L'informaticienne pianotait sur le clavier depuis plus de quatre heures maintenant, une casquette de base-ball vissée sur le crâne et son troisième gobelet de café Starbuck à moitié vide à portée de main. Sur sa gauche, un gamin s'excitait comme une puce en braillant à ses camarades de jeu en réseau "d'arrêter de le tuer".

*C'est le jeu pourtant... Alors sois plus fort ou ferme ta gueule !* C'était la pensée qui lui trottait dans la tête depuis maintenant une bonne heure ; mais comme elle ne voulait surtout pas se faire remarquer - la moindre embrouille pouvait rameuter les flics, donc les contrôles d'identités qui lui refourgueraient automatiquement les Agents du Gouvernement aux fesses - la jolie brune préféra prendre sur elle et essaya de se concentrer sur ses recherches.

Elle parcourait avec curiosité et même avidité les sites des journaux du pays, cherchant à se tenir informée des dernières actions de la Confrérie, des mutants plus neutres et des mesures prises ou envisagées par les autorités sur les lieux concernés,afin de pouvoir ensuite venir en aide - au travers de la toile via sa piaule au QG - aux mutants et les aides à disparaître. Avis de recherches, casier judiciaires et toute trace informatisée de la traque disparaissaient comme par magie à des milliers de kilomètres. Faire passer tous les feux au vert pour provoquer des accidents et saturer les services de secours, déclencher les alarmes silencieuses des banques ou encore plonger une ville dans le noir absolu en fermant les réseaux d'alimentation énergétique était monnaie courante. De par son pouvoir, elle pouvait potentiellement contrôler le monde technologique dans son ensemble.

Quant à sa présence dans un cyber-café, ce n'était pas tant pour avoir accès à un PC que pour s'aérer l'esprit. Certes les risques étaient plus grands. Suffisait qu'un Agent un peu physionomiste ne la remarque pour que s'ensuive une course-poursuite haletante. Et dans le monde réel, face à ce genre de situation, elle n'était pas mieux lotie qu'un simple humain. Au final, suffisait de courir plus vite et plus longtemps que le gars collé à vos basques, ce qui dans son cas n'était pas des plus simples.

Mais avec sa casquette et ses lunettes foncées sur le nez, ainsi que ses cheveux raides et noirs laissés libres pour lui encadrer le visage et masquer son profil, à moins que l'Agent ne soit planqué dans la WebCam de l'écran, difficile de la reconnaître. Le cyber-café donc...

Alex' appréciait de genre d'endroit, les endroits blindés de gens complètement absorbés par leurs jeux ou leur recherches, qui ne trouvaient pas utiles de décrocher le regard de l'écran. Tant mieux pour elle. Elle ne supportait pas se sentir observée. Et en parlant d'observation, elle-même n'apprenait pas grand-chose des journaux qu'elle consultait. Quelques accidents que l'on mettait sur le compte d'une nouvelle attaque mutante, les journalistes appréciant broder un peu leurs articles de quelques spéculations et autre hypothèses. Certains devaient bien être vrais, c'était obligatoire, mais cela n'empêchait pas la jeune geekette de ressentir une haine profonde contre les humains qui ne voyaient les mutants comme de simples boucs émissaires destinés à camoufler leurs propres horreurs.

Forte de ce constat, et parce qu'il faisait plutôt beau dehors, elle ramassa son gobelet Starbuck, son sac et quitta le cyber-café pour rejoindre la rue. Une grande et profonde inspiration tout d'abord, avant de s'enfoncer dans la foule, le regard rivé sur ses propres pieds alors qu'elle luttait contre son malaise agoraphobique dans la foule. Vite... S'enfuir de là, aller vers un lieu moins fréquenté avant de rejoindre le QG et sa sphère protectrice, puis sa chambre si douillette, où elle pourrait enfin s'allonger sur son lit, poser la main sur le téléphone de la table de chevet et enfin laisser plonger son esprit dans les arcanes du net.

Quelqu'un, un homme d'affaire peut être, la bouscula d'un coup d'épaule. probablement involontaire, alors que l'on se marchait dessus. Autant dire que ce n'était pas pour aider la jeune femme à se sentir plus sereine, bien au contraire. La respiration haletante, elle ne supporta plus longtemps la présence de tout ce monde et s'engouffra dans la première boutique un peu moins fréquentée qu'elle trouva, une fleuristerie, puis referma derrière elle la porte vitrée dans le tintement de cloche qui marquait l'entrée des petits commerces; poussant un grand soupir. Ce stress était véritablement insupportable. Les yeux fermés, le dos contre la vitre, il lui fallait une dizaine de secondes pour retrouver une certaine contenance et un apaisement tout relatif.

Replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille gauche d'un geste naturel, elle leva les yeux et porta son attention vers une Phalaenopsis, le temps de pouvoir raisonner à nouveau calmement. Puis le calme véritablement revenu, elle se tourna vers la jeune fille qui semblait travailler ici, à en juger par sa tenue. Crinière blonde, yeux d'azur, une certaine naïveté émanant d'elle, d'autant plus que la plante devant elle semblait pousser à vue d'oeil. Son visage ne lui semblait pas inconnu, sans être familier. une impression de déjà-vu. Et vu le comportement de la plante, nul doute qu'il devait s'agir là d'une mutante recensée.

L'informaticienne "visitait" assez souvent les fichiers du recensement mutant du Gouvernement, et elle avait une bonne mémoire. Bie évidemment, elle n'avait en aucun cas retenu le nom de la jeune femme. Elle, elle s'intéressait surtout aux Collabos et autres mutants Confréristes malheureusement recensés, dont elle se faisait une joie de supprimer le Recensement, tout en sachant qu'une version papier était toujours conservée quelques part, sur laquelle elle n'avait aucune prise. Effacer toutes les traces était impossible, surtout que le Gouvernement connaissait son existence et ses capacités, alors il redoublait de prudence, mais Alex' ne manquait jamais une occasion de lui foutre des bâtons dans les roues.

Elle s'approcha avec prudence de la jeune femme, puis entama la conversation - enfin, si on peut appeler ça une conversation - par une mise en garde, sans autre forme de procès.

Tu devrais être plus prudente avec ton pouvoir. Les humains agissent souvent stupidement contre les mutants.

La pendule accrochée au mur au dessus de la porte d'entrée indiquait déjà 17h38, j'avais travaillée toute la journée étant donnée qu'on était en week end, samedi pour etre précise. J'avais réussi a réanimer quelques vingtaine de bouquets qui faisaient la tete par manque d'eau ou alors parce qu'elles avaient étaient beaucoup trop serrées avec leur voisines ou encore à cause de la chaleur accablante dans certaine partie du magasin. 17h45 s'affichait maintenant à la pendule et je m'occupais du dernier bouquet: un bouquet de rose de couleur bleue pale. Je le faisait grandir un peu plus, de quelques centimetre seulement quant une jeune femme d'une vingtaine d'années entra dans la boutique en soupirant. Elle agit étrangement : elle resta appuyée contre la vitre de l'entrée en fermant les yeux. Elle avat une respiration plutot rapide puis elle se calma. Elle replaça une mèche et me regarda alors, enfin, dévisagea plutot. J'étais habillée de mon tablier vert, tenue du magasin. Mon tablier était assez sale, il avait des traces de mes mains pleines de terre ainsi que du pollen de couleur de certaines plantes sur lesquelles je m'étais frotter par mégarde. Je m'essuya les mains une nouvelle fois sur le tablier - devenu quasiment noir à certain endroit – quand la jeune femme s'approcha d'elle. Je ne pu avoir le temps de lui dire quoique se soi, elle avait déjà parler. Ses paroles m'interrompient.


" Tu devrais être plus prudente avec ton pouvoir. Les humains agissent souvent stupidement contre les mutants. "

* Et merde ! J'aurais pu faire attention ... C'est vrai que je ne suis pas a l'institut ... *

Je baffouilla :

" ou ... oui Madame ... "

Je baissa la tete, honteuse.

" Excusez moi Madame, je ferais attention désormais... "

Mais qui était-elle ? Elle devait etre une mutante pour pouvoir dire ça sans faire de scandale. Mais une mutante de quel camp ? Est-ce une collabo ? Une de la confrérie ? Je ne faisais pas de différence, c'était trop compliquer pour moi et pour moi les deux étaient un danger pour moi, meme si j'étais recensée. Je continua mes excuses:

" Mais normalement je fais attention, dès qu'un client entre, je m'arret de suite... "

La question de son identité me brulait les levres et je ne pu me retenir pour la poser.

" Puis-je vous posez une question madame ? Qui etes-vous ? "

" ou ... oui Madame ... "
" Excusez moi Madame, je ferais attention désormais... "

"Madame ?" Non mais ce qu'il ne fallait pas entendre de nos jours... Comme si elle avait l'air d'avoir cinquante piges. Oui, les geeks sont eux aussi susceptibles à propos de leur âge, surtout Alex'. Aussi rectifia-t-elle le tir aussitôt, avant que le poids des années virtuelles - drôle de comparaison - ne la fasse s'effondrer de honte. Mais ce qui la mettait véritablement hors d'elle, bien que cela ne s'extériorisait véritablement que par un regard durci, bien dissimulé derrière ses lunettes, c'était de voir la gamine baisser la tête et s'excuser avec honte. non mais bon sang, entre les jeunes trou du cul de mutants arrogants et trop sûrs d'eux-mêmes et ceux qui se considéraient comme des erreurs de la nature, il n'y en avait pas un qui soit capable de trouver le juste milieu ?

A vrai dire, le juste milieu, Alex' l'avait dépassé, et depuis bien longtemps maintenant. Paradoxalement, son pouvoir avait ruiné sa vie, sans parler de celles de centaines d'autres inconnus, humains ou mutants ; mais au-delà de ça, elle y était devenue véritablement accroc. C'était une drogue en fait, un truc qui vous pourri l'existence, mais dont vous avez besoin.

C'est Mademoiselle, lâcha-t-elle d'un ton sec. Et relève la tête. Tu n'as pas à avoir honte d'être ce que tu es, continua-t-elle sans plus de tact.

" Mais normalement je fais attention, dès qu'un client entre, je m'arret de suite... "

Ce sont les faibles qui font attention. Pas extrémiste un brin la Alex'. Les forts, eux, assument.

Puis sans gêne aucune, la geekette pivota sur elle-même pour retourner la pancarte à l'entrée de la fleuristerie, affichant le "CLOSED" au nez des passants, avant de faire de nouveau volte-face.

" Puis-je vous posez une question madame ? Qui etes-vous ? "

Mademoiselle... Légère moue dépitée de l'informaticienne, avant qu'elle ne réponde à la question par la tangente dans un haussement d'épaule désintéressé. Je n'ai aucune envie qu'un fouille-merde de Collabo télépathe ne puisse avoir l'occasion de tirer cette information de ton esprit. Elle se mordit la lèvre inférieure en signe de regrets. Et j'en ai déjà trop dit. Il te suffira de m'appeler Jen', et inutile de m'en demander plus. Elle parla d'un ton doux, dans lequel perçait une pointe de déception. Ce n'en sera que mieux, pour notre sécurité à toutes les deux.

Si son esprit était presque imperméable aux télépathes, c'était quand même pas pour que l'on aille extirper des infos à son sujets dans celui d'une gamine. Et puis Alex' avait toujours un coup d'avance. Une fois revenue dans son havre de paix informatique, elle pourrait toujours retourner fouiner dans les registres du Gouvernement pour y dénicher l'identité de la jeune mutante.

Une fois sûre qu'on ne les dérangeraient pas, l'Américaine s'approcha de la jeune mutante et observa plus attentivement la plante qu'elle avait fait croître, visiblement curieuse. Tu sembles contrôler une des forces de la nature des plus puissantes. La puissance de pouvoir fendre le béton avec un simple brin d'herbe. C'est une image bien sûr, mais c'est vraiment... Intéressant. Tu m'offres une démonstration ?

" C'est Mademoiselle. "

lâcha la femme face à moi d'un ton sec.

" Et relève la tête. Tu n'as pas à avoir honte d'être ce que tu es. "

Continua-t-elle sans plus de tact.

" Mais normalement je fais attention, dès qu'un client entre, je m'arret de suite... "

La jeune femme se dirigea vers la porte et fit pivoter la pancarte pour fermer le magasi puis elle revenue à sa place. Je la regardais, intriguée de son identité:

" Puis-je vous posez une question madame ? Qui etes-vous ? "

" Mademoiselle... "

* éh merde j'avais oublié ! *

Elle fit une légère moue puis elle ne réponde en haussant les épaule.

" Je n'ai aucune envie qu'un fouille-merde de Collabo télépathe ne puisse avoir l'occasion de tirer cette information de ton esprit. "

* Elle n'est donc pas une Collabo, elle les déteste, ça se sent. *

Elle se mordit la lèvre inférieure et enchaîna:

" Et j'en ai déjà trop dit. Il te suffira de m'appeler Jen', et inutile de m'en demander plus. "

" Bien Mada... Mademoiselle jen'. "

Je fis un signe de tête en signe de compréhension. Jen' continua d'un ton plus doux mais on ressentait tout de même de la déception. Pourquoi ? Sûrement parce que je l'avais encore appeler " Madame " ...

"Ce n'en sera que mieux, pour notre sécurité à toutes les deux."

Ce n'était donc pas pour le " madame ". Un silence s'installa et je la dévisagea, me demandant quoi faire. Elle avait une casquette de base-ball sur sa tête qui laissait dépasser de long cheveux bruns et on ne pouvait voir ses yeux qui était dissimulés sous de grosses lunettes noires. Au fait, c'était se qui me frappa le plus. Pourquoi garder des lunettes et une casquette sur la tête dans un établissement ? Le reste de sa tenue n'avait rien de choquant. C'est ainsi que des tonnes de questions me venaient à l'esprit mais mes pensées furent interrompi par la voix de Jen':

" Tu sembles contrôler une des forces de la nature des plus puissantes. La puissance de pouvoir fendre le béton avec un simple brin d'herbe. C'est une image bien sûr, mais c'est vraiment... Intéressant. Tu m'offres une démonstration ? "

" Oui ... "

J'avais peur d'en dire de trop, je ne la connaissais pas et elle avait l'air de s'interresser à moi, ou alors à mon don. Je ne savais pas trop. Mais sans savoir pourquoi, je lui fit signe de me suivre dans l'arrière boutique. Arrivées là, je nettoya vite fait une chaise et l'invita a s'assoir. Je prit une plante qui avait rendu l'âme, complètement desséchée, qui s'éffritait dès qu'on l'éffleurait. Bref, une fleur morte.

Je la prit et la posa sur la table face a mon invité.

" Vous voyez cette plante, on pourrai croire qu'on ne peu plus rien faire d'elle sauf la mettre à la beine n'est-ce pas ? Pourtant elle va devenir aussi belle que celle dans la vitrine du magasin. "

Je marqua une pause.

" En fait, je peux vous offrir un thé ? Un café ? "

Alex' regardait la plante brune et desséchée avec curiosité, en écoutant la jeune fille. En effet, selon ses propres critères, elle aurait dit que la plante était bel et bien crevée et bonne à finir au composteur. Sauf que la fleuriste venait de lui affirmer le contraire. Elle allait donc pouvoir rendre la vie à cette plante ? Ca, c'était impressionnant. La geekette ôta ses lunettes de soleil pour les ranger dans leur étui, prisonnier de la sacoche qu'elle portait en bandoulière, qu'elle inversa avec ses lunettes de vue ; posant un regard émeraude et cerné de façon analytique sur la plante, puis la jeune fille.

"En fait, je peux vous offrir un thé ? Un café ? "

Spyware eut un léger sourire, bien loin de cet air glacial qu'elle affichait il y a encore peu. Après tout, la blonde était une mutante elle aussi, et si créer un mur émotionnel semblait être la plus sûre des solutions, tout construire autour d'un mensonge ne pouvait pas fonctionner. On ne gagnait pas la confiance des gens en leur mentant indéfiniment.

Café. Sa septième dose de caféine de la journée, et autant dire que cela ne l'aida pas forcément à être très patiente. elle voulait voir ce pouvoir à l'oeuvre. Elle voulait voir la fleuriste rendre la vie à cette plante. Peut être Julian sera-t-il intéressé par une personne de son genre. Elle lui en toucherai deux mots, voir si cela valait la peine d'exposer un recruteur ou non, après une recherche bien plus approfondie.

Quelques minutes plus tard, Spyware se trouvait avec une tasse de café brûlante dans les mains, tranquillement assise devant une plante morte à attendre la réaction de la jeune fille. Elle souleva la tasse pour souffler la surface odorante et amère de la boisson chaude, chassant quelques volutes vaporeux, avant d'en avaler une gorgée qui lui brûla la gorge.

Bien, fais-moi découvrir ton pouvoir, et je te ferai ensuite découvrir le mien, si tu le souhaites.

Spoiler:

Elle enleva ses lunettes laissant percer son regard émeuraude. Elle rangea ses lunettes dans un étui puis dans sa sacoche en bandouillère. Elle mit des lunettes de vue sur son nez et c'est à ce moment là que j'ai remarqué qu'elle avait des cernes bien prononcées. Je lui demanda si elle voulait un thé ou même un café. Elle a opté pour un café ( se que je comprenais vu son état ). Je disparu dans le bureau puis réapparu avec une tasse de café bouillant que je tendis a Jen'. Je retourna à la table, prête à réanimer l'anagallis aversis qui m'attendait.

" Bien, fais-moi découvrir ton pouvoir, et je te ferai ensuite découvrir le mien, si tu le souhaites. "

" Oui Mademoiselle Jen'. "

je posa un doigt délicatement sur la tige de la fleur et la fixa du regard, silencieuse. Quelques secondes suffirent pour que l'anagallis aversis tienne sur sa tige puis quelqu'unes en plus pour que ses couleurs reviennent. Un jolis bleu lumineux se peigna sur les pétales et un pourpre au coeur de ces pétales. Un vert pétant prit la place du marron/noir des tiges et feuilles de la fleur. La beauté de celle-ci n'était pas comparable avec les fleurs en magasin.

Voilà, en une minute j'avais refait vivre cette magnifique plante. Je regarda avec fierté la mutante qui était là, à regarder. Je lui sourit, et répondis à son invitation.

" Avec plaisir Mademoiselle. Quel est votre don à vous ? "

J'alla chercher un tabouret dans le bureau et m'assoir près de la mutante. Je restais silencieuse à la regarder. Elle puis mes pieds puis elle et de nouveau mes pieds. Je n'aimais pas ce silence qui s'était installé entre elles.

" Mademoiselle, je vais devoir fermer la boutique dans peu de temps, il est bientôt l'heure et n'étant pas la responsable du magasin, je n'ai pas le droit de rester plus tard que les horaires donnés ... Je suis désolée de vous presser ... "

Alex' regarda la scène de "résurrection" de la plante avec curiosité. Elle restait véritablement bouche bée de voir la plante reprendre ses couleurs petit à petit, un vert flambant, un bleu profond, un mauve chatoyant. La fleur semblait avoir juste été cueillie, comme de première fraîcheur.

C'est impressionnant, souffla-t-elle, éberluée.

Elle posa un doigt fin sur une des pétales. Non, ce n'était pas qu'une illusion d'optique. La texture était bien ferme. C'était bien vivant, bien loin de la plante desséchée une minute auparavant.

Son regard croisa celui de la jeune fille, qui affichait désormais une certaine fierté.

Tu peux être fière de ton pouvoir, il est vraiment magnifique, et vraiment puissant. C'est un plaisir de te voir à l'oeuvre, je ne suis pas déçue. Alex' eut un mince sourire en terminant son café. Bon dieu que ce café faisait du bien.

" Avec plaisir Mademoiselle. Quel est votre don à vous ? "

Ne bouge pas, ce ne sera pas long. Elle se leva de la chaise, puis parcourut l'arrière-boutique du regard, à la recherche de l'objet nécessaire à la manifestation de son pouvoir. Il ne lui fallu guère de temps pour dénicher le téléphone dans un coin. Elle en décrocha le combiné, puis revint s'asseoir, adressant un sourire confiant à la jeune demoiselle.

" Mademoiselle, je vais devoir fermer la boutique dans peu de temps, il est bientôt l'heure et n'étant pas la responsable du magasin, je n'ai pas le droit de rester plus tard que les horaires donnés ... Je suis désolée de vous presser ... "

Ne t'en fais pas, ce ne sera pas long, et c'est sans danger. Elle regarda le tabouret, puis eut une petite grimace.

Pose ta tête sur ton bras, sur le comptoir. Je ne voudrai pas que tu te blesses si jamais tu t'évanouis. Elle se garda bien de lui dire qu'elle allait obligatoirement perdre connaissance en plongeant avec elle dans le numérique. La faussement nommée Jen' se cala elle aussi contre le dossier de sa chaise, le combiné téléphonique dans la main gauche, la main de la jeune femme dans la droite. Elle ferma les yeux, serra le combiné, ouvrit son esprit à la connexion en activant la fontion ">backdoor:gravity" ; et les voilà parties.

Une brève sensation de flottement plus tard, revoilà les deux jeunes femmes immergées au beau milieu d'une pièce qui semblait être le salon d'un loft plongé au coeur de Manhattan. Un loft baigné d'une lumière verte, où chaque arrête de la pièce et des meubles n'était qu'une succession de symboles lumineux défilants sans aucun ordre logique. Sur les murs, il y avait comme une multitude de cadres, imbriqués les uns après les autres à l'intérieur desquels défilaient des lignes et des lignes de programme. ABEL, CDuce, BNF, VRML, Verilog, SystemC et bien d'autres langages encore, défilaient ou attendaient leurs instructions. Ces cadres n'étaient ni plus ni moins que des sortes d'écrans d'ordinateurs à partir desquelles Alex' pouvait explorer et influencer toute sortes de programmes.

La geekette, ou plus exactement son avatar, la projection imagée de son esprit dans ce monde se tourna vers la jeune fille, ou là encore son avatar, créé pour l'occasion. Elles apparaissaient ici comme si elles étaient dessinées selon le Cell-Shading, leur donnant une apparence tirée d'un film d'animation, dans lequel Alex' ne portait pas de lunette, n'avait pas de cernes sous les yeux et était vêtu d'une simple robe beige, ample à dos nu. Un vêtement qu'elle ne porterait probablement jamais dans le monde réel.

Elle adressa à la fleuriste avec un grand sourire qui se voulait rassurant. C'est que l'expérience était toujours extrêmement déroutante pour quelqu'un qui mettait les pieds ici pour la première fois. Elle s'approcha d'un cadre et fit défiler quelques lignes de codes, à la recherche d'une information ; puis se retourna vers la jeune fille, toujours un mince sourire sur les lèvres. Ses yeux verts semblaient luire en résonnance avec le milieu ambiant, de noir mat et de vert luisant.

Voici mon pouvoir, Mademoiselle Maëllys Ashley Stark. Sa voix résonnait d'une façon étrangement numérique, comme déformée.

Vous l'aurez compris, Alex' venait de consulter le fichier du recensement dont elle gardait un raccourci rapidement accessible dans cette version de sa réalité.

Je contrôle à volonté le monde numérique, aussi bien que tu contrôles la terre et les plantes.

Elle marqua une pause, espérant ne pas effrayer la jeune fille. Ce n'était pas son intention.

Comme tu l'auras deviné, nous sommes ici dans la réalité virtuelle, celle des jeux vidéos, des ordinateurs. Nous sommes actuellement plongées au coeur même du réseau Internet, au sein d'un fichier système. Il s'agit là du DEV.E.A. 1.0, le premier système que j'ai conçu lorsque j'avais à peu près ton âge, pour me permettre de naviguer de façon sécurisée au sein du réseau de données. C'est une sorte de point d'attache. La version la plus simple du programme, et paradoxalement la mieux protégée.

Alexis s'approcha de la Française, puis posa sa main droite sur son épaule. Mets-toi à l'aise Maël. D'une simple manipulation de son esprit, elle effaça le tablier vert de la fleuristerie pour le remplacer par une tenue bien plus décontractée. Voilà... C'est mieux.

Alex' fit volte-face et regarda les cadres avec leurs codes défilants, avec une nostalgie qui perça dans sa voix.

Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes ce monde et ce qui le compose. Sache simplement que c'est le Gouvernement qui me l'a façonné, à l'époque où il exploitait mon potentiel et mon pouvoir pour traquer et persécuter les mutants et les humains dérangeants, en échange de quoi, ma famille resterait en sécurité.

Le chantage... C'est là l'arme qu'utilise le Gouvernement contre nous, et nos semblables Collaborateurs. Elle se retourna, affichant un triste sourire. Mais ce ne sont pas là des choses que l'on apprend à l'Institut Frost, n'est-ce pas ?

Je ne vais rien te cacher, Je m'appelle Alexis Eleonora Devlin, et j'appartiens à la Confrérie. Je protège les mutants et leurs libertés. Nos méthodes sont en effet souvent violentes et expéditives, mais c'est une guerre que nous livrons. une guerre pour la liberté. On nous traite d'extrémistes, peut être bien. Mais nous ne sommes pas les "méchants", et ils ne sont pas les "gentils". Tout comme tu peux le voir dans ces lignes de code, les équations sont bien plus complexes que cela. Il y a des bons et des mauvais dans chaque camp, mutants, ou humains, Confréristes, Collaborateurs ou Neutres.

Alex' croisa ses mains dans son dos en continuant. Ici, elle n'avait pas peur. Ici, elle était une déesse, elle était toute-puissante, intouchable.

A partir d'ici, je peux contrôler l'économie mondiale, les communications, les réseaux de ressources énergétiques. Et mon pouvoir est encore bien peu destructeur par rapport à ceux de certains de mes Confrères. Si nous étions si extrémistes, le monde ne serait plus qu'une ruine à l'heure qu'il est, et les humains à l'agonie. Le Gouvernement protège ses intérêts, nous protégeons les nôtres. La preuve : le Gouvernement a créé ce monde virtuel pour me permettre de l'aider à servir ses seuls intérêts : espionnage et sabotage industriel, propagande, piratage de comptes en banque. Le printemps Islamique en 2011 par exemple, tu te souviens ? Le Gouvernement ne souhaite pas la mort des mutants, il veut juste les avoir sous son contrôle, afin d'assurer son propre pouvoir. A ses yeux, nous ne sommes que des armes, qu'il faut détruire à défaut de posséder.

La geekette baissa la tête. J'ai ici pu créer le langage DEVLIN, le langage informatique le plus abouti, capable de briser n'importe quel cryptage, de soutirer n'importe quelle information à n'importe quel autre système de donnée, de percer le plus abouti des protocoles de sécurité. Ce pouvoir m'a coûté toute ma famille, et je le déteste. Mais la terreur qu'il inspire protège bien d'autres familles. C'est aujourd'hui tout ce qui compte, Maël. Tout ce qui compte, conclut-elle en chuchotant.

Alex' s'approcha de la jeune fleuriste et lui attrapa la main. DEV.E.A. 1.0 est la seule version de mon monde supporté par un esprit non initié tel que le tien, ce n'est plus le monde dans lequel j'ai l'habitude de naviguer. Nouvelle pause, silence lourd. Il est temps de rentrer Maëllys.

Nouveau flottement, puis la jeune Alex' rouvrit les yeux, découvrant face à la jeune fleuriste qui reprenait ses esprits. Elle réhaussa ses lunettes de vue sur son nez puis la regarda, inquiète.

Ca va aller Maël ?

" Ne bouge pas, ce ne sera pas long. "

Jen' se leva et regarda tout autour d'elle, comme à la recherche de quelque chose, d'un objet sûrement, c'était même sûr. La réponse à était donné rapidemment, c'était un téléphone qu'elle cherchait, donc un objet. Pourtant, elle revint s'assoir qu'avec le combiné... Etrange.

" Mademoiselle, je vais devoir fermer la boutique dans peu de temps, il est bientôt l'heure et n'étant pas la responsable du magasin, je n'ai pas le droit de rester plus tard que les horaires donnés ... Je suis désolée de vous presser ... "

" Ne t'en fais pas, ce ne sera pas long, et c'est sans danger. "

Elle me regarda puis fit une grimace. Qu'est-ce que j'avais fait ?

" Pose ta tête sur ton bras, sur le comptoir. Je ne voudrai pas que tu te blesses si jamais tu t'évanouis. "

Je m'exécuta sans demander mon reste et Jen' me prit la main. J'eûs un mal de crâne qui dura quelques secondes puis je me retrouva dans une salle plus que spéciale et étrange. On pourrait dire que c'était un appartement, du moins les meubles de la pièce me firent croire ça, mais les lumières vertes qui couraient sur ces meubles en question et tout le reste me laissaient bouche bée. Les murs, eux, étaient recouverts de sorte de cadres, mais pas de cadres photos comme ça devrait être mais ça ressemblait grandement à des miroirs ou des choses de ce type là. En tout cas, il y avait une ressemblance entre les murs, le plafonds, les meubles : des lignes de chiffres verts flottaient, se déplaçaient et me donnaient mal au crâne ! Même moi qui aimait bien les mathématiques, tous ces chiffres me prennaient la tête, je n'y comprenait rien. Je faisais le tour de moi-même pour tout regarder, émerveillée mais quelque apeurée. Rien ne semblait réel et ...

* Oh ! Mais ... Mais qu'est-ce que ... *

Je restais sans voix et n'arrivais même pas à aligner deux pensées. Jen' était comme les personnages dans les dessins animés. La jeune femme à dû percevoir mon mal être et me sourit pour me rassurer. Je la regardais, perplexe. Elle s'approcha d'un cadre et fit dérouler quelques lignes du bout des doigts. C'était vraiment étrange. Je n'osais plus bouger. Elle reporta son attention sur moi, toujours sourire aux lèvres. Ses yeux étaient de la même couleur que les lignes qui flottaient autour de nous.

" Voici mon pouvoir, Mademoiselle Maëllys Ashley Stark. "

Comment elle connaissait mon nom en entier ? Je ne lui avait jamais dit... C'était de plus en plus étrange et comprennais de moins en moins. Sa voix résonnait d'une façon étrangement numérique, un peu comme un robot.

" Je contrôle à volonté le monde numérique, aussi bien que tu contrôles la terre et les plantes. "

Jen' commença ses explications. Je l'écoutais attentivement.

" Comme tu l'auras deviné, nous sommes ici dans la réalité virtuelle, celle des jeux vidéos, des ordinateurs. Nous sommes actuellement plongées au coeur même du réseau Internet, au sein d'un fichier système. Il s'agit là du DEV.E.A. 1.0, le premier système que j'ai conçu lorsque j'avais à peu près ton âge, pour me permettre de naviguer de façon sécurisée au sein du réseau de données. C'est une sorte de point d'attache. La version la plus simple du programme, et paradoxalement la mieux protégée. "

J'étais maintenant seulement émerveillée, la peur qui m'envahissait quelque temps avant avait disparu comme par magie. Je ne comprenais pas tout mais je gobais toutes ses paroles, ne la quittant pas des yeux, comme pour mieux comprendre. Elle s'approcha de nouveau de moi, mit sa main sur mon épaule et me dit une chose que je pensais juste ... Impossible à faire.

" Mets-toi à l'aise Maël. "

* Et comment ? *

" Voilà... C'est mieux. "

Comme par enchantement, elle avait répondu à cette question, mais je ne savais comment. Je me regarda: mon tablier avait disparu et mes affaires n'avaient plus de terre partout. Mon corps et mes affaires étaient tout comme Jen', comme dans un dessin animé. Jen' se retourna et reporta son attention sur un cadre face à elle. Elle continua:

" Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes ce monde et ce qui le compose. "

* Lit-elle dans mon esprit ? Comment le sait-elle ? *

Ma question était débile, ça paraissait logique que je ne comprenne rien ...

" Sache simplement que c'est le Gouvernement qui me l'a façonné, à l'époque où il exploitait mon potentiel et mon pouvoir pour traquer et persécuter les mutants et les humains dérangeants, en échange de quoi, ma famille resterait en sécurité.

Le chantage... C'est là l'arme qu'utilise le Gouvernement contre nous, et nos semblables Collaborateurs. "

* C'est donc une Collabo... *

La panique revint en moi. Qu'allait-elle faire de moi ? Elle se mit face à moi.

" Mais ce ne sont pas là des choses que l'on apprend à l'Institut Frost, n'est-ce pas ? "

Elle connaissait tout de moi ? Mais comment ?

" Je ne vais rien te cacher, Je m'appelle Alexis Eleonora Devlin, et j'appartiens à la Confrérie. "

* Quoi ? Mais qui est-elle alors ? Jen' ou Alexis Eleonora ? Et elle fait partie de quel groupe ? *

Que devais-je croire maintenant ? Elle continua.

" Je protège les mutants et leurs libertés. Nos méthodes sont en effet souvent violentes et expéditives, mais c'est une guerre que nous livrons. une guerre pour la liberté. On nous traite d'extrémistes, peut être bien. Mais nous ne sommes pas les "méchants", et ils ne sont pas les "gentils". Tout comme tu peux le voir dans ces lignes de code, les équations sont bien plus complexes que cela. Il y a des bons et des mauvais dans chaque camp, mutants, ou humains, Confréristes, Collaborateurs ou Neutres. "

Et voilà maintenant elle essayais de m'embrouiller avec ses chiffres qui volent de partout ! J'étais vraiment perdue ... Jen' ( Alias Alexis ou inversement, je ne savais plus ) croisa ses mains dans son dos et continuait.

" A partir d'ici, je peux contrôler l'économie mondiale, les communications, les réseaux de ressources énergétiques. Et mon pouvoir est encore bien peu destructeur par rapport à ceux de certains de mes Confrères. Si nous étions si extrémistes, le monde ne serait plus qu'une ruine à l'heure qu'il est, et les humains à l'agonie. Le Gouvernement protège ses intérêts, nous protégeons les nôtres. La preuve : le Gouvernement a créé ce monde virtuel pour me permettre de l'aider à servir ses seuls intérêts : espionnage et sabotage industriel, propagande, piratage de comptes en banque. Le printemps Islamique en 2011 par exemple, tu te souviens ? Le Gouvernement ne souhaite pas la mort des mutants, il veut juste les avoir sous son contrôle, afin d'assurer son propre pouvoir. A ses yeux, nous ne sommes que des armes, qu'il faut détruire à défaut de posséder.  "

J'entendais se qu'elle me disais mais je ne comprenais strictement rien. J'essaya de reprendre le dessus de mes sentiments. J'étais absorbée par ses paroles.

" J'ai ici pu créer le langage DEVLIN, le langage informatique le plus abouti, capable de briser n'importe quel cryptage, de soutirer n'importe quelle information à n'importe quel autre système de donnée, de percer le plus abouti des protocoles de sécurité. Ce pouvoir m'a coûté toute ma famille, et je le déteste. Mais la terreur qu'il inspire protège bien d'autres familles. C'est aujourd'hui tout ce qui compte, Maël. Tout ce qui compte. "

Elle parlait de plus en plus doucement, comme si elle ne voulait pas pas qu'on ne l'entende. Je sursauta légèrement quand elle me prit la main.

"  DEV.E.A. 1.0 est la seule version de mon monde supporté par un esprit non initié tel que le tien, ce n'est plus le monde dans lequel j'ai l'habitude de naviguer. "

Elle mit une pause et reprit.

" Il est temps de rentrer Maëllys. "

Nouvelle migraine de quelques secondes. Les secondes était vraiment longue ... J'ouvris les yeux, j'avais l'impression que ma tête allait exploser. Cette migraine n'allait pas durer quelques secondes cette fois-ci.

" Ça va aller Maël ? "

J'étais trop faible pour faire quoique ce soi ... j'attrapa ma tête entre mes mains et répondit que non. Je gémissais de douleur, la lumière était trop forte pour moi et ...

" Excusez moi ! "

Je couru dans les toilettes des salariés.

* Et voilà, en plus j'ai la nausée ... Mais ... Qui est-elle ? Que dois-je faire ? *

Je resta là un moment, tête dans la cuvette à évacuer tout ce que j'avais pu manger durant la journée. Je me sentais vraiment mal ... J'entendais des bruits de pas dans l'arrière boutique. Que faisait-elle ? Je pris du papier WC pour m'assuyer la bouche, bu un peu au robinet et sortie enfin, me tenant au mur pour ne pas tomber. Mes mots dépassèrent mes pensées.

" Qui êtes-vous ? Que me voulez vous ? Pourquoi êtes vous là ? Et comment me connaissez-vous ?? "

Alex' regarda la jeune femme revenir dans la réalité, la vraie. Et autant dire qu'elle n'avait pas bonne mine. Rien d'étonnant, elle-même avait mis du temps à s'habituer aux transferts, mais finalement, son corps et son esprit avaient bien fini par se formater à cette particularité. En voyant Maël grimacer, puis en l'entendant gémir de douleur, cela lui rappela ses propres migraines, et les nausées n'allaient sûrement pas tarder.

Ce qui se confirma quand elle aperçut la fleuriste se lever en ponctuant son mouvement d'un "excusez-moi". Ca, c'était le contenu de son estomac qui venait de frapper à la porte d'entrée alors que Gaïa courait vers les toilettes.

La geekette rajusta ses lunettes de vue sur son nez et suivit la jeune femme, s'appuyant contre le mur près de la porte, grimaçant de compassion en entendant Maëllys rendre son déjeuner dans la cuvette. Peut être avait-elle un peu exagérée en sous-entendant que c'était sans danger. Les effets secondaires étaient toujours aussi violents après une transition réel/virtuel, mais bon, la jeune femme n'en connaitrait sûrement jamais d'autre. C'était plus ou moins un lendemain de cuite sans l'euphorie de la veille...

Une minute s'écoula, peut être deux, et Spyware commençait à vraiment s'inquiéter. Y avait-elle été trop fort ? Pour une première ? Non, probablement pas. Elle avait entraîné la jeune femme dans le lieu le plus sûr de son monde, que ce serait-il passé si elle avait directement faite plonger avec elle dans les véritables arcanes du monde numérique ? Elle aurait sûrement perdu la boule, et encore, si son esprit n'était pas tombé sur un programme malveillant, et Alex' savait qu'il en traînait un bon paquet de ses saloperies agressives. Elle en avait assez fait les frais avant de développer le DEVLIN.

Mais finalement, la blondinette finit par ressortir des toilettes, sacrément mal en point, et sacrément en colère. Être brusquement dépaysé avait souvent cet effet-là, un violent rejet de l'esprit accompagné d'agressivité.

"Qui êtes-vous ? Que me voulez vous ? Pourquoi êtes vous là ? Et comment me connaissez-vous ??"

Et face à ce genre de situation, il valait mieux remettre les points sur les i dans l'immédiat, ne pas laisser le temps au fossé de se creuser de lui-même. L'incompréhension menait à la peur, la peur à la méfiance, la méfiance au rejet, et le rejet menait inexorablement à la violence. C'était bien là le principe même de la Confrérie non ?

Alors la geekette empoigna la jeune fille par les épaules et la secoua un bon coup, plongeant son regard émeraude dans l'azur de son interlocutrice, avec aplomb et assurance. Maëllys exigeait des réponses à des questions, avait besoin de se réaccrocher à la réalité, et quel meilleur moyen qu'un contact physique ? Sans aller jusqu'à la claque dans la gueule pour cela... Cette méthode, c'était en cas de dernier recours seulement.

Maël ! Calme-toi ! ordonna-t-elle d'un ton dur. Oui, la brunette savait aussi s'affirmer quand la situation l'exigeait. Mais cela ne fut que le temps de capter l'attention de la jeune femme, de bien lui faire voir son visage, avec lunettes, cernes, teint mat et grain de peau, bien loin du Cell-Shading ; tout ce qui pouvait rappeler à son esprit qu'ici, c'était avant tout le monde réel. La virtualité était bien loin.

Je m'appelle Alex' d'accord ? Alexis. Pas Jen', Alexis. Ca allait bien lui rentrer dans le crâne. Je ne te veux aucun mal. Ses traits s'adoucirent et un mince sourire rassurant se dessina sur ses lèvres. Je ne te veux aucun mal et je ne sais pas vraiment comment je suis arrivée-là. Là, le ton était un peu moins dur, plus sincère, plus triste aussi. Alex' enlaça la jeune femme, se voulant protectrice.

Tu n'as rien à craindre d'accord ? Je ne te veux aucun mal, vraiment. Le ton s'était approché de celui de la confidence, la voix à peine plus élevée qu'un murmure. Ce que je sais de toi, ce n'est rien d'autre que ce qu'en sait le Gouvernement. J'ai piraté ses fichiers, c'est tout... Calme-toi Maël... Montrer aux gens que vous pouviez violer leur intimité, pénétrer leur passer et le leur balancer en travers de la tronche, c'était quand même pas le meilleur moyen d'entamer une relation. Mais bon, à montrer ses pouvoirs, on s'attendait forcément à des répercussions.

La hackeuse resserra légèrement son étreinte autour de la fleuriste. Ca va aller... Ca va aller...

Spoiler:

Alors Alexis m'empoigna par les épaules pour me secouer comme un prunier et me regarda dans les yeux, d'un regard qui se voulait rassurant.

" Maël ! Calme-toi ! "

Me dit-elle durement tout me secouant, me fixant dans les yeux en insistant pour bien me faire comprendre de me calmer.

" Je m'appelle Alex' d'accord ? Alexis. Pas Jen', Alexis. Je ne te veux aucun mal."

" D'accord ... A ... Alexis ... "

J'avais peur désormais, mais elle parlait plus doucement, puis me sourit.

" Je ne te veux aucun mal et je ne sais pas vraiment comment je suis arrivée-là."

Je ne savais que dire, que penser ... J'étais sous le choc de ses révélations, j'étais perdue. Que devais-je penser d'ailleurs ? Elle me prit alors contre elle pour me rassurer et murmurait à présent.

" Ce que je sais de toi, ce n'est rien d'autre que ce qu'en sait le Gouvernement. J'ai piraté ses fichiers, c'est tout... Calme-toi Maël... "

Ca se devait être rassurant ? Pour moi ça ne l'était pas. Alex' à du s'en rendre compte car elle resserra ses bras autour de moi tout en répétant que ça allait ... Je me força à la croire. Un silence s'installa. Un lourd silence ... Les lourds silences qui disent que tous étaient perdus dans ses pensées ...

Je releva la tête pour la regarder dans les yeux.

" Qu'est-ce qu'on doit faire maintenant ? Où dois-je aller ? Faire ? ... "

Je me détacha d'elle, prit les clefs sur le petit meuble à côté de moi et avança vers la sortie.

" Il est l'heure ... Alors qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que NOUS devons faire ... ? "

Le silence qui s'était installé, au coeur de cette étreinte, était véritablement lourd, pesant, insupportable même. Alex' se demanda à quel moment elle devrait tâcher de faire l'effort de prendre la parole pour casser cette oppression silencieuse. Elle n'en avait aucune idée à vrai dire. Autant elle avait essayé de trouver quelques mots, qu'elle tentait de faire sonner raisonnablement justes, autant les relations humaines n'étaient véritablement pas son fort.

" Qu'est-ce qu'on doit faire maintenant ? Où dois-je aller ? Faire ? ... "

Spyware n'en savait rien. Son regard vert se plongea dans celui de la jeune étudiante. Elle semblait si perdue, si naïve. Dix-neuf ans. Probablement encore trop jeune, bien qu'Alex ne pouvait guère se vanter de n'avoir que quelques années de plus, Elle n'avait pas eu les mêmes histoires, les mêmes embrouilles. Maël était une élève de l'Institut, qui malgré la surveillance du Gouvernement, jouissait d'une certaine préservation. Après tout, la Confrérie donnait bien assez de fil à retordre aux autorités pour que celles-ci n'aillent pas se mettre à dos la communauté de mutants plus modérés. Mais le contact se rompit bien avant que la brunette ne puisse trouver de réponse à cela.

"Il est l'heure ... Alors qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que NOUS devons faire ... ?"

Comment la geekette pouvait-elle bien le savoir ? Ce genre de situations n'étaient véritablement pas courantes pour elle. La fleuriste posait là un ultimatum. Il était temps de fermer boutique. Alors la réponse la frappa, tellement simple et efficace.

"Il nous faut continuer Ashley, tout simplement." Alex' plongea la main dans son sac, pour en tirer son étui à lunette, et à nouveau échanger ses lunettes de vue contre les solaires, histoire de passer incognito dans la rue. "Aller de l'avant. Retourne à l'Institut Frost, suis les cours avec assiduité, maitrise ton pouvoir et endurci-toi."

L'informaticienne ouvrit la porte de la boutique, prenant une grande inspiration pour se calmer avant de replonger dans la foule qui lui paraissait si hostile. "Il est fort probable qu'un jour, nous soyons ennemies. Je ne le souhaite pas, mais ce monde et ses évènements ne sont pas soumis à mes règles." Le ton était triste, tristement fataliste en fait. Mais la guerre était ouverte ; et la guerre ne faisait pas dans les sentiments.

"Adieu Maël." Et Spyware quitta la fleuristerie, happée par la foule, mal à l'aise. Il lui fallait disparaître maintenant, à nouveau. elle espérait simplement que la jeune fille saurait tenir sa langue à propos de sa rencontre. Alex' jetterait malgré tout un oeil aux caméras de surveillance de la circulation, et tâcherait d'effacer les bandes qui auraient pu filmer sa présence, sa tenue, et ainsi la suivre. En fait, elle effacerait dès son arrivée au QG tous les enregistrements des caméras de ce jour, depuis son départ du Starbuck jusqu'à son arrivée au QG. Autant taper large.

"Il est l'heure ... Alors qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que NOUS devons faire ... ? "

"Il nous faut continuer Ashley, tout simplement."

Alexis mit sa main dans son sac, changer ses lunettes, sûrement pour passer incognito dans la rue. Mais pourquoi ? Ca ne le savait pas.

"Aller de l'avant. Retourne à l'Institut Frost, suis les cours avec assiduité, maitrise ton pouvoir et endurci-toi."

" Oui ça je sais, mais ... On ne peut rien faire pour ... "

Elle n'avait pas du m'entendre car elle ouvrit la porte de la boutique, respira un grand coup et sortie.

"Il est fort probable qu'un jour, nous soyons ennemies. Je ne le souhaite pas, mais ce monde et ses évènements ne sont pas soumis à mes règles."

Elle avait l'air déçue ... Vide ...

"Adieu Maël."

Et elle disparu dans la foule de la rue. Je resta perplexe, pourquoi avait-elle respirer ainsi ? Ca m'intrigua et je décida donc de la suivre. Une femme si forte avait-elle peur ? Était-elle agoraphobe ? J'en savais rien mais je pensais que c'était préférable de la suivre. Et j'ai bien fait, au bout d'un petit temps, je la vis faiblir, se tenir contre un mur, vaciller puis plus rien, je l'avais perdu de vue. Où était-elle ? Je me mis a courir jusqu'à l'endroit où je la vis plus. Elle était assise par terre, les gens la regardaient bizarrement et je m'accroupi près d'elle.

" Alexis ? Alexis ... Qu'est-ce qui se passe ? "

Je lui pris la main doucement et ouvris le haut de sa veste. Je la regardais dans les yeux, du moins, dans ses lunettes noires.

" Respire doucement ... calme toi. "

C'était la première fois que je la tutoyais...

Et voilà, de nouveau plongée dans la foule, Alexis perdait tous ses moyens. L'angoisse revenait à grands pas. Des grands pas semblables à de grands coup de bottes balancés dans son estomac. Chacun de ses pas au travers le foule ne faisait qu'augmenter son malaise. Spyware croisa les bras autour de sa taille, comme pour se protéger des regards des autres, qui n'étaient pas véritablement portés sur elle, à vrai dire, tout le monde s'en foutait un peu de son prochain dans la Grosse Pomme, mais cela ne l'empêchait pas de se les imaginer, perçants, inquisiteurs. Et cela la rendait véritablement malade.

Tout ce monde autour d'elle était insupportable. Le regard baissé sur ses propres pieds, elle tâchait de trouver le meilleur chemin au travers des costards et tailleurs qui arpentaient les rues de Manhattan. Elle fredonnait un air en hochant légèrement la tête, nerveusement. Elle avait beau se dire que cela la calmerait, elle n'y parvenait, ne s'en convaincait pas. Il lui était véritablement impossible de se faire à l'idée d'être plongée au coeur d'une foule immense et mouvante, dans laquelle un individu dangereux pouvait se cacher, et surgir à tout moment pour lui faire du mal. Oui, c'était là de la paranoïa, pure et dure, prenant ses racines au coeur de sa phobie et de son manque d'assurance. Ce n'était véritablement plus la jeune femme qui voulait paraître forte dans la fleuristerie. Un petit groupe de personnes, elle pouvait gérer, aisément, et même participer à la discussion sans aucun problème. mais là, ce n'était rien, ou du moins, ce n'était pas du relationnel. C'était juste une masse, égoïste, fermée et oppressante

Mais à trop regarder ses pieds, ce qui était prévisible arriva. On la bouscula, manquant de la faire trébucher d'ailleurs, et le "fait gaffe connasse !" en guise d'excuse ne l'aida pas, mais pas du tout, à surmonter son agoraphobie. C'était là la goutte qui venait de faire déborder le vase de ses angoissees. Un contact, rude, agressif, qui lui coupa le souffle, non pas sous la violence du choc, elle en avait vu d'autres, mais sous la violation de son espace vital. Et sa phobie finit par se manifestement, physiquement. L'air lui manquait, elle avait besoin d'air, d'espace, de calme et de solitude. Le QG n'était qu'à quelques rues de là, et pourtant, il lui semblait comme une destination inatteignable, trop lointaine. Elle s'arrêta pour prendre appui contre la vitrine d'un vendeur d'électroménager, dont le mur d'écran de téléviseur diffusait en différents format et contrastes de couleurs les informations continues de CNN. Les mains palquées contre la vitre de verre, elle essayait vainement de reprendre son souffle de se calmer, de penser à autre chose. Penser à son monde, et ses amis hacker qui devaient attendre son retour, à sa place-forte numérique constituée de lignes de codes et d'algorythmes.. Mais rien n'y faisait, son esprit ne décrochait pas de sa crise de panique qui lui coupa les jambes. Elle se tourna et plaqua le dos contre la vitrine, avant de sse laisser glisser pour se retrouver assise à même le pavage de la rue, cherchant sous souffle. Une bonne crise de spasmophilie comme elle en faisait parfois, en très haute situation de stress.

Ses bras enserrèrent ses jambes qu'elle avait ramené contre sa poitrine, le front posé sur les genoux. Voilà, un petit monde fermé, bien qu'elle sentait le regard des autres peser sur elle, encore et toujours, et cette fois, c'était bien réel. Elle n'osait pas relever la tête, terrifiée par la foule. Une présence vint se poster à ses côtés, elle la sentit, près d'elle, avant qu'on ne lui parle.

" Alexis ? Alexis ... Qu'est-ce qui se passe ? "

La voix de la jeune fille lui parut très distante, comme étoufée, si bien qu'elle ne reconnu pas la jeune Maëllys, et se dégagea violemment dans un mouvement de recul dès lors qu'elle sentit qu'on lui prit la main, doucement certes, mais c'était pour elle un geste beaucoup trop invasif. Elle explosa littéralement de colère, la colère de la peur.

"Ne me touchez pas !!" cria-t-elle d'une voix aigüe, qui était empli de panique. Derrière elle, les écrans de télévisions se couvrirent de parasites l'espace d'une demie-seconde, avant que l'image du canal d'information ne revienne. Les fortes crises de panique ou de colère influençant son pouvoir et le laisser s'exprimer d'une manière totalement incontrôlée, avec une puissance si accrue que l'électronique à portée faisait les frais de quelques défaillances passagères. Le visage pâle, bien plus pâle qu'à l'accoutumée, elle regarda celle qui avait tenté de lui saisir la main et la fixait du regard. Qu'elle ne fut pas sa surprise de reconnaître la fleuriste. Au moins un visage connu, qui l'aida à retrouver très légèrement son calme.

"Maël ?" souffla-t-elle, étonnée de retrouver-là la fleuriste. La jeune femme ouvrit le haut de sa veste, et elle la laissa faire, espérant retrouver un rythme respiratoire autre qu'haletant.

" Respire doucement ... calme toi. "

Spyware hocha la tête, difficilement, essayant de se résoudre à suivre les conseils de l'étudiante. Elle n'y parvenait cependant que difficilement, les jambes des nombreux passants devant ses yeux ne faisant que confirmer la présence de la foule tant redoutée. Alex' ferma donc les yeux, et se concentra uniquement sur sa propre respiration, lentement, très lentement. De longues minutes passèrent ainsi, entre le murmure de la foule et le vrombissement des automobiles. Mais c'était quoi ce monde infernal qui l'entourait ?

Légèrement plus apaisée, elle agrippa la main de Maëllys, sans se rendre compte que la trouille lui faisait écraser les doigts de la jeune fille. Alex' la regarda, craintive, nécessitant un besoin d'être rassurée, la mine presque suppliante.

"Aide-moi Maël... Aide-moi à rentrer chez moi... S'il te plaît."

"Ne me touchez pas !!"

Je retira ma main, de toute façon, elle m'avait violemment repoussée mais je la comprenais. Elle faisait une crise d'angoisse... je la laissa se calmer un peu. Son visage était encore plus blanc que d'habitude, mais je mit ça sur le compte de l'angoisse causée par la tonne de passants dans la rue qui nous regardait bizarrement. Non bien sûr personne ne venait nous aider ! Personne ! Elle était en boule, dans " un autre monde " pour se calmer, et ça avait l'air de marcher. Elle releva la tête, me fixa dans les yeux mais la peur se fit voir et rien d'autre que la peur accompagnée par son amie la panique.

"Maël ?"

" Oui, c'est moi calme toi Alexis calme toi. "

J'ouvris sa veste et elle se laissait faire. Tant mieux, je n'aurai pas a lutter comme ça.

" Respire doucement ... calme toi. "

Elle hocha la tête puis croisa le mouvement de jambes des passants. Ça se voyait dans son regard, elle suivait les jambes et ça c'était mauvais. Je me plaça pile face à elle pour qu'elle en voit moins mais elle avait déjà fermer les yeux. Elle devait se concentrer sur sa respiration car elle se calmait. Oh très peu mais c'était déjà ça. J'étais juste fière de ses efforts.

* J'ai bien fait de la suivre ... Que serait-elle devenue sinon ? Elle serai rester là ? Seule ? *

Quelques minutes passèrent ainsi, je souriais en entendant sa respiration s'apaiser doucement. Elle m'aggripa la main et pas doucement. Je pris sur moi pour ne pas faire de tête bizarre ou même pousser un cris de douleur. Je la comprenais. Elle me regarda de nouveau, l'air suppliante, perdue, craintive même. Ça m'étonnais tout de même, une femme qui avait l'air si forte ...

"Aide-moi Maël... Aide-moi à rentrer chez moi... S'il te plaît."

" Oui, je suis là Alex' et tu t'en sors très bien. "

Je marqua une pause, perdue à mon tour. Où habite-t-elle ?

* Je ne peux pas aller chez les Collabo ... Je ne veux pas d'ennuie moi... Mais je ne vais pas la laisser seule ... Pas ici ... *

" Je vais t'aider a rentrer chez toi ... Guide moi et je t'aiderai... "

je lui parlais doucement, calmement , essayant encore et toujours de la rassurer. Je lui pris les deux mains pour l'aider à se relever et la laisser me guider dans les rues en lui parlant, toujours doucement.

" Je veux que tu te focalise sur ma voix, que tu ne regardes que moi d'accord ? Je suis là pour t'aider Alexis je ne te veux aucun mal. Fais moi confiance ... "

Oui, je répétais ce qu'elle m'avait répéter quelques temps avant. J'étais dos à la foule mais ça ne me dérangeais pas, moi et la foule, on ne faisait qu'un, j'avais l'habitude puis comme ça, je pouvais rester face à la pauvre jeune fille. Elle tremblait légèrement... Ça me faisait de la peine de la voir dans cet état là ...

" Je vais t'aider a rentrer chez toi ... Guide moi et je t'aiderai... "

L'agoraphobe tremblante de peur et rongée par le malaise secoua légèrement la tête en signe d'approbation et de remerciement, ne quittant pas du regard la jeune femme. Cette dernière s'était postée juste en face d'elle, lui masquant ainsi la vue sur les multiples paires de guibolles effrayantes qui lui passaient devant le nez. Elle lui attrapa la seconde main, relâchant son étreinte un poil trop serrée, avant de pousser sur ses jambes pour se relever. Si la situation ne lui paraissait pas si tendue, elle aurait peut être adressé un mince sourire à Maëllys, en guise de reconnaissance pour son effort, et sa gentillesse ; mais non, pas maintenant. Plus tard peut être, quand l'angoisse se sera dissipée et qu'Alex' parviendra à articuler une phrase intelligible.

" Je veux que tu te focalise sur ma voix, que tu ne regardes que moi d'accord ? Je suis là pour t'aider Alexis je ne te veux aucun mal. Fais moi confiance ... "

Et la lente progression commença, au travers de la foule, où plus exactement le long des murs et des vitrines. Inutile de plonger au coeur de sa phobie non plus. Et Spyware de suivre les conseils de la jeune fleuriste. Se concentrer sur sa voix, uniquement sa voix, tâcher d'ignorer au mieux le brouhaha ambiant pour ne pas se retaper une crise de panique en plein Manhattan. Il ne valait mieux pas trop attirer l'attention lorsque l'on se trouvait à seulement quelques rues des bâtiments Gouvernementaux de la lutte anti-mutant ; et d'ailleurs de l'Institut Frost par la même occasion. Enfin, question discrétion, elle pourrait repasser un autre jour la technopathe.

"Attends," ordonna-t-elle maladroitement en s'arrêtant devant une annexe de la HSBC. Devlin s'approcha du distributeur automatique de billets, puis passa son bras gauche autour du cou de celle qui l'avait tiré des griffes de ses angoisses, calant le bras droit de la jeune fille contre sa propre taille. "Va falloir que tu me supportes un peu plus", prévint-elle avec sérieux. Puis un demi-sourire naquit sur ses lèvres. "Ne t'en fais pas, je pèse pas bien lourd," ajouta-t-elle en essayant de faire un peu d'humour. C'était pas finaud, mais elle ne voulait pas non plus se fracasser le crâne sur le trottoir. manquerait plus qu'on l'embarque pour les urgences et qu'on relève son identité et son numéro de sécu'. Autant appeler les Collabo' de suite, on économiserait le gasoil de l'ambulance et le temps des médecins. Elle prit une grande inspiration, puis posa sa main droite sur le DAB, avant de perdre physiquement connaissance pour s'enfoncer dans les entrailles de la machine. L'évanouissement ne dura qu'une poignées de secondes avant que la hackeuse ne réouvre les yeux et ne reprenne ses esprits. Elle libéra la jeune Maël' de sa charge et attrapa les billets qui venaient de sortir, allégeant les poches de l'Oncle Sam de quelques centaines de dollars, et apaisant au passage l'esprit d'Alex'. Une petite virée, même éphémère dans le virtuel avant tendance à la requinquer, rappelant à son orgueil qu'au final, elle était bien assez puissante pour se sortir de cette galère.

"La ruelle, à droite," indiqua-t-elle à la jeune fille, en désigna la ruelle étroite qui traçait son chemin entre les deux building avoisinants, donnant sur les escaliers de secours en métal. Ce n'était pas le chemin à suivre, c'était juste un espace libre de tout passage et de toute fréquentation. Il ne lui fallut alors que quelques minutes pour reprendre sa contenance et sa respiration initiale, retrouver son aplomb naturel. De ses doigts fins, elle compta les billets verts, avant d'en tendre une bonne liasse à la gamine, quelque chose comme cinq-cents dollars. Devlin, une fois la panique retombée, venait de se rendre compte qu'elle était en train d'entraîner Maëllys vers son "chez-soi", le QG de la Confrérie, une info qui devait rester inconnue du plus grand nombre, et seulement des Confréristes. Elle avait failli commettre la plus grosse connerie de sa vie. Il fallait que les deux jeunes femmes se séparent. Si jamais on venait à la reconnaître dans la rue, elle ne souhaitait pas attirer d'ennuis à la petite samaritaine.

"Prends-ça, en guise de remerciement pour ton aide." Elle regarda autour d'elle, ses yeux vert-bleu scrutant les alentours avec méfiance. "Il ne faut pas que l'on te voit avec moi, tu pourrais avoir des problèmes." Essayait-elle de se racheter une excuse ? Probablement. "Prends un taxi Ashley, et regagne l'Institut Frost." Elle adressa un nouveau sourire à la jeune fille, complice et bienveillant. "Tu es une jeune fille très empathique, et je dirai même naïve Maël. Sois prudente, et fais comme si tu ne m'avais jamais rencontré. Promet-le moi."

Alexis avait l'air de se calmer un peu, et me fixait de son regard vert. On avançait d'un pas de moins en moins lent ce qui prouvait que la jeune femme allait mieux. Au bout d'un moment, alors que la façade du mur était persque finie, Alex' m'arrêta net, assez sèchement faut dire, mais je n'y prêta pas attention:

"Attends."

Elle s'arrêta et se dirigea à un distributeur de billets puis passa un bras autour de mon cou ainsi que mon propre bras autour de sa taille pour que je puisse la soutenir.

"Va falloir que tu me supportes un peu plus."

" Ce n'est pas grave, t'en fais pas. "

Je répondis à son humour par un humour de même souche. Je souris pour la rassurer et elle me sourit en retour.

"Ne t'en fais pas, je pèse pas bien lourd."

" Je le sais bien, tu n'es pas bien grosse, comment pourrais-tu être lourde ? "

Je rigola doucement mais je crois bien qu'elle n'avait pas entendu. J'avais senti un poids sur mes épaules une petite poignée de secondes et comprit qu'Alex' était entrée dans la machine. Je n'avais à peine eut le temps de le comprendre qu'elle m'avait déjà lâchée et tout était fini. Elle prit les billets que la machine à sous avait recrachée.

"La ruelle, à droite."

m'indiqua-t-elle en me la désignant. La ruelle était entre deux gigantesques buldings où des escaliers de secours tendaient leurs bras à cette minuscule rue. On s'y arrêta. Il n'y avait personne et on entendait quasimment plus rien, ça coupait tous les sons de la ville. Alex' était enfin entièrement calme, elle respirait beaucoup mieux. Elle s'appuya contre un mur et compta ses billets puis elle m'en tendit une liasse. J'était choquée de ce geste, surtout que je ne m'y attendais pas du tout.

"Prends-ça, en guise de remerciement pour ton aide."

Je mit l'argent dans ma poche avant de mon petit sac puis le mit en bandoulière sur mon épaule. Alex' avait l'air d'être nerveuse et regardait autour d'elle.

"Il ne faut pas que l'on te voit avec moi, tu pourrais avoir des problèmes."

" Ne t'inquiète pas pour ... "

Elle ne m'écouta pas et continua:

"Prends un taxi Ashley, et regagne l'Institut Frost."

Puis elle me regarda avec un sourire reconfortant et complice.

"Tu es une jeune fille très empathique, et je dirai même naïve Maël. Sois prudente, et fais comme si tu ne m'avais jamais rencontré. Promet-le moi."

Je le savais que j'étais naïve mais je savais aussi tenir ma langue !

" Oui ... Je sais ... Je te le promet, je ne dirais rien. "

Je me retourna et arrêta un taxi.

" Bonjour, l'institut Frost s'il vous plaît. "

je regardais par la fenêtre, la ville défilait à vive allure.