Je m’ennuie un peu, seule à la maison. J’ignore où mon frère a bien pu disparaitre et ce qu’il manigance. Mais il ne m’a pas téléphoné ni répondu à mes appels. Je ne m’inquiète pas outre mesure, c’est juste que j’ai du temps et j’aurais aimé le passer avec la seule personne que j’aime et qui compte pour moi. Mais à défaut, je suis assisse seule dans mon salon, un roman posé sur les genoux. Mes yeux divaguent vers la fenêtre et j’observe le soleil qui brille sur les toits de New York. C’est une belle journée, vraiment, et c’est triste de la passer enfermée. Je reste un moment pensive à observer l’extérieure, avant de ramener mes yeux sur mon livre. Oh, et puis zut prendre l’air ne me fera aucun mal. Je ferme le bouquin et le dépose soigneusement sur la table base. Je m’étire lentement et paresseusement dans le divan avant de me diriger vers la chambre. Je jette le bas de training et le sweatshirt trop ample négligemment sur mon lit et file sous la douche. Un peu d’eau tiède ne pourra que m’éveiller un minimum et me booster. Une fois la douche finie, je m’enroule dans un essuie et va voir ce que je pourrais bien porter pour cette petite sortie. J’opte rapidement pour un chemisier cintré et un jeans noir serrant, et bien sur mes éternelles bottes noires. Je laisse mes cheveux pendre librement, et je quitte vite fait la maison avant de changer d’avis, avec mon sac et une veste en jeans. Direction Times Square, et son côté touristique avec peut-être une petite séance féminine de shopping improvisée en solitaire. Se faire plaisir n’est pas un crime, et cela m’occupera un peu l’esprit.

J’emprunte le métro pour me rendre de chez moi à Manhattan et puis de là je me rends à pieds dans Times Square. Le temps chaud avec sa petite brise légère est plus qu’agréable. Il y a pas mal de monde dans les rues en cette douce après-midi. Je savoure le climat, et repère la légère pointe d’humidité qui est dans l’air. Je m’arrête pour m’acheter un café malgré la bouteille d’eau que j’ai dans mon sac à main. Mais elle ne sert pas forcément à m’hydrater. Et puis j’ai envie de caféine. Mon gobelet en main, je continue à errer librement, m’arrêtant de temps à autre devant une vitrine pour admirer le contenu et les prix souvent exorbitants. Je savoure lentement le breuvage chaud et sucré, tout en fouinant. Finalement j’entre dans un magasin de gadget divers et observe un peu mieux. Un objet de décoration serrait le bienvenu pour illuminer mon intérieure. J’ai toujours mon récipient en main, alors que je fouille observant les cadre avec leur paysage soit disant peint à la main. Oui, si ça s’est de vraies aquarelles … Je regarde aussi les vases et leurs formes parfois étranges et biscornues, leurs couleurs criardes et immondes. Aucun sens du goût pour vendre ça et encore moins ceux qui els achètent. Il y a aussi des objets dont l’utilité et la beauté certaines me sont inconnues, et qui me font sourire d’amusement. Et finalement je m’arrête devant un ensemble de statut. Il y a là des fées et dragons, des anges et démons et des sirènes… J’en prends une dans ma main libre et sourit. J’en suis une, d’après Jared qui m’a surnommée la petite sirène, ce qui m’a permit de me trouver un nom de mutant : Sirena. Je suis tentée d’en acheter une et de l’installer sur mon étagère en face du divan. Je me demande ce que mon frère en dirait… Je repose la statuette, cherchant une qui me correspondrait le mieux et recule d’un pas.

Après quelques minutes, je trouve une sirène qui me semble parfaite. Elle est brune à la peau de nacre, allongée sur un rocher recouvert plantes aquatiques. Ses yeux verts fixent un dauphin sur lequel elle a la main posée. J’aime beaucoup la composition. Je me retourne et me prends un choc assez violent. Je n’avais pas remarqué l’homme passant dans me dos. Le choc me fait légèrement vacillé et j’évite de lâcher la statuette, par contre mon gobelet de café maintenant froid atterri sur le sol et Sali mes bottes. J’retrouve les lèvres de surprise et relève les yeux vers l’inconnu. Un jeune homme qui me regarde aussi surpris que moi et avec un air vraiemnt désolé sur le visage. Lentement je lâche un soupire et offre mon sourire le plus commercial possible.

« Je suis vraiment désolée, je ne vous avais pas vu. J’espère ne pas vous avoir fait mal.» Je déclare en me baisant pour ramasser mon gobelet. Il ne me reste plus qu’à trouver des toilettes publiques pour nettoyer mes bottes et me racheter un autre café. « Vraiment désolée. »

Je suis ce qu’on peut qualifié de fausse sociable. Je n’aime pas particulièrement les gens, hormis Jared et ma grand-mère. Je peux même me passer de relations amicales ou autres. Pourtant je fais un métier assez social vu qu’il serait compliqué de vendre des livres sans parler et se montrer aimable au client. Je suis aussi assez serviable, aidant volontiers une personne en difficulté. Disons qu’en sortant du centre ce ne fut pas évident tout cela. Mais je ne voulais pas être comme les Humains qui m’avaient enfermée et torturée pendant plus de 10 ans. Aussi au début, me suis-je forcée à être gentille, souriante, sympathique et serviable avec tout le monde. Au fur et à mesure c’est devenu naturel, comme un réflexe. Peut-être est-ce dans mon caractère, du moins celui que j’avais enfant. Mais cela n’enlève pas le fait que je peux tuer un Humain de sang froid dans certaines conditions précises. Je n’ai en aucun cas pardonné, ni accepté ce qu’on m’a fait subir. Mon besoin de vengeance est toujours là, étouffant, et me pousse à ne pas aimer les Mutants Collaborateurs ou les gentils Mutants, et encore moins les Humains. Même si parfois, dans certains cas, je laisse les gens m’approcher et s’attacher à moi, même si parfois je m’attache un peu aux autres… Parce que Mutante et fière, certes, vengeresse agressive oui, mais vivante et « humaine » comme tous avec ce besoin de relations sociales pour aller bien… Et quand je croise quelqu’un la première fois, j’essaye toujours de faire bonne figure, de ne pas me griller.

Aussi quand après avoir choisi ma sirène soigneusement, je fais volte-face et percute un jeune homme, je ne lui saute pas à la gorge pour avoir renversé mon café ou sali mes bottes. Entre nous, dans ce genre de situation, il est assez compliqué de savoir qui est en faute. Je m’excuse donc, mon geste vif ne m’ayant pas permis de le voir arriver réellement. Je l’observe aussi, je n’espère pas savoir s’il est Mutant rien qu’au regard, mais j’aime mémoriser la tête des gens. Historie que si on se recroise et qu’on m’aborde je garde suffisamment de souvenirs pour en pas paraitre vraiment associable et hautaine. Il est un peu plus jeune que moi et zappé de manière… euh…classe, je dirais. Je regarde mes bottes souillées de café, enfin je le nettoierais et relève à nouveau le regard sur le jeune homme. Il semble ennuyé de devoir abandonner son but, mais ne bouge pas s’excusant même. Il insiste sur le faite que je ne dois pas m’excuser… Je reteins un sourire. Bon ok, si il n’y a que ça pour lui faire plaisir, il est responsable … Je ne vais pas me prendre la tête avec lui pour cela non plus. Je le trouve amusant le petit, parce que même si en taille ce n’est pas le cas, en âge je le devine plus jeune que moi. Peut-être pas de beaucoup, il doit avoir la vingtaine.

«Oui ça ira, je n’ai rien. Si vous voulez pour le café… Thérèse. » Je réponds en tendant ma main libre pour serrer le sienne, l’autre tenant toujours la fameuse sirène.

Mon étonnant compagnon se décide ensuite à frotter mes bottes. Là, ça devient embarrassant. Mais avec un tissu je doute que ça marche vraiment, aussi je sors de mon sac la bouteille d’eau et me penche pour en verser sur les chaussures. Je les frotterais mieux ne rentrant, mais ça évitera au café de laisser des traces et au cuir de coller.

« Non c’est du cuir, un peu d’eau et du cirage et elles seront comme neuves. Ne vous en faite pas pour ça. Au fait il y a un café au bout de la rue, c’est de là que viens le mien... Mais il faut d’abord que j’aille payer ceci. » Je réponds avec un sourire poli.