Dans le quartier du Bronx se trouve un grand cimetière. Le cimetière de Woodlawn. Ici, à Woodlawn, il fait froid. En fait, on dit souvent que dans les cimetières il fait froid. Et c'est bien vrai. Mais le froid d'un cimetière est plus qu'une simple sensation sur la peau. Plus qu'un simple ressenti physique. C'est un froid qui vous glace le corps, et qui vous traverse entièrement jusqu'a se rendre compte que ce qui s'étend devant vous et sous vos pieds représente plusieurs milliers de vie, achevés trop tôt pour la plupart. Quel mort pourrait dire qu'il à bien vécu et qu'il ne voulait plus rien d'autre ? Trop peu malheureusement. Un simple morceau de pierre peut pourtant être si évocateur, si concilliant. Parler à cette pierre est plus que parler à un simple materiau ou à quelqu'un. C'est libérer sa conscience et son ésprit, c'est accepter que quelque part, où que se soit, la personne à qui vous parlez vous entend et vous pardonne de ne pas encore l'avoir rejoind. Certaine personne laisse pesé sur elle le fardeau de ne jamais se confesser et de ne jamais donner de nouvelles à ses proches, fussent-ils disparu.
Il faisait nuit dans le cimetière de Woodlawn. Une ombre traversait silencieusement le cimetière, empruntant l'allée centrale. La montre à son poignet indiquait 23h27. Elle changea alors plusieurs fois de direction jusqu'a arriver à une petite pierre tombale, sûrement l'une des plus petite du cimetière.
L'homme découvrit alors sa capuche. Il etait grand, noir, habillé légèrement mais ne ressentait pas le froid. Il portait un regard mélé de tristesse et de joie sur cette pierre tombale de taille vraiment ridicule. Il s'agenouilla alors et y déposa un petit bouquet de fleurs, des tulipes. Frank se releva et prit une profonde inspiration; comme si il se préparait à faire un saut dans le vide.
- Bonsoir Maman. Ca fait un petit moment que je ne suis pas venu te voir. Pourtant en ce moment j'ai beaucoup de temps libre. Je travaille très peu tu sais depuis que j'ai quitté mon travail. Mais grâce à mes placements et à mes quelques consultations je survis très bien.
Frank jeta un oeil vers le ciel et les milliards d'étoiles qui le parsemait. Une larme coula sur sa joue. Il détestait faire ça, mais il savait que sa mère l'aurait toujours voulu. Il reprit avec la voix enlisé :
- La nuit est belle ce soir tu ne trouve pas ? Je trouve la vue d'ici vraiment magnifique. Ah tu sais, si Papa était là, je l'entendrait dire : "Frank Junior Hawels ! Tu es un homme ! Si tu parle comme ça à une femme c'est pour la charmer ! Pas à ta mère !" Mais après il m'aurait sourit en rigolant et en disant qu'on était pas une famille de machos ni rien de ce genre.
Frank sourit en pensant à la tête qu'aurait tiré Frank Hawels si il voyait son fils pleurer à la quarantaine. Il ne s'imaginait que des têtes bizarres. En fait, malgré son pouvoir et tout ce qu'il lui permettait, il avait l'impression de perdre le souvenir de ses parents, qui peu à peu s'éffaçait dans sa mémoire. Plusieurs larmes coulèrent alors.
- Tu sais Maman, vous me manquez tout les deux. Je n'ai pas vraiment quelqu'un sur qui compter. Pas de frère, ni de soeur. Pas plus de cousins. Plus de famille... Même si je suis assez responsable et intelligent pour vivre seul, ça n'est pas agréable pour autant. Papa avait toujours de quoi me redonner le sourire...
Le médecin s'éffondra alors à genoux devant la tombe et se mit à pleurer, la réspiration saccadée.Il détestait vraiment faire ça. Parler à sa mère et à son père. Mais quelque, chaque fois qu'il le faisait, il éspérait qu'ils l'entende, pour les rassurer, et pour l'apaiser.
Et la à genoux, devant cette tombe, il ne voulait rien. Rien, juste l'assurance que ses parents avait belle et bien reçu son message. Dans un souffle, entre deux pleurs, il dit alors :
- Papa, Maman, je vous aiment...
Le vent soufflait fort, et à cette instant, une autre ombre fit son apparition non loin de là...