencer à nouveau son cours. Je venais de créer un espace-temps parallèle au notre, un endroit où seul moi et Jared avions le contrôle de nos mouvements et geste, où nous étions les seuls maîtres de ces "statues" et de nous-même ...
J’ouvris les yeux et contemple le monde autour de moi. Je souris car ces moments me rappellent sans cesse que je suis capable de tuer si facilement ce que les hommes arrivent plus ou moins à faire. Ils pouvaient bien se réjouir et me remercier puisqu’après tout, je leur donnais bien quelques minutes (et même quelques heures ! ) de plus à vivre, même s’ils n’en avait pas conscience ...
Souriante, fière d’avoir achevé mon précieux chef d’oeuvre, je lui annonçais alors :

- « Compte à rebours déclenché ! Passons à ta pratique maintenant. Fais-nous voir un peu de quoi tu es capable mon cher Jared ! »

J’attendis un peu qu’il me réponde, mais j’étais si pressée de commencer la leçon à ces adolescents que je suis finalement partie la première, presque en courant vers la salle informatique ...

{Partiels terminés > Réponse immédiate !! Encore désolée pour l'attente BG =( J'espère quand même que le post te plaira ! }

Une opportunité comme aucune autre, une fraternité, non c'était bien plus que cela entre eux deux. Ça dépassait le simple stade d'un jeu dont on se lasserait trop vite … Leurs capacités illimités gainées ensemble leur donnaient des possibilités inimaginées et infinies. À eux deux, ils pourraient causer un soulèvement sans précédent que personne ne serait en mesure de freiner pas même entraver. Et Jared le savait parfaitement. Peut être qu'au départ, c'était un but purement lucratif qui l'avait poussé à l'apprivoiser elle, puis à force de multiplier leurs rencontres, il y avait trouvé bien plus. Cette complicité dans le chaos, inavouée, considérant leur action comme nécessaire ou simplement réglementaire. Une façon que l'on pourrait jugée « honnête » d'utiliser ses dons. Mais c'était bien plus que cela. Au delà de l'aspect du jeu en lui-même, il y avait cette union de deux mutants trop puissants pour être enchainés qui se livraient à un abus excessif de leur don dans le seul but de se distraire. Se fichant de ce qui peut être pensé, appliqué et toléré. Ne jouant que selon leur propre règle du jeu. Peut être était-il dans l'apprentissage pur et dur, afin de savoir ce qu'elle valait sur le terrain, à ses côtés, temporairement, pour ensuite viser un dessein bien moins glorieux. Jared n'avait jamais d'arrières pensées correctes et admissibles. Il rêvait de pouvoir et d'accession, de domination et de supériorité, d'anarchie et de chaos. Servir une cause qu'il jugeait juste. Sa cause. Purement et simplement son propre intérêt et l'accomplissement inachevée d'une vengeance tue ou masquée.

Il ne pouvait dire le comment elle jugeait leurs actions, mais jusqu'à présent, Leslie ne s'était pas opposée à lui. Et plus ils renouvelaient l'expérience et plus il avait l'impression qu'elle y prenait goût. Il ne connaissait rien de son passé ni même de ses frustrations. Pas plus du comment elle investissait sa mutation, le comment elle l'avait vécue, et si encore elle aspirait à une noble cause ou pas. Tout ce qu'il savait et qu'elle appréciait bien trop sa compagnie et que la réciproque était dangereusement vraie. Peut être cherchait-il à la convertir à une autre façon de vivre … Sa façon à lui.
Admirant leur scène vivante, elle attira son attention lui signalant qu'elle était prête pour commencer. Il lui lança un regard averti, lui faisant un signe de la tête en gage d'approbation puis vint lui saisir la main. Un échange de regard profond et intense avant qu'elle lui indique que d'ici une poignée de secondes elle allait mettre le compte tour en branle, stoppant lentement mais durablement le temps. Il avait hâte de la voir à l'œuvre. Son don était d'une précieuse efficacité qui la classait surement en tête de listes des mutants à rechercher. Il la vit fermer les yeux, se concentrant sur leur environnement spatio-temporel, lui, regardait autour de lui, constatant sa spectaculaire perturbation. Les mouvements de chacun alentour se ralentirent pour finir par l'immobiliser telles de parfaites statues à l'expression faciale inchangée et terriblement naturellement. D'une beauté incomparable qu'il en esquissa un demi-sourire, pleinement satisfait de la situation dans laquelle elle les avait plongé. Le temps suspendu, Leslie rouvrit les yeux pour reprendre corps avec leur réalité redessinée, bien plus agréable à vivre. Captant son regard, il put aisément lire la fierté qui ravivait les traits si fins de son visage angélique et malicieux, alors qu'il sentait dans ses mots l'impatience qui la gagnait déjà à l'annonciation de la suite du plan.

– Tu ne va pas être déçue … Lui dit-il lui lançant un clin d'œil avant de la voir filer en premier direction la salle informatique. La rattrapant à la hâte, prenant néanmoins soin de ne pas bousculer quelqu'un, les dégâts pourraient sonner irréversibles. Il finit par la rattraper, la saisissant par les hanches pour pénétrer ensemble dans la pièce. Regardant très vite les deux individus terrés dans un coin assis face à l'ordinateur, Jared dépassa Leslie, se plaçant devant elle, marchant à reculons.

– Admire le spectacle. Lui dit-il dans un franc sourire. S'approchant des deux adolescents, il vint poser une main appuyée sans trop de soutenance, ce qu'il faut pour établir la connexion. Concentrant ses pensées, il atteint rapidement leur vil esprit hanté de pensées permanentes et immédiates loin d'être convenues qu'il s'en fit un régal d'explorer. Jared installa ensuite une idée stable et vive à leur conscient qui les contraindrait à l'exécuter sans se rendre compte de rien, sans en cibler l'origine pas même son étrangeté, qui agirait sur eux telle une pulsion incontrôlée mais imparable. Une impulsion, une compulsion. Il avait misé sur le caractère obsessionnel et irrépressible de l'idée. Retirant sa main, le lien à présent établi, Jared se tourna vers Leslie, satisfait.

– Et c'est parti … Lui dit-il dans un petit rire. Il l'attira alors à l'écart des individus présents dans la pièce mais resta dans une surface suffisante pour pouvoir jubiler de l'humiliation qu'ils allaient leur faire subir une fois qu'elle aura rendu au temps son cours.

Et si je te disais que jamais, jamais tu me verras vivre dans l’ombre. Eh oui, je suis plutôt du genre à survivre dans la lumière …

Je ne vais pas être déçue.
En général non, je ne l’étais pas, puisqu’en travaillant ensemble, nous pouvions accomplir de grandes choses. L’alliance que nous avions formé, Jared et moi, était l’une des plus intéressantes expériences que j’avais l’occasion de pouvoir vivre dans ma vie. Rien, non absolument rien n’avait ressemblé à ça, l’accomplissement de ce fin rituel qui pouvait amener à ressentir de la force et de la fierté, une hausse de l’estime de soi dans un monde où nous étions censé restés cachés dans l’ombre des hommes dépourvus de don.
C’était injuste …
Quel mal pouvait-il y avoir à faire ressurgir notre véritable personnalité, notre profonde nature ? Comment pouvait-on vivre convenablement en la cachant sans arrêt aux yeux du monde ? Qui ne pouvait pas devenir fou en subissant cette norme …
Mais je m’égarai, comme d’habitude …

À présent, nous nous trouvions aux côtés des adolescents aux esprits mal tournés. Mon partenaire se tenant face à moi, je le regardais avec envie que tout commence. Quelque chose me disait que oui, encore une fois, je n’allais pas être déçue. Je lui rendis son sourire et avais très envie de lui ébouriffer les cheveux, rien que pour l’embêter de se montrer aussi sûr de lui et de ses capacités :

- « Allez dépêches-toi donc de faire ton show ! Le public t’attend et t’acclame mon cher Jared ! » Lui dis-je en rigolant.

C’est à ce moment-là que commence la partie la plus mystérieuse du spectacle selon moi.
La toute première fois que j’ai pu le voir réaliser cet acte, je m’étais sentie comme éprise d’un profond sentiment d’admiration et de curiosité, qui continuait toujours de réapparaître à chaque fois que nous amusions à ce jeu. Je n’avais aucune idée de comment il s’y prenait, comment il arrivait à donner un ordre alors que l’esprit de la victime était à chaque fois sous l’emprise du temps. C’était comme si le cerveau était capable de recevoir des informations tout en étant à l’arrêt, d’enregistrer ce que Jared lui commandait de faire … Mais ce n’était pas le moment de s’attarder sur mille et une théorie sur le sujet, nous étions en plein milieu d’une partie tout de même !

J’observais alors Jared en me positionnant sur le côté, sans le déranger, pour pouvoir satisfaire au mieux cette curiosité qui me rongeait. De l’extérieur, je ne voyais rien de très flagrant, juste sa main qui plaquait sur les adolescents afin, je dirais, d’établir un lien. Et en attendant que Jared s’occupait d’eux, je fixais la victime au visage, qui ne se doutait de rien. J’aimais assez bien regarder les gens de près, les observer de fond en comble. J’y étudiais leur défauts, la couleur de leur yeux, les expressions qu’ils gardaient sur le visage lorsque celui-ci s’arrêtait de bouger avec le temps, et pleins d’autres détails encore. Je m’étais rendue compte que rien qu’en ayant cette simple approche, on en apprenait beaucoup sur la personne. Par exemple, un des deux adolescent avait des yeux un peu rouges à cause de vaisseaux fragilisés par un fort abus des écrans …

J’attendis patiemment, ou plutôt non impatiemment qu’il finisse. J’avais hâte de constater ce qu’il leur avait ordonné et lui un grand sourire au moment où il retira sa main pour m’observer et me dire que tout était fin prêt. Je tremblais d’excitation, la partie la plus magique allait enfin pouvoir faire son entrée.
Il m’attira ensuite vers coin reculé des deux victimes, où nous pouvions assister à une scène les plus mythiques et avilissantes …

- « Bien ! C’est mon tour maintenant … Attention, que le bouquet final commence ! »

Un sourire malicieux s’installa sur mes lèvres. J’avais hâte et m’entrepris sur-le-champ de fermer les yeux, me concentrant pour libérer le temps de mes instructions. Ainsi, je lui dictais de reprenne son cours normal, qu’il chasse à nouveau toutes les minutes une par une, qu’il puisse à nouveau être indépendant et d’aller de l’avant, sans que je le perturbe dans son immensité …
Le bruit des pages, des pas traversant la bibliothèque résonnèrent à nouveau. Les murmures se réinstallaient progressivement dans l’enceinte du bâtiment. Le monde, inconscient et innocent de ce qu’il se produisait en ce moment même, s’activait sous nos yeux comme si de rien était …

Et en une poignée de secondes, nous étions de retour dans la réalité.

J’ouvris les yeux et observa mon partenaire de jeu, un sourire au coin des lèvres. Et sur un ton ironique je lui préconisais en lui donnant un petit coup de coude amical :

- « J’espère que tu n’as pas trop été méchant avec eux non plus. Ce ne sont que des adolescents les pauvres… »

Le plus drôle dans toute ça, c’était justement la surprise qui m’attendait en observant le comportement des victimes. Et plus Jared les humiliait, plus je trouvais la scène très, très divertissante …

Ce sourire malsain et vicieux du mec qui se réjouit du malheur ou de la malchance des autres ne quittait pas celui de Jared. C'était un peu comme s'il se prédestinait à pareil parcours et qu'il n'en était que plus fier. Parce qu'il n'était pas un homme de morale ou de parole, parce qu'il ne faisait pas de longs discours sur le bien et le mal, parce qu'il ne défendait pas les causes justes, mais seulement celles qui selon ses critères l'étaient, qui conventionnellement représentaient son contraire. Mais il ne prêchait pas la folie pour autant. Il ne revendiquait que la liberté dans son instantané et sa spontanéité. Pas d'égalité non, les mutants sont des êtres inégalables. Il ne veut de cette fausse cohabitation, qui n'est là que pour conserver les plus forts sous contrôle des plus faibles mais des plus avares. Parce que dépeint de don, ils puisent dans ce qui leur assure la survie, la domination et l'abolition. Le contrôle sans aucun doute … Un sage homme a dit un jour : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Ô bien sûr, ce n'était autre que la bonté et la grandeur qui l'a fait parler ainsi. Mais il n'en était pas moins contre. Jared croyait en ce bouleversement, à la fin de l'assujettissement de son espèce, et au reversement de cette sale humanité. C'était un but ultime qu'il prenait pour mission divine. Et si c'était au péril de sa vie que le combat devrait se mener, il ne se défilerait pas pour autant. Mais bientôt, l'aliénation prendrait fin, et le monde tout entier devra s'en accommoder … Il savait qu'il était un de rares mutants à avoir échapper au recensement, alors il profiterait au maximum de sa condition de fugitif pour faire de son chaos le plus beau des desseins … Et il aurait le dernier mot.

Son comportement sonnait irrévocable et il agissait bien trop souvent avec avidité et détermination, bien trop d'ambitieux surement. Mais c'était de la sorte qu'il régissait sa vie … Dangereux, oui, terriblement hors de contrôle. Leslie ajouta ses mots dans un rire lorsqu'il se livrait à des propos bien trop sûrs. Elle était tout aussi impatiente que lui que ne commence cette leçon de vie tout autant discutable, ça va de soi. Mais à leur manière cependant … Alors qu'elle avait figé le temps pour laisser la place à sa manœuvre de s'opérer avec excellence, Jared vint imprégner dans leur esprit inachevé une idée stable et fixe à laquelle ils ne pourraient déroger. Le mental d'un adolescent était plus de l'ordre du jeu d'enfant tellement il était facile de le corrompre. Il n'y avait pas à passer dans les méandres d'une personnalité trop rigide puisque n'ayant pas achevé leur développement. Néanmoins, c'était auprès d'eux qu'il était le plus intéressants de faire passer ses petites justices gratuites. Bien qu'il avait une préférence pour les adultes en proie à l'adultère, aux personnes aux penchants déviants et aux conduites antisociales, ou encore aux mutants en quête de rédemption. Oui, il se fichait bien de savoir si ce qu'il faisait était bien ou mal, généralement c'était mal et il s'en ravissait. Il avait sa conscience pour lui. Il se fichait bien de ne pas être un modèle d'équilibre ou un exemple de bonne conduite, c'était ce qu'il fuyait par dessous tout. Et pourtant, il continuait de fasciner et d'intriguer. Mais si on peut avoir les bénéfices sans les bienfaits, il était preneur.

Une fois son action établie, ils la conduit en retrait, conservant néanmoins une vue optimale sur leur scène. Leslie pouvait enfin donner le dernier coup de pinceau à leur chef d'œuvre achevant la toile pour le plus beau des ouvrages. Ce sourire malicieux qui rendait ses yeux pétillants d'excitation, un demi-sourire vint se dessiner sur ses lèvres alors qu'il la regardait rendre au temps son cours. Les éléments se mirent à s'agiter autour d'eux, petit à petit, par phases de mobilité jusqu'à ce qu'en quelques secondes, le monde retrouve sa splendeur de mouvement. Les gens vaquaient à nouveau à leur occupation, inconscients de l'absence qu'ils venaient de vivre. Leslie était une experte dans son domaine, elle serait capable très bientôt de grandes choses, il en était certain. Il ne savait depuis combien de temps elle était consciente de sa mutation, mais ses dons forçaient le respect. Lui donnant un petit coup de coude, ramenant inévitablement l'attention de Jared sur elle, elle lui dit ses mots avec ironie.

– Dis toi juste qu'indirectement on œuvre pour le bien de la société. On ne les reverra pas de sitôt trainer sur des sites pornos en public … Lui dit-il éclatant de rire.

Un violent bruit de chaises que l'on renverse se fit entendre, ramenant leur regard sur la scène qui se jouait devant eux. Jared prit un air interloqué comme beaucoup de monde autour d'eux. Les deux adolescents se levèrent sans ménagement, provoquant un vacarme assourdissant attirant donc l'attention du monde autour d'eux. Ils se mirent à hurler des termes peu formulables haut et fort s'agitant d'une façon suggestive qui pourrait laisser penser qu'ils étaient pris d'une bouffée délirante aigüe. Ils se mirent ensuite à se déshabiller devant tout le monde, enchantant une petite mélodie très accordée. Les gestes se passaient aisément de commentaires. Les femmes indignées commencèrent à quitter l'étage, d'autres se mirent à réclamer que cela cesse, certains allèrent même chercher la sécurité. Les enfants furent éloignés. Les deux adolescents perpétraient cependant toujours leur show, à présent en sous-vêtements, les jeans sur les chevilles, entrechoquant leur corps dans une position évidente ne s'arrêtant d'attirer l'attention.

Jared contint un petit rire face à ce spectacle hilarant. Il ne faisait qu'insinuer l'idée de base dans le cerveau des gens. Seul l'être humain par son comportement et ses fondements était maitre de la façon dont se projetait au dehors l'illusion et sa réalisation. Deux vigiles arrivèrent alors à l'étage concerné. Jared entraina Leslie par la taille entre deux rangées de livres, s'extirpant du décor. Lorsqu'un des gardes chargés de la sécurité empoigna un adolescent, l'illusion se rompit aussi net, laissant les deux jeunes dans l'hébétude de leur situation mais surtout face à une réalité bien moins plaisante. On surprit des excuses dans le vent formulées alors qu'ils furent sorti sans complaisance au rez-de-chaussée, la police surement déjà en chemin. Un sourire glorieux peignait les lèvres de Jared alors qu'il regardait Leslie, fier de leur travail. Néanmoins, ils ne devraient pas trainer s'ils voulaient éviter les ennuis à venir, témoins demandés à comparaitre.

Nous somme des fantômes errants. Personne ne nous voient et pourtant, nous sommes parmi les hommes, utilisant nos effrayants talents pour nous divertir ...

Attendez là, je reprends ...
Plus Jared les humiliaient en public, plus je trouvais cela très, très divertissant ...
Maintenant que je repense à ça, c’était tout à fait surprenant de m’écouter énoncer ce genre d’idée, comme si j’étais devenue une sorte de ... de sadique qui prenait un malin plaisir à se moquer du ridicule d’autrui (ou son malheur, c’est aussi une possibilité).
Mais, il ne fallait pas se voiler la face ; j’aimais voir agir nos victimes de façon aussi stupide que leur pieds, bien que je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. Enfin, en y réfléchissant un peu, la raison n’est pas aussi profondément cachée qu’elle n’en a l’air ...

Je pense que c’était dû à ce sentiment nouveau, quelque chose que je ne comprends pas mais dont je ne m’inquiétais pas vraiment puisque je l’appréciais tel qu’il se présentait à moi quand nous nous amusions avec Jared. C’était ... C’était comme un sentiment de liberté, de libre arbitre de nos dons. On faisait ce qu’on voulait, quand on voulait. Aucune personne nous regardait de travers, et ne nous voyait encore moins comme des mutants ... Enfin ... Disons pas encore puisque bientôt, ces deux ados auraient sûrement des doutes sur ce qu’il se passera dans les quelques minutes à venir.
En observant les premières fois où mon partenaire de jeu jouait ses atouts sur les victimes, je m’étais rendus compte à quel point j’étais différente des humains, à quel point nos étions puissants, nous mutants. Et surtout, à quel point que les hommes pouvaient être très facilement à notre merci ...
Et que disions-nous pour justifier nos actes ?

- « Pour le bien de la société oui ! Je ne vois pas pour quoi d’autre après tout ! »

Tout ça avec le sourire en plus !

Mais je ne m’en voulais pas pour ce que je faisais, au contraire. À quoi bon peser le pour et le contre pour ce genre d’action maintenant qu’on avait toutes les cartes en main et que la partie était en cours ? De toute manière, il n’y avais aucune raison de regretter quoi que se soit, puisque jusqu’à aujourd’hui, nous avons parcourus un long chemin ensemble. Un chemin dont il était difficile de quitter après avoir goutter à tant de plaisir gratifiant.

Soudain un bruit de chaise nous fit tourner la tête sur l’instant fatidique. Enfin ma patience serait récompensée en appréciant ce tout nouveau spectacle ! Les choses (ou pas) allaient enfin pouvoir commencer ...
D’abord, grâce à l’entrainement de nos actions antécédentes, j’arrivais très aisément aujourd’hui à imiter une tête d’étonnement ou de consternation. Alors que l’excitation était à son comble, je me reprenais. Personne ne devait voir, ou simplement se douter que nous étions les auteurs des malheurs des autres, ou encore leur donneurs de leçon. Et même s’il y avait au fond peu de risque qu’on nous accuse, mon pouvoir les rendant inconscient de nos actes, je préférais néanmoins ne pas trop m’avancer et rester discrète jusqu’à ce que le jeu soit terminé.

J’observais la scène ... Je voulais rire et rire encore. Cette joie, mes lèvres n’ont pas pu y résister et un sourire s’afficha. Je mis ma main devant la bouche, les yeux fixés sur ses ados hurlant de tout et n’importe quoi. Sur ce coup là, Jared n’y était pas allé de main morte ... D’autant plus qu’à son humble habitude, il riait du spectacle sans l’intention de se cacher.
Bah oui après tout, on est là pour s’amuser non ? Alors rions !

...

Le spectacle était effectivement hilarant. Si on écartait le fait que tout ceci n’était qu’illusion, il était tout à fait crédible de penser que ces deux adolescents le faisaient exprès, rien que pour embêter ces personnes trop studieuses et ennuyantes à mourir. D’ailleurs, je ne faisais même plus attention à elles puisque j’étais bien trop occupée à pleurer de rire, jusqu’à en avoir mal au ventre. Il faut dire, ce n’est pas pour rien que ce jeu était l’un de mes préférés, peut-être même le numéro un de la liste.

Je n’entendis et ne vis en aucun cas les vigiles pointer le bout de leur nez. Ce fut Jared qui me tira rentre deux rangées de livres, sûrement pour nous éviter de nous faire trop remarquer. J’avais encore une fois perdue toute vigilance, mais je m’en fichais pas mal car dans tous les cas, je saurais toujours m’en sortir indemne en figeant le temps et en fuyant.
Ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait et j’étais tout à fait capable d’utiliser mon don en public pour ma propre sécurité et pour me défendre. De toute façon, personne ne pouvait se rendre compte que je l’utilisais, c’était tout bonnement impossible.
Mais voilà que les vigiles emmenaient les deux garçons à l’extérieur du bâtiment, à tout les coups pour donner une bonne correction à ces coquins ! Haha et oui, ils le méritaient bien après tout, c’était pré-définit, ils n’avaient pas le choix. J’avais même envie de les suivre, histoire de me focaliser encore une fois sur le visage honteux et et ahurit des deux jeunes garçons victimes de notre magie.

- « Je te félicite encore une fois Jared, c’était un spectacle vraiment éblouissant ! Bon travail. »

Non, et je le savais, encore une fois, je n’avais pas été déçue ...
Je le regardais aussi, un sourire malicieux au bord des lèvres. Quelle équipe de choc ! Parfois, je me demandais ce qu’on fichait à New York à gambader dans la rue à la recherche de ce plaisir à partager par ce jeu, alors que l’on méritait bien mieux de se mesurer à des parties nettement plus complexes et difficiles à réaliser, aspirant à toujours plus de challenge à relever ! Bref, des parties à notre niveau ...

... Bah oui, et pourquoi pas jouer aux Agents secret 008 et 009 pendant que j’y étais ? Quoi que, si on réfléchissait bien, aucunes missions auraient été trop difficile à faire, rien ne pouvait nous arrêter ...

Je secouais la tête et riait un peu. Mais à quoi je pensais là ! C’était ridicule et complètement insensé.
Bref, je tournais la tête vers Jared. Et maintenant, comme à chaque fois que nous finissions une partie, le mieux était de quitter les lieux en vitesse pour nous éviter des regards douteux, ou même pire, voir arriver les problèmes que nous voulions à tout prix éviter.

- « On ne devrait pas traîner ici. Viens ! » Lui dis-je en lui prenant la main et se dirigeant vers la sortie.

En repassant dans l’édifice, je saluais une nouvelle fois la secrétaire et sortie. C’est avec joie que je revis les deux adolescents s’habiller encore, puis partir en courant, apeurés. Qu’est-ce qu’ils devaient se dire, que c’était le coup d’un fantôme ? Oui c’est vrai, je vois bien l’intrigue de fantômes hantant la bibliothèque et possédant des hommes en pleins jours, juste pour rigoler !
Quoi que, être prit pour des fantômes, ce n’était pas une si mauvaise métaphore après tout ...

Il n'y avait pas de plus beau spectacle que celui qu'ils venaient de livrer au monde en cet instant. Une preuve véridique et indérogeable de l'écrasante supériorité dont ils faisaient preuve lorsqu'ils se trouvaient l'un avec l'autre. Cette union grandiose et destructrice qui lentement lui faisait penser que bientôt elle marcherait dans ses rangs … Peut était-ce déjà le cas … Peut être n'avait-elle fait qu'un pas. Mais à voir comment elle prenait son pied en torturant de pauvres innocents lui laisser considérer une telle optique positivement sans nostalgie aucune. Bien sûr Jared ne se limitait pas au simple fait de donner des leçons à cette dégradante humanité. Et c'était en cela qu'il devenait dangereux. Il ne s'arrêtait pas seulement au rôle du chevalier noir, qui fait le bien dans l'ombre mais qu'on soupçonne des pires atrocités. Non … Il poussait le vice bien plus loin et pas toujours dans le sens qu'on l'entend. Rarement ses actions se faisaient légitimes et justifiées. Ce n'était pas non plus une question d'éthique … Non, ce n'était que le mal à l'état pur et brut de sa forme. Le simple fait de le faire pour le faire, pour le bien qu'il provoque à sa personne de retirer plaisir et satisfaction à voir souffrir les autres. Du sadisme et rien d'autre. Une explosion de bestialité et de perversion qui le faisait sombrer dans le plus obscur des desseins mais qui l'enchantait de rêver de cruauté et barbarie. Ce culte de l'inhumanité qu'il entretenait depuis maintenant tant d'années … Tout avait commencé à l'aube de ses 14 ans … et depuis, ça ne l'avait jamais quitté. Une conception qui dirigeait sa vie sans mais ni peut être …

Oh bien évidemment, il ne disait pas qu'il ne savait pas donner le change, l'aversion qu'il éprouvait envers la race humaine pouvait se camoufler habilement. Ne se considérant plus comme un des leurs mais bien un tout de cette race mutante dont il embrassait pleinement la destinée. Il avait parfois des doutes quant au gène de la violence qui l'animait à supposer qu'il en existe un … Mais après tout, il ne savait rien de sa famille, de ses descendants ou encore du gène mutant qui a tracé sa généalogie. Parce que tout avait toujours été tu, il avait vécu sa révélation comme une rupture franche et décisive. Et il savait que si c'était à refaire, il referait à l'identique. Il n'éprouvait le moindre regret à l'égard d'aucune de ses actions passées. C'était terrible d'en concevoir la chose, et il pourrait mériter la mort pour bien des pensées ou des actions qu'il met en œuvre, mais après tout, qui serait assez fou pour venir s'en prendre à lui ? Pour le reste du monde, il n'est qu'une ombre qui cause malheur et destruction mais une ombre malgré tout. Sans visage, sans nom, pas plus de référence. Il n'a pour dire vrai pas même de consistance et de persistance, le recensement ne l'ayant pas encore eu … Et il compte bien perdurer de la sorte encore longtemps. Agir dans la discrétion et la finesse lui plaisait plutôt bien. Il n'était connu pour certains qu'en tant que Jared Diskant, ce mec sans histoires qui la ramène surement un peu trop, à l'arrogance et la sur-estime bien trop développées, mais qui fascine plus qu'il ne terrifie. Et pour d'autres sous « Shadow » ce mutant dont on connait de nom qui se retrouve à l'origine de bien des horreurs mais dont on ne peut jamais prendre sur le fait … Mais jamais dans son assemblage et sa totalité. C'était comme si pour la face du monde il était deux personnes différentes. Sans aucun lien possible entre l'un et l'autre, inconcevable. Seuls ses victimes pourraient en témoigner, or … tout le monde sait que les morts ne parlent plus …
Et il était plus que satisfait de soutenir un tel contraste aussi fièrement et avec autant d'efficacité. On ne le surnommait pas le joker pour rien …

Face à un tel chef d'œuvre, sous la contemplation d'un tel tableau, Leslie eut beaucoup de mal à retenir une crise de fou-rire que sa main en aide appuyée sur ses lèvres venait en étouffer ses ricanements. Une telle scène avait eu pour don de beaucoup lui plaire et il n'en était que plus flatté. Lorsqu'ils unissaient leur force, il n'était que plus ravi du résultat qu'ils obtenaient. Ils décuplaient leur potentiel, pas pour le meilleur, mais l'intensité n'en restait pas moins ravageuse. L'équipe qu'ils formaient faisait des ravages considérables mais il ne voyait dans leurs actions qu'un simple retour des choses. Il ne pouvait dire où elle se situait vis-à-vis de tout cela, de leur collaboration et de leurs actions communes et engagées, mais il pouvait dire qu'elle prenait un plaisir fou à réitérer en sa présence. C'était comme s'ils étaient fait pour se trouver … Inexpliqué et à la fois enivrant. Cette attraction pour un but loin d'être désintéressé et recommandé … une divine alliance.

Alors qu'ils l'avaient attiré à lui pour sortir du champ de visions des vigiles chargés de la sécurité de la bibliothèque, ils purent redescendre lentement sur terre après un telle transe. Ce sourire qu'elle affichait avec joie et euphorie ne quittait pas ses lèvres. Elle vint alors le féliciter de cet exploit et il la gratifia d'un signe de tête.

– Je ne voulais surtout pas te décevoir … Mais sans toi, cela n'aurait jamais été aussi parfait vois-tu …

Une telle réalisation, sans elle, n'aurait pu être possible sans se mettre à découvert et courir des risques inconsidérés. Elle était son bouclier de protection … Il retrouvait cette air malicieux et intéressé sur ses traits alors qu'elle le regardait fixement et qu'il lui sourit pleinement assouvi en cet instant présent. Riant légèrement, Leslie prit l'initiative de lever le camp, consciente qu'ils ne pouvaient s'éterniser dans le coin. Sentir sa main enserrer la sienne, il haussa un sourcil intrigué avant de la suivre jusqu'au hall d'entrée. Les deux adolescents secoués, terminaient de se rhabiller en vitesse avant de s'enfuir tels des forcenés, allant raconter ou plutôt taire ce qu'ils venaient de leur arriver. Cela demeurerait leur secret … et plus jamais ils ne s'aventureraient à regarder du porno en public et surtout pas à s'en vanter …
Traversant le hall sans soupçon aucun, ils sortirent de l'édifice avec cette fierté apparente d'être insaisissable, il lui dit, une fois à l'extérieur.

– Il vaut mieux que l'on se sépare ici, je ne veux pas qu'on nous repère trop longuement ensemble. Lui dit-il retrouvant son éternelle impassibilité. Il vint néanmoins enserrer sa taille fine dans un geste extrêmement tendre, déposant un baiser sur sa joue avant d'ajouter, confiant et sûr de lui, captant son regard. À très bientôt Lesly … Lui glisse t-il, un demi-sourire sur les lèvres, avant de passer à côté d'elle et de disparaitre dans la direction opposée.

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