"Plaisir partagé"
Las Vegas - Domicile des Brockwood - 9 Mai 1999 - 23h04Comme à son habitude, la fillette était allongée sur le parquet recouvert d'un tapis de laine de couleur beige, le menton reposant sur ses bras croisés, à observer ce qu'il se tramait dans le salon avec un regard azuré pétillant de curiosité entre les barreaux de la rambarde de bois verni. Sous ses yeux, son père attablé avec deux hommes à l'allure que l'on pouvait qualifier de louche. Jeans de marque, bottes, blousons de cuir, lunette Ray-Ban à tout heure du jour et de la nuit, clope roulée entre les doigts, cheveux coiffés vers l'arrière ; en bref, l'image stéréotypée du mafieux de basse catégorie. Et ça fume, ça picole, et ça parle affaire. Manifestement, la discussion tourne autour du prochain combat de boxe qui doit se tenir à l'Arena, et plus exactement sur les paris que l'évènement sportif suscite. Qui aura sa part ? A quel round le challenger va-t-il s'allonger ? Les magouilles habituelles en somme, dont la jeune Clara est extrêmement friande.
Mais cette fois-ci, quelque chose est différent dans l'atmosphère. une tension est palpable dans l'air, son père semble très nerveux. Il s'agite sur sa chaise, agitation qu'il tente de dissimuler en vain en tirant de grandes bouffées sur son cigare et en enchaînant les verres de scotch à une cadence plutôt inhabituelle. Elle n'entend pas toute la conversation depuis sa planque obscure, mais arrive à discerner les mots prononcés plus fortement que les autres, tels que "représailles", "Don", "mauvais payeur", "dédommagement", "famille", "Constantino". Et puis sans crier gare, le plus trapu des deux invités, qui semblent être désormais des intrus, sort une arme de poing de sous son blouson et le pointe vers son père ; alors que le second se lève, tirant à son tour un pistolet - dont Clara apprendra bien plus tard qu'il s'agissait d'un Glock-17 – et commence à grimper les marches menant à l'étage.
Réaction de surprise et de trouille de la petite qui se relève pour tenter de se carapater pour se soustraire à l'homme visiblement agressif, mais en vain. Celui-ci la remarque et accélère la cadence à sa poursuite.
Hey gamine ! Comme si elle allait l'écouter le bougre. Elle se précipite dans sa chambre, claque la porte et se glisse sous le lit, s'accrochant à son doudou – un coussin en forme d'as de pique – espérant que la cachette soit aussi infaillible qu'elle l'est pour les monstres qui habitent le placard la nuit. Il ne faut que quelques secondes pour que la porte s'ouvre sur une paire de botte dont
la silhouette se détache dans la pénombre, alors que des cris de panique se font entendre au rez-de-chaussée. Un bras robuste se glisse sous le sommier, agrippe le bras de la gamine qui sort les dents pour mordre l'avant-bras du poursuivant avec un certain appétit, arrachant à ce dernier un cri de douleur. C'est alors que, chose très étrange, la jeune fille ressentit une violente douleur de morsure lui brûler l'avant-bras gauche, à l'endroit exact où elle venait d'infliger sa morsure. Elle poussa un cri de douleur très aigu, avant de se sentir tirée hors de sa cachette, laissant tomber là le pauvre doudou, avant de se faire trimballer de force au rez-de-chaussée, devant ses parents tenus en respect par le canon d'un 9mm inamical.
Constantino n'apprécie pas qu'on tente de le doubler, Brockwood, continua le second d'un ton qui se voulait sec et empli de reproches.
Alors voici l'expression de ses sentiments distingués.L'orifice de l'arme du mordu vint se poser sur la tempe de la fillette, qui pleurait à chaudes larmes.
Non ! Atten... hurla le chef de famille d'un ton implorant. Mais pas le temps de finir que déjà un coup de feu retentit, prenant la vie de la mère Brockwood en même temps que son coeur éclatait sous l'impact du projectile.
Maman !!!Une violente et insoutenable douleur empoigna le coeur et les tripes de Clara, qui fut rapidement partagée avec son preneur d'otage.
MAMAN !!! hurla-t-elle dans un cri de douleur apeuré, mêlé d'une rage d'incompréhension. La jeune fille ne put sentir l'étreinte de son ravisseur se relâcher de son épaule, mais le cri de douleur qu'il poussa à son tour l'obligea à lâcher son arme pour que sa main puisse agripper son torse en se pliant de douleur.
Hey John ! Qu'est-ce qui t'arrive ?La fillette hurla à son tour, dans l'harmonie stridente des cris de douleur du dénommé John, en sentant son crâne comme prêt à éclater.
Black Out.
"Nous avons les moyens de vous faire parler"
Las Vegas – Sous-sol du Casino Venetian – 14 Août 2008 – 13h34Clara regardait l'homme assis et entravé sur la chaise par des cordes de nylon tressées, qui servaient habituellement à fermer les sacs de jetons. Il semblait en effet paniqué, bien au-delà de son air de mal de tronche inhérent au lendemain de cuite. Cet homme s'était fait attraper en flagrant délit de tricherie, mais ce n'était que le pion qui appliquait les ordres. Alors après s'être fait gentiment alpagué la veille, aux alentours de deux heures du matin, le service de sécurité l'avait mené ici, plutôt que le donner à la police qui n'avait pas en sa possession les moyens d'éclaircir l'affaire ; ou plutôt si, mais pas assez rapidement pour Don Constantino, qui était un homme aussi impatient qu'influent.
Constantino, le commanditaire du meurtre de sa mère neuf ans auparavant s'était vu contraint de s'offrir les services de la fille d'un petit propriétaire de casino qui s'était récemment fait une place au soleil par on ne savait trop quel moyen. Clara le savait. Les dons de télépathe de son père avaient considérablement aidés à l'affirmation de celui-ci dans le monde si dangereux des affaires. Les capacités de Clara Page Brockwood avaient réussi à faire le tour de la ville, dans les sphères peu légales. Mais la fin ne justifiait-elle pas les moyens ? Pour les hommes riches et puissants, toujours.
Alors la jeune femme s'était retrouvé là, moyennant une somme non négligeable de dividendes, avec pour mission de faire cracher le morceau à cet individu. La plupart des gens qui connaissaient ses capacités évitaient de l'approcher à moins de deux mètres, par précaution. Seulement l'homme auquel elle faisait face n'était qu'un homo sapiens, touriste qui plus est, qui ne savait pas encore à qui et surtout à quoi il allait avoir à faire. Pour lui, la jeune femme qui lui faisait face n'était qu'un élément du décor chargé de sa surveillance. Grave erreur de jugement, mais le jugement souffrait très souvent de la tambourinade qu'exerçaient les artères contre les parois crâniennes au lendemain d'une soirée très arrosée.
Clara s'approcha donc du tricheur, dans un jeu de jambes félins et plutôt aguicheur – car elle s'éclatait littéralement de jouer de cet atout physique – puis vint poser sa main droite sur la joue gauche de l'entravé, caressant doucement celle-ci, comme elle pouvait le faire dans le cadre de son boulot, évitant pour l'instant de manifester son pouvoir.
Bonjour Mr Clarence. Bien dormi ? Demanda-t-elle d'un ton faussement intéressé. Celui-ci ne répondit que par une petite moue qui disait que non. On ne pouvait pas avoir le beurre et l'argent du beurre quand on était honnête. Mais bon, c'est bien parce qu'il avait tenté de jouer de malhonnêteté avec un poisson bien trop gros pour sa ligne qu'il se retrouvait là. Et il devait sûrement en prendre conscience maintenant, ou alors, cela n'allait guère tarder à venir.
Mon employeur – elle appuya bien le terme, après tout, rendre service à un homme puissant ne pouvait pas faire de mal, et des ascenseurs à se faire renvoyer était le meilleur moyen de se faire un nom –
n'apprécie pas qu'on tente de l'usurper. Même dans la ville du vice, la tricherie n'est pas tolérée. Alors dites-moi qui a monté le coup.Soupir de l'homme qui détourna le regard vers le pied de la chaise.
J'ai agi seul...Clara poussa un léger soupir dans une petite moue de contrariété surjouée.
Réponse prévisible, mais fausse, Mr Clarence.Du bout des doigts, elle lui balança une petite décharge électrique dans le cerveau, juste assez douloureuse pour le faire réagir, et surtout le faire paniquer. Le tricheur et menteur sursauta sur sa chaise.
Co...Comment vous avez fait ça ?C'est moi qui pose les questions. Et je veux un nom, répondit-elle du tac-au-tac en éludant la question.
Qui a monté le coup ?Puisque je vous dis que j'ai agi seul !Ca ne faisait pas une minute que l'interrogatoire avait commencé que Clara perdait déjà patience.
Bon. Et si je vous sciais un bras ? Aussitôt dit...
L'homme poussa un hurlement de douleur en sentant une horrible brûlure lui déchirer les chairs du poignet, ou du moins son cerveau le croyait-il. La jeune femme ne cessa l'utilisation de son pouvoir qu'au bout de quelques minutes. Déjà un début de migraine lui vrillait le crâne, comme après un bon coup de chaud attrapé sous le soleil du Nevada. Néanmoins, elle conserva une mine impassible, ne voulant pas afficher son trouble devant l'interrogé qui suait à grosses gouttes en se tortillant sur la chaise.
Mais puisque je vous dis que... - nouvelle décharge éphémère de douleur, plus intense encore –
AAAAHH !! MERDE ! J'AI...UN NOM ! Donnez-moi son nom ! ordonna Clara sèchement, avant de lui rebalancer une nouvelle dose de douleur au travers de la cervelle, augmentant encore l'intensité de la sensation.
Les hurlements s'accompagnèrent de larmes alors que le corps du tricheur se crispait et se tortillait tour-à-tour, cherchant à déchirer ses liens. La mutante sentit ses poils se dresser sur sa nuque, et sur le reste de sa peau d'ailleurs, dans un frisson accompagné de sueurs froides. Elle serra les dents en scrutant le visage déformé de souffrance de Mr Clarence d'un regard glacial.
Donnez-moi son nom !BURDY ! Finit-il par lâcher.
STEVE BURDY ! Et la jeune femme cessa aussitôt, satisfaite d'elle-même, et surtout contente de ne plus avoir à ressentir cette désagréable sensation de partage. Elle abandonna-là sa victime et alla frapper à la porte métallique de la petite pièce pour prévenir le gorille posté devant qu'elle en avait terminé. La porte s'ouvrit dans un grincement de gond mal graissé sur un colosse en costume trois-pièces.
C'était rapide, crut-il bon de commenter.
C'était intense... rétorqua-telle sans se démonter. Le gorille lui refila l'enveloppe en papier craft contenant le salaire.
Le lendemain, les journaux locaux titraient la découverte de trois corps de New-Yorkais exécutés d'une balle dans la tête dans un coin d'une ruelle sombre de Vegas, bien loin des lumières et de l'affluence du Strip.
"Bourreau des coeurs"
Las Vegas – Suite du Caesar Palace – 25 Janvier 2010 – 01h16La jeune femme s'écroula sur le matelas, haletante et le corps recouvert de sueur, avant que le riche homme d'affaire - un jeune trou du cul trentenaire de Wall Street plutôt canon - ne s'effondre à son tour à ses côtés, poussant un long soupir de satisfaction. Pour le prix qu'il avait payé, Clara se permit de l'enlacer tendrement et se blottit contre lui, comme une véritable amoureuse. Après tout, son boulot était de faire croire, et donner satisfaction aux exigences de ses clients, surtout quand ceux-ci possédaient des informations qui pouvait envoyer Don Constantino derrière les barreaux. Il était hors de question que le vieux mafieux s'en aille en paix sans avoir eu à répondre de ses actes – notamment du meurtre de sa mère – devant un tribunal. La jeune femme avait la rancune extrêmement tenace, et cela faisait maintenant des années qu'elle rendait service à Constantino, afin de gagner non pas sa confiance, mais au moins un minimum de considération, ce qui lui permettait désormais de "divertir" les relations du mafieux, et leur soutirer les informations qu'elle souhaitait.
Alors Spencer ? Qu'est-ce qui amène un homme comme toi à Vegas ? Le fun ? Le jeu ? Les filles dans mon genre ?Le golden-boy s'alluma une clope, sans même en proposer à son amante d'une soirée qui s'en serait bien grillée une aussi, avant de prendre la parole en secouant la tête.
Les affaires ma belle... Après une taffe nicotinique, il continua.
Je viens couvrir l'ouverture d'un nouveau magasin de mode, essentiellement des marques de luxe, pour le vieux Constantino.Regard faussement étonné de la jeune femme qui se tourna vers le jeune mâle, un peu naïf et un peu idiot. Faut dire que le cerveau d'un mec après le coup de minuit... Elle lui chipa la clope des lèvres et en tira une bouffée avant de la lui replacer entre les lèvres.
Nouveau magasin de luxe tu dis ? J'irai y faire un tour alors. Les affaires, tu sais ce que c'est...Le jeune homme se mit à ricaner.
"Touché", se dit la brune avec un sourire intérieur.
Je ne te le conseille pas. C'est qu'une couverture pour blanchir le pognon. La clientèle ne regarde pas le prix dans ce genre d'endroit. Simple, efficace, infaillible..."Sauf quand on ne sait pas tenir sa langue" , continua la brune dans ses pensées, encore plus réjouie.
Blanchir du pognon ? Ton exagérément naïf.
Ouaip... Les commerces de Constantino ne subviennent plus à ses besoins. Alors il se tourne vers un marché plus rentable, et surtout moins contrôlé. Le commerce de luxe est beaucoup plus difficile à encadrer, tellement il se révèle restrictif.Petite moue admirative simulée de l'escort-girl.
Sympa ton métier... Elle roula sur le côté pour se retrouver sur l'homme d'affaire, puis l'embrassement tendrement, plaquant sa main gauche sur son torse, sa main droite sur sa bouche, avant de froncer les sourcils avec colère, une colère froide, machiavélique. Elle souffla un simple merci à Spencer, avant de laisser se déchaîner toute la violence de son pouvoir au travers de ses mains, avec une intensité qu'elle n'avait jamais délivrée jusqu'à présent. Le corps du businessman se crispa sous la douleur, avant que celui-ci ne perde connaissance en moins d'une minute.
Elle quitta les draps moites d'ébats, puis se rhabilla rapidement avant de quitter la suite du Ceasar Palace, ses mains massant ses tempes douloureuses.
Plus d'une année plus tard s'ouvrait le procès d'Alfonso Constantino, inculpé pour meurtres, blanchiment d'argent, trafic d'influence, trafic d'armes, trafic de drogue, actes de barbarie et bien d'autres chefs d'inculpation. Dans son fauteuil, Clara s'amusait de lire les gros titres de cette édition du 15 Avril 2010.
Joyeux anniversaire Clara, se souhaita-t-elle en refermant le journal avec satisfaction.
"Morpion : Pour gagner, il ne faut pas jouer"
New-York – Aéroport John F. Kennedy – 28 Mars 2016 - 10h18La brune regardait les valises défiler sur le tapis à bagage, en quête de sa propre valoch'. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était attendre qu'une foutue machine décide de lui donner ce qu'elle souhaitait. Parce qu'avec les être humains, elle pouvait toujours précipiter la chose à grand renfort d'attaques cérébrales, autant face à une machine, elle se retrouvait impuissante. En attendant l'arrivée de ses bagages, elle fourra la main dans la poche de son jean et en tira le morceau de papier chiffonné et griffonné à la va-vite par un membre de la Confrérie du Nevada, portant le nom de celui qu'elle devait contacter une fois arrivée dans la grosse pomme. Drake Isaac Webster. Autant chercher une aiguille dans un très grosse botte de foin. Il y avait des millions de gens qui vivaient à New-York et la membres de la Confrérie étaient autant discrets qu'extrémistes. Ce n'était donc pas ici une mince affaire, mais au moins avait-elle une adresse où se rendre et débuter ses recherches. Une dizaine de minutes plus tard, la valise à roulette derrière elle, elle héla un des fameux taxi jaunes, puis donna l'adresse au conducteur.
New-York – Manhattan – 31 Mars 2016 – 15h30A nouveau, elle se retrouvait à poireauter devant un mug de café en attendant que ce Webster daigne bien se manifester. Son père l'avait informé que la cellule de New-York était dirigée par un certain Julian Webster, donc le Drake ne devait être qu'un sous-fifre. Ce n'était pas à proprement parlé ce qu'elle recherchait, elle-même ne visant que le sommet de la pyramide, d'autant plus que son daron l'avait gentiment tenue à l'écart de toute action d'affirmation de la Confrérie auprès du Gouvernement. Trop jeune, trop immature, trio impulsive avait-il trouvé comme excuse. Autant la traiter d'incapable directement, ce serait plus rapide et moins douloureux à attendre que de faire face à des mensonges. Malheureusement, son père avait su tirer parti de la chute de Constantino pour mettre la main sur une bonne partie de Vegas, la plus sombre bien évidemment. Les remords et les
regrets, ça ne faisait pas vraiment partie de son vocabulaire. Et la poignée de mutants qu'il avait réussi à persuader mettaient un point d'honneur à défendre la cause de la Confrérie. Après tout, les mutants étaient supérieurs aux humains, sur tous les points. Alors dans ce cas, pourquoi la considérait-il encore comme une gamine à protéger ; à protéger d'elle-même plus que des simples humains ? Ca, elle ne le savait pas, et c'est bien ce qui l'avait poussé à faire ses valises pour rejoindre la métropole de la côte Est. Plus proche du gouvernement, plus efficace, plus dangereux aussi.
Ici au moins pourrait-elle réussir à repartir à zéro, gagner sa place au sein de la Confrérie, quitte à écraser les frangins Webster pour y parvenir. Ce n'est certainement pas cela qui l'arrêterait, loin s'en fallait. Elle regarda sa montre D&G. Et en plus il était à la bourre... Ses doigts tapotèrent sur la table en signe d'impatience, triturant de temps à autre la tasse de café. A moins qu'il ne soit déjà là ? En train de l'épier. Les membres de la Confrérie étaient tellement paranos, même s'il y avait de quoi. D'ailleurs, n'était-ce pas de la parano là ?
Qui es-tu ? Alors ainsi le voilà, le cadet Webster. Elle le laissa s'installer, le dévisageant en plissant ses yeux azurs pour analyser ses gestes, ses postures, ses expressions, déceler ses tics peut être.
Ton pire cauchemar, répondit-elle simplement, avec un grand sourire empreint de fausse bêtise, et le ton baigné d'une légère pointe d'arrogance. Il lui semblait avoir suscité de l'impatience chez son interlocuteur au visage fermé. D'accord, il se donnait l'air d'être antipathique, d'ailleurs, il avait l'air antipathique le bougre, alors que c'est elle qui aurait dû faire la tronche. Après, elle était à l'heure au rendez-vous.
Un zéro pointé pour l’originalité, il va falloir trouver autre chose si tu veux nous impressioaAAarhHrg…Q’..Qu’est ce qu.."Voilà qui devrait te satisfaire pour l'originalité" , grommela-t-elle intérieurement, alors qu'elle laissait des vagues de douleurs se diffuser et se diluer dans le cerveau, puis le corps du Confrère. Sauf que celui-ci semblait tenir le choc. Elle le trouvait plutôt intriguant, et amusant aussi. Comme quand elle écoutait un bon son, elle décida d'augmenter un peu le "volume" histoire de voir jusqu'à quel point Drake serait capable de jouer les fiers et les coriaces. Elle pencha légèrement la tête sur le côté en observant les réactions du Webster. Il souriait, se marrait même.
"T'en veux encore ?" Elle accentua encore la violence de sa violence, soutenant son regard pour déceler le moment où son esprit se déciderait à lâcher prise, alors que déjà elle-même commençait à ressentir les effets indésirables de sa nature, un engourdissement des membres, un frisson bref mais glacial qui lui parcourt l'échine, un début de migraine.
Et Clara continuait de le dévisager, intriguée, dubitative, et même admirative de ses réactions. Comment pouvait-il se marrer de la sorte alors que la majorité des gens qui subissaient son pouvoir n'avaient pas franchement à coeur d'en rire ? Elle stoppa nette l'expression violente de sa violence, avant qu'elle-même ne se retrouve en position de faiblesse. Et voilà que le frère Webster, sans un mot mais avec un grand sourire, se lève et s'en va, comme si de rien n'était, devant les yeux ébahis de la brunette.
Hey ! Inutile, il est déjà sorti.
Il aurait pu payer la note... grommela-t-elle, avant de se lever à son tour pour régler la commande et tenter de le rattraper. mais une fois dans la rue, le mutant semblait s'être évaporé au milieu de la foule.
New-York - Salon du QG de la Confrérie - 18 Avril 2016 - 19h42Clara regardait par la grande fenêtre les lueurs du crépuscule s'étendre sur Central Parc depuis les hauteurs du gratte-ciel de la Confrérie, l'esprit en proie à de multiples questions. Dans sa main droite, froissée, une lettre de son père, qui mettait en garde la cellule New-Yorkaise contre la jeune femme. Comment pouvait-il encore trouver moyen de l'emmerder à 4000 kilomètres de distance ? Déjà qu'elle s'était vu refuser l'accès aux cellules du Nebraska, de la Californie, de l'Ohio et bien d'autres encore.
"Tu ne vas donc jamais me laisser ma chance ?" Rageusement, elle déchira la lettre en sentant des larmes rouler sur ses joues.
Qu’est ce qu’il y a ? T’a oubliée de prendre ta pilule ?Elle se retourna, essuyant les larmes d'un geste vif en dirigeant toute la colère qui l'habitait contre son formateur. Elle donne même forma à celle-ci sous une vague de douleur très brève, mais assez puissante pour faire bondir le coeur dans sa poitrine.
Je t'emmerde Drake ! répondit-elle sèchement, avec hargne. Elle fourra les fractions de lettre dans la poche de son jean, puis se vautra sur le canapé, le regard rivé sur ses bottines.
Fous-moi la paix... Et comme d'habitude, le jeune homme se voulait contrariant, puisqu'il n'en fit rien et s'installa à ses côtés.
Elle fit tout pour l'ignorer le plus longtemps possible, la mine renfrognée. Mais à force de sentir son regard sur elle avec insistance, elle comprenait qu'il ne la laisserait pas en paix tant qu'elle n'aurait rien dit. Pas possible d'être aussi emmerdant même en étant silencieux.
C'est mon père... finit-elle par admettre.
Monsieur Brockwood pique sa crise ? Et ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise, avant de croiser le regard du cadet.
C..Co…tu savais ? Il avait vraiment le don pour mettre le doigt où il ne fallait pas, peut être pour ça qu'elle l'aimait bien.
Pourquoi penses-tu que les autres ont refusé de t’accueillir ? Silence lourd de réflexions.
Tu ne pensais tout de même pas qu’un faux nom suffirait ?! Si tel est le cas tu es bien naïve !Arrête de te marrer ! s'exclama-t-elle avec véhémence. Elle détestait se faire doubler, encore plus quand le contrôle des choses lui échappait à ce point. Qu'une situation devienne hors de contrôle, c'était acceptable, frustrant mais acceptable. C'était les aléas dela vie. Mais que son propre passé lui soit hors de contrôle, là, c'était tout simplement inadmissible.
Alors pourquoi... Pourquoi avoir accepté ?Et là, bien évidemment, pas de réponse de Drake. C'était bien sa façon de procéder ça. Désinvolte au possible ; et ça avait le don de l'énerver outrageusement quand c'était d'elle qu'il s'agissait. Il se leva, quittant le canapé et la laissant seule avec ses réflexions.
"Si seulement j'étais plus puissante, je pourrai leur montrer. Leur montrer à tous !" se reprocha-t-elle. Sa main se posa à l'endroit où le jeune homme avait posé ses fesses un peu plus tôt.
"Et tu vas m'y aider Drake, que tu le veuilles ou non."New-York - QG de la Confrérie - 4 Mai 2016 - 22h22Vautrée de tout son long sur le canapé, elle regardait, la tête penchée vers l'arrière, son formateur assis dans le fauteuil voisin, BBC en bruit de fond, la table basse recouverte de boîtes de bouffe chinoise vidées avec appétit. Avec le temps et les entraînements, le côtoiement régulier avait fait se rapprocher les deux jeunes gens. Elle avait réussi à lui faire confiance, assez pour se dévoiler de temps à autre, au travers de disputes et autres petits coups bas qui pimentaient la relation. Autant dire que le mutant était devenu son point de repère et son point d'attache dans la grosse pomme, en plus de son tremplin vers le pouvoir.
Embrasse-moi Drake, lâcha-t-elle soudainement, brisant le silence. Il n'allait quand même pas lui dire non. Pour une fois, il pourrait bien faire une entorse à ses habitudes je-m'en-foutiste. Elle le dévisagea, encore. Ca semblait mal parti là-encore. Il se redressa et vint poser un baiser sur son front, ô combien délicat. Mais elle s'en cognait de la douceur avec laquelle on considérait son front. Y avait les cosmétiques pour ça. Décidemment, il raisonnait comme un extraterrestre.
Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ô grand manitou de l'anatomie, mes lèvres sont légèrement plus bas. Mais encore une fois, il se barrait en se marrant, la laissant à nouveau seule, et déçue d'être une fois de plus tenue en échec.
Tu m'appartiendras Drake ! J'y veillerai. Même toi ne peux pas fuir l'inéluctable... Autant parler à un mur, ce qui était d'ailleurs le cas puisqu'il était parti pour de bon. Son poing frappa dans le coussin, puis son attention se reporta sur l'écran plat où la chaîne d'informations en continue relatait les dernières mesures prises par le président McCallister dans la lutte anti-mutant.
Quand je serais au pouvoir, toi aussi t'en baveras, Monsieur le Président... commenta-t-elle de son ton de garce.