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QUAND LA VERITE NOUS RATTRAPE

La chasse au mutant était déclarée. Les fédéraux étaient sur une piste qu'ils jugeaient importante. En réalité, il s'agissait simplement d'un signalement. Un mutant non recensé qui avait pris par surprise une voisine effrayée. S'ils avaient su toute l'histoire, ils auraient certainement su que la voisine en question était en train de faire un malaise et que le mutant en question avait simplement usé de son pouvoir de télékinésie pour ensuite pouvoir la soutenir. La brave femme avait alors cru à une agression, ce qui lui donna un sacré coup de fouet pour venir frapper le mutant avec son sac à main. L'homme, déboussolé par son attitude, recula, soumis à cet instinct de survie qui s'imposait à lui. La dame avait alors crié au mutant dans tout le couloir et alerté les voisins des autres appartements. Quelqu'un s'était chargé de téléphoner aux policiers qui avaient immédiatement consulté le registre des mutants pour finalement s'apercevoir qu'il n'y figurait pas. Une unité avait alors été envoyée pour interpeller ce mutant et faire en sorte qu'il se recense comme la règle l'exigeait aujourd'hui aux Etats-Unis.

Voilà ce que les fédéraux appelaient une mission importante. Pourtant, la jeune Jaelyn cherchait encore à savoir pourquoi ils tenaient tant à l'emmener pour cette mission. Elle était d'une banalité effrayante et promettait un ennui écrasant. Elle était cependant à l'arrière de la grosse voiture noire, deux autres fédéraux à ses côtés et son pot de colle de gardien à l'avant. Celui qui était chargé de la surveiller et de tenir des comptes aux grands patrons. La jeune femme restait silencieuse, observant le soleil éclatant qui resplendissait au-dessus de New-York à cet instant. Elle aurait préféré être n'importe où ailleurs qu'ici à cet instant. La voiture stoppa sa course devant un immeuble mal famé et on ordonna aux deux mutants de rester devant la porte au cas où celui qu'ils qualifiaient de fugitif ne serait pas coopératif. Les bras croisés, l'air lassé et ennuyé, la jeune demoiselle se tenait contre le mur de l'immeuble, allant même jusqu'à bailler pour agacer un peu le mutant qui l'observait d'un air suspicieux. Comme si elle allait tenter quelque chose maintenant, comme ça. Les fédéraux avaient cependant fait preuve d'une certaine intelligence puisque quelques minutes plus tard, le mutant non recensé sortit du bâtiment en courant, prenant soin de déplacer une poubelle et de la diriger vers Jaelyn et son coéquipier pour les stopper. La brune réussit à l'éviter et la chasse pouvait à présent commencer. Les quatre fédéraux se mirent alors à courir après le mutant, cherchant à le rattraper pour que Jaelyn puisse le mettre chaos. Mais les rues étroites et discontinues du Bronx ne facilitaient pas la tâche aux agents. Surtout que le télékinétique s'amusait à mettre des obstacles partout sur leur chemin.

L'un d'eux atteint Jaelyn qui s'écroula, laissant les fédéraux prendre de l'avance. Elle mit quelques instants à se redresser, observant ses collègues disparaître dans une nouvelle ruelle. Souriante jusqu'aux oreilles, elle prit tout son temps pour dépoussiérer son t-shirt et se remettre en route à petits pas. Elle entendit des éclats de voix et comprit aussitôt qu'ils avaient fini par attraper le mutant. La jeune femme fit alors semblant d'apparaître essoufflée au coin de la rue, observant le mutant qui s'était jeté dans un cul de sac. Son coéquipier était déjà chargé de le coincer pour mieux l'embarquer. Menotté, il tentait tant bien que mal de faire voler tout ce qu'il pouvait. Malheureusement, la partie était perdue pour lui.

Croisant les bras, elle ne s’attendait à ce que son collègue passe près d'elle, souriant et lui demande d'envoyer une décharge au mutant pour le maintenir inconscient et que le trajet soit plus simple. La jeune femme détourna les yeux en attrapant la nuque du mutant pour faire venir une décharge violente qui parcourut tout son corps. Le mutant tomba et son collègue put l’embarquer comme il se devait.

La jeune mutante observa les fédéraux disparaître du cul de sac, elle baissa ensuite les yeux au sol, attristé de voir comment les mutants étaient traités. Elle n’en était plus vraiment surprise à vrai dire, elle savait très bien le sort réservé aux mutants qui refusaient le recensement. Elle savait encore mieux ce qui arrivait à ceux qui étaient jugés dangereux par leur pouvoir et pire encore, ceux qui faisaient partie de la confrérie. Si elle ne portait pas ces derniers dans son cœur, ils étaient comme elle, des mutants. Ils faisaient tous partis de la même équipe et pourtant, Jaelyn se chargeait, à contre-cœur, de les chasser tous. Une condition qui la dégoûtait d’elle-même. Elle soupira en entendant des pas revenir vers elle. L’un des fédéraux lui demanda ce qu’elle faisait et, lassée, elle répondit qu’elle rentrait chez elle, sa mission était terminée. Elle n’avait pas l’intention de rentrer avec eux, elle avait besoin de marcher, de s’aérer l’esprit. Elle était loin de se douter que cette action avait été observée et qu’elle allait avoir à faire face à une très mauvaise surprise.