Le temps passe, les souvenirs et la douleur restent >Ava<

Sentant le vent fouetter son visage tandis qu’il venait ébouriffer sa longue chevelure noire, Hellina ouvrit les yeux. Il faisait beau et chaud. Un temps magnifique comme elle le disait souvent dans de pareilles conditions. La jeune femme baissa les yeux pour admirer le paysage dans lequel elle se trouvait. A ce moment précis, elle se tenait sur les marches d’un escalier menant à un immense édifice public. Ce dernier s’élevait si haut dans les airs qu’elle dû basculer totalement la tête en arrière. De couleur grisâtre, seuls les drapeaux américains semblaient lui donner vie, et surtout le rajeunir car effectivement de par ses pierres, le bâtiment semblait très ancien pour ne pas dire plus d'une centaine d’années probablement. Il y avait également un autre édifice similaire au premier qui s’étendait le long des arbres, à quelques mètres de là. Ils se trouvaient aux pieds d’une cour assez importance qu’on aurait pu la qualifier de parc. Cette dernière était bordée de bancs, d'arbres ainsi que de tables de camping.
Hellina jugea l’environnement étrangement familier bien qu’elle ne sut mettre un nom sur celui-ci.
Des bavardages lui parvinrent jusqu’aux oreilles ce qui attirèrent par ailleurs son attention. En effet un groupe de jeune gens, légèrement plus jeunes qu’elle, papotaient entre eux. En ce concentrant un peu plus, elle comprit qu’ils étaient en train de débattre sur un sujet qui les animait pas mal.

- Tu seras pas trop mal ici !!

Lui dit une femme dont la voix lui rappelait celle de sa sœur. La petite brunette tourna la tête et retint un cri d’horreur lorsqu’elle y découvrit Kensi. A la fois surprise, inquiète, intriguée et surtout très heureuse elle se jeta dans ses bras.

- J’ai l’impression de rêver !!! Tout est bien réel ?!

La questionna-t-elle alors qu’elle serrait sa sœur dans ses bras, aussi fort qu’elle le pouvait.

- Oui, Pheonix t’offre une nouvelle vie, et tu pourras officiellement faire ton entrée dans cette fac dès lundi matin !!

Hellina se figea sur place. Elle eut l’impression de se prendre une décharge en plein cœur. Elle saisissait pourquoi tout lui avait semblé si familier. Elle jeta un regard horrifié à sa sœur et la saisit par la main afin de partir vite d’ici. Mais ses jambes ne lui en obéirent pas. Elles avancèrent, certes mais non comme souhaité. Elle ouvrit alors la bouche pour lui dire de fuir et vite, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Soudain, sans qu’elle n’eut le temps de les voir arriver, le groupe d’étudiants se jetaient sur elle. Les cris de Kensi lui déchirent les tympans. Hellina se débattait mais en vain. Un garçon au dessus d’elle, pointa un couteau dans sa direction et l’éleva haut dans les airs. Elle voulu le supplier mais elle savait que cela ne servirait à rien. Elle connaissait la scène, elle l’avait déjà vécu. Son don allait se manifester pour la sauver de ces sauvages. Malheureusement, la petite brunette vit la lame fendre les airs et la seconde d’après, elle sentit sa poitrine se déchirer.

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La jeune Canadienne se réveilla en sursaut. En sueur, elle porta une main à sa poitrine qui la faisait souffrir. Pourquoi rêvait-elle encore de ce qui s’était passé en Arizona ? Elle s’était engagée dans une guerre sans merci entre ses souvenirs et la douleur qui ne cessaient de la torturer. Elle se laissa retomber lourdement sur le lit et tenta de reprendre une respiration normale. Qu’avait-elle fait pour mériter pareil châtiment ? Et leurs parents, que faisaient-ils ? Helly ne peut s’empêcher de se questionner à leur sujet. Les cherchaient-ils ? Les considéraient-ils comme bannies des Evans et mortes ? Savaient-ils que leur première fille avait été assassinée ? Une soudaine envie de pleurer et de crier la prit subitement. Non elle ne devait pas céder à ses émotions et oui elle devait se montrer forte. Pourtant, elle ne pût s’empêcher de se serrer les dents pour ne pas craquer. Elle battit des cils un peu plus vite, lorsqu’elle sentait ses yeux picoter et sans nul besoin de se regarder dans le miroir elle savait qu’ils étaient en train de prendre une vilaine couleur orangée. Dans un élan aussi brusque soit-il, la jeune Canadienne s’était précipitée sous la douche.

Deux heures plus tard, là voilà sur la célèbre place de New-York, Time Square. Perdue au milieu des nombreux touristes venus découvrir chacun des quartiers qu’offrait cette immense ville ainsi que les citoyens serpentant dans les rues dont beaucoup se rendaient sur leur lieu de travail. Quant à la belle brune, elle ne faisait partie d’aucune catégorie de ces individus. En effet, une heure plutôt elle avait envoyé un message à Ava afin de l’inviter prendre un café ensemble. Si Hellina avait d’ores et déjà repris son expression habituelle, elle restait encore bouleverser par son rêve, ce dont elle prit soin de cacher aux yeux de tous. Elle ignorait pour quelles raisons elle l’avait appelée, mais sans doute car son invitée était la seule qui réussirait à calmer cette douleur incessante. De plus, bien qu’elle ignorait une fois de plus la signification de son rêve, elle avait besoin de savoir si sa meilleure amie et plus se portait bien. Question qui la rongeait de l’intérieur et l’obsédait à chaque minute qui s’écoulait, rendant l’attente des plus horribles qui soient.

Il y a divers avantages à être journaliste. Un des premiers qui me vient à l’esprit est que vous pouvez vous absenter ou arriver en retard sans qu’on retrouve quelque chose à y dire. On pensera toujours que vous avez vu ou eu vent d’un truc intéressant que vous deviez vérifier. L’inconvénient majeur du métier est que niveau horaire fixe, vous pouvez oublier. Peu importe l’heure, l’information n’attend pas ! Ceci dit cela explique peut-être pourquoi on est si flexible avec les horaires des bons journalistes. Et autre avantage mais cela lié à ma mutation, c’est que quand mon rédacteur en chef hausse la voix pour un retard ou autre je n’ai qu’à lui tapoter la main pour qu’il se calme et devienne compréhensif. Encore que j’évite d’utiliser mes dons pour moi-même et trop souvent au risque de paraitre suspect. Mais on dit aussi qu’à mon sourire personne ne résiste. Bref j’aime mon métier, et pas uniquement parce qu’il m’est utile, et pas que pour sa flexibilité horaire. J’apprécie vraiment ce que je fais et j’éprouve toujours une petite fierté à voir mon nom au bas d’un article dans un journal. J’aime ce que je fais, et ma vie me convient même si elle n’est pas parfaite. C’est après tout celle que j’ai choisi de mener quand j’ai quitté ma petite ville pour New York. Ici je sais me perdre et passer inaperçue dans la foule dense. Plus que dans la ville où je suis née. L’anonymat que m’offre les rues de cette citée est un bien précieux qui me permet de conserver ma liberté.

Aujourd’hui, je n’ai pas prévu d’arriver super tôt au bureau. À vrai j’enchaine les journées de 14 heures voir plus depuis une grosse semaine, et j’ai opté pour l’allégement maintenant que l’article est bouclé et préparé. Je me suis donc permise de me lever vers 7h30 et j’ai pris mon temps pour avaler un vrai petit déjeuner maison. C’est à ma seconde tasse de café du matin, que mon téléphone portable à vibrer. Après un soupire de lassitude, je me demande bien ce qu’il y a d’urgent, j’ai finis mon déjeuner. Ensuite seulement, après une grosse demi-heure, j’avoue, j’ai regardé le message texte. Et surprise c’est Hellina qui m’invite à prendre un café du côté de Times Square… C’est étrange que mon amie pense à moi si tôt, j’espère qu’elle va bien. Finalement ce serait plus vers 10h30 – 11H que je débarquerais au journal. Je vais d’abord faire un petit détour quitte à finir tard ce soir. J’enfile mes ballerines et empoigne veste et sac et je sors de chez moi. Direction Times Square en métro.

Hellina est mon amie depuis quelque temps déjà. J’ai rencontré la demoiselle, par hasard. En fait c’est elle qui était venue à moi. Et comme beaucoup de gens qui ont un passé lourd ou vivant des choses compliquées, elle est devenue accroc à moi ou plutôt à mes dons. J’apaise mon amie par ma présence et parfois je vais jusqu’à frôler sa main pour lui influer un sentiment de paix ou de joie. Je sais qu’elle appartient à al Confrérie. Je ne la juge pas. Chacun fait ses choix en fonction de son passé et de ce que la vie nous donne ou impose. J’ai eu une famille aimante et j’ai toujours eu droit à la compréhension des miens et leur amour. Mais je sais que tous les Mutants n’ont pas eu ma chance. Aussi, j’imagine que la jeune femme doit avoir ses raisons de choisir les extrémistes qui veulent la mort des Humains. Tout comme je comprends ceux qui désirent la paix et protège l’Humanité. Et aussi ceux qui comme moi refuse d’être reconnu, et promène leur idéaux à leur manière. J’appartiens plutôt à cette catégorie-là, avec ma volonté de devenir assez puissante pour plonger le monde dans un bien-être, une tolérance et une tendresse continue. C’est beau l’utopie. Mes pensées reviennent vers Hellina. Tout comme Jaelyn, je ressens toujours fortement les sentiments négatifs qui la hantent. Je comprends qu’être en ma présence l’aide et lui plait, c’est peut-être un bon exutoire et un moment de paix. Mais je sais aussi qu’Hellina m’apprécie et me voit comme une maie. Sinon, elle m’aurait déjà dénoncée. Tout comme Jaelyn pourrait le faire. Mais ni l’une ni l’autre ne m’ont trahie, et je doute qu’elles le feront un jour. Enfin, je me demande comment va mon amie et ce qui a bien pu se passer pour qu’elle me donne un rendez-vous si matinal.

Je débouche sur Times square et me dirige vers le café où Hellina m’a fixé rendez-vous. Je suis légèrement en retard, j’en ai conscience. Mais bon, je n’aurais pu arriver plus vite d’une certaine manière. Je repère de loin la jolie brune, assisse en terrasse, et qui observe attentivement les passants. D’où je suis, je peux lire son stress et son appréhension. C’est vrai que je n’ai pas répondu et qu’elle doit se demander où je suis. Je ressens les émotions de la foule de touristes autour de moi. Un melting-pot compact qui m’accompagnent partout et que je sais gérer. Je me dirige à grands pas, enfin aussi grand que mon tailleur jupe me le permet, et je plaque un sourire lumineux et amical sur mes lèvres rodées. Arrivée à son hauteur je tire la chaise en face d’elle et me laisse tomber dessus, glissant mon sac sous mon siège.

« Bonjour, Helli’. Comment vas-tu? » Je demande avec un sourire avant d’ajouter : « Désolée d’être en retard… »

Je fais signe au serveur, qui m’apporte rapidement un café et auquel je souris lentement. Mes yeux reviennent sur Hellina. Son angoisse est palpable pour moi, et m’envahit lentement. Je plisse le nez et grimace légèrement. Tristesse. Stress. Peur. Douleur. Angoisse… C’est tout ça que je ressens en sa présence. Mais je la vois se détendre un peu, sous l’effet de la sérénité qui m’entoure.

« Quelque chose ne va pas ? » Je demande doucement après quelques minutes de silence.