Un bruit lointain lui vint aux oreilles, un sifflement léger qui la fit soupirer d'agacement. D'un geste brusque, elle ramena sa couette sur ses oreilles, dans l'espoir vint de ne plus entendre son réveil tenter de la sortir de son lit. Impossible de retourner dans les bras de Morphée, le réveil commençait à s'impatienter, brayant de plus en plus fort. Amarante finit par sortir la tête de ses draps, l'air totalement hagard, les cheveux emmêles et le regard perdu. Le bruit strident commençait à l'agacer et pas moyen de trouver le réveil dans tous le bazar de sa chambre. Un soleil éclatant éclairait la pièce bordélique, l'obligeant à plisser les yeux. Elle finit par se laisser guider par le bruit, tombant à la renverse plusieurs fois avant de parvenir à éteindre ce fichu engin de malheur qu'elle envoya valser plusieurs mètres plus loin. Saleté de réveil, saleté de boulot. Amarante n'avait pas le choix que de se bouger et vite, si elle ne voulait pas arriver en retard. Elle se leva en trainant les pieds, direction la salle de bain, songeant qu'elle aurait le temps de prendre un petit déjeuner si elle ne trainait pas trop … C'était sans compter sur son manque d'organisation. La demoiselle passa beaucoup trop de temps à tenter de dompter sa chevelure emmêlée. Résultat, elle finit par sortir de son studio en courant, les cheveux trempés, enfilant sa veste à la va vite, en retard d'au moins dix bonnes minutes. Ses chaussures claquant sur le bitume à un rythme effréné, elle songeait au mince espoir d'attraper le métro rapidement pour combler son retard. La chance finit par lui sourire. Juste avant de s'engouffrer dans la bouche de métro, elle croisa l'un de ses collègues qui filait à travers les bouchons de New York sur son vieux scooter. Elle l'interpella sans hésiter, hurlant de tous ses poumons pour qu'il s'arrête. Ce qu'il fit, sans avoir le temps de discuter, elle était déjà derrière lui, de toute façon il n'avait pas intérêt à dire quoique ce soit ! Roban, son collègue, lui avait déjà proposé mainte et mainte fois de l'amener, chose qu'elle avait toujours refuser, il avait l'occasion de jouer au chevalier, il n'allait pas s'en plaindre non plus. Les deux réussirent à arriver à l'heure, avec les 5 minutes d'avance demandées. Le temps d'enfiler leur uniforme turquoise/orange et ils étaient déjà en salle en train de préparer le café pour l'ouverture imminente. Le patron n'était pas encore la, le jeudi c'était elle et Roban qui étaient chargés de l'ouverture, une tâche fastidieuse qu'elle n'appréciait pas vraiment.

« Roban, t'as mit les cupcakes sur la devanture ? »
« Mais oui … » soupira l'intéressé.
« Et les donuts ? »
« Aussi … Relax, on est dans les temps ! Et c'est pas grâce à toi … » lâcha-t-il, moqueur.
« Tss … » siffla-t-elle en lui donnant un coup de coude.

L'heure d'ouverture arriva, les premiers clients aussi. Le café faisait beaucoup de vente à emporter le matin, plein d'hommes ou de femmes d'affaire qui achetaient leurs cappuccinos et leur donuts ici. Ils étaient réputés pour être excellent et bon marché. Puis le soleil faisait sortir les New-yorkais, quelques uns s'étaient installés sur la terrasse du café, profitant du beau temps tout en lisant le journal du jour. La matinée fila rapidement et enfin l'heure de la pause tant attendu. Entre temps le patron et une autre employé étaient venu prêté main forte, les heures de midi étant infernal niveau fréquentation. Passé ce cap, la journée se faisait beaucoup plus tranquille. Il était 13 heures passé, Amarante et Roban avaient largement mérité leur pause. Les deux employés s'étaient installés dans un coin de la terrasse rempli de clients, tellement qu'il n'y avait plus une seule place de libre. Sirotant un smoothie, Ama profitait de sa pause en lisant un bouquin, appréciant le soleil de cette journée, jusqu'à ce que la fumée de la cigarette de son collègue ne lui vienne au nez, la faisant instantanément grimacer.

« 'Tain Roban tu fais chier, va fumer ta clope ailleurs ! » grogna-t-elle.

L'intéressé haussa les yeux au ciel avant de filer, téléphone à l'oreille en pleine conversation avec sa petite amie du moment. Se retrouvant seule, Amarante pu profiter d'un peu de tranquillité et d'air pur, sans se douter qu'elle serait bientôt interrompue …

Isabelle en était maintenant rendue accro. Les capuccino, les cafés veloutés, corsés, vanille française, avec de la crème fouetté, moka, un grand, petit, dans une tasse ou dans un verre à apporter, avec un soupçon de chocolat, caramel, mente, cannelle... Isabelle était maintenant rendue accro au café. C'était son petit remontant de l'après-midi. Lors des longues marches ou des journées un peu plus froides. Bref, elle arrêtait probablement chaque jour dans ce qui est devenu son restaurant préféré. Ce petit café de New York était plus que parfait. En plus, d'avoir les meilleurs cafés du monde, les beignets et les biscuits suivis des croissants et des chocolatines n'était non loin derrière. Bref, Isabelle avait donc décidé de se rendre au café se chercher un petit remontant. Malgré avoir expliqué à Pepsi que ça ne prendrait que quelques minutes, la chienne décida tout de même de l'accompagner. Ce ne fut pas long qu'Isabelle devina que la chienne voulait simplement le fameux beignet triple noisette fait avec de la pâte de beurre d'arachide. Isabelle et la chienne arrivèrent donc dans le café bondé. Les chiens n'étaient pas permis à l'intérieur, mais à la terrasse, oui. Elle se dirigea donc vers le comptoir de commande pendant que Pepsi se faufilait vers la terrasse.

- Alors, ça sera un grand capuccino suprême à la Vanille française.

- Quelle garniture avec la crème fouetté ?

-Chocolat noir

-Et c'est à quel nom ?

-Isabelle Carter

-Ça ne prendra que quelque minute. Autre chose ?

-Oui, un beignet triple noisette.

-Et Voilà ! Bonne journée !

-Merci !

Isabelle se dirigea donc vers le côté du comptoir afin de laisser place à un autre client. Elle pris son capuccino et se dirigea vers la terrasse la oui Pepsi l'attendait déjà. Le café était plein. La terrasse aussi. Par contre, elle vit un homme se lever de sa chaise et se diriger vers la sortie. C'était sa chance. Elle se dirigea rapidement avant que quelqu'un n'aperçoive cette place de choix. Après quelque enjambé et deux ou trois « Pardon », elle arriva au siège. Afin d'être certaine que cette place était disponible, elle demanda à la jeune fille qui occupait la place située à côté du siège libre.

-Excusez-moi ! Est-ce que cette place est réservée ?

Isabelle regarda la demoiselle. Amarante, qu'elle s'appelait.